La conservation et l’exploitation durable des ressources sont au cœur des travaux de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins. Seule chaire de recherche en Amérique du Nord à se consacrer à ces enjeux majeurs pour la protection de la biodiversité marine, elle mène ses travaux tant au nord qu’au sud de l’équateur.

C’est à l’automne 2010 que cette chaire a commencé ses travaux à l’UQAR-ISMER. Dirigée par le professeur Jean-Claude Brêthes, elle a été lancée afin de répondre aux priorités de l’UNESCO et de la Commission océanographique intergouvernementale en matière de protection de la biodiversité et de l’environnement marin.

Au cours de ses premières années d’activités, la Chaire a orienté ses travaux sur la mise en place d’aires marines protégées (AMP) en Afrique de l’ouest et au Québec. « Une aire marine protégée est une zone géographiquement délimitée qui possède un statut de protection pour son milieu naturel et ses valeurs patrimoniales et culturelles. Elle a également un statut légal et les activités qui y sont permises sont encadrées », explique le professeur Brêthes. Ainsi, la chaire a élaboré un plan d’aménagement et de gestion d’une AMP en Mauritanie en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins conduit ses activités tant sur le plan de la recherche que de la formation de spécialistes de la conservation et de l’exploitation durable des ressources. Elle a ainsi travaillé à la rédaction d’un plan d’amélioration de la pêche crevettière à Madagascar. Des étudiantes à la maîtrise en océanographie et au doctorat en gestion des ressources maritimes font également des recherches sur ces sujets. On note, par exemple, un travail sur la mise en place et la gouvernance d’une AMP au Cap-Vert.

La chaire a aussi été active au Québec dans le domaine des aires marines protégées. Elle siège au comité technique de Pêches et Océans Canada pour la mise en place d’un réseau d’AMP dans le golfe du Saint-Laurent. Présentement, il existe une AMP au Québec, soit celle du Parc marin Saguenay–Saint-Laurent. Une seconde visant un territoire marin côtier bordant la péninsule de Manicouagan a été annoncée en 2013. La chaire a en outre coordonné une étude de caractérisation sur l’implantation d’une AMP aux Îles-de-la-Madeleine et a identifié des zones d’intérêt écologique pour la conservation au Québec.

Les activités halieutiques et les interactions entre l’industrie canadienne de la pêche et de l’environnement ont de plus été l’objet de travaux de recherche de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins. « Nos travaux ont permis d’améliorer nos connaissances scientifiques, notamment sur l’impact du chalutage sur le benthos du golfe du Saint-Laurent, et de favoriser une pêche durable de la crevette », indique le professeur Brêthes.

Renouvellement

La Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins a récemment obtenu son renouvellement jusqu’en 2019. « Ce renouvellement confirme la pertinence de la programmation de recherche et le travail accompli au cours des dernières années », observe la directrice de l’UQAR-ISMER, Ariane Plourde. « Les débats internationaux en matière de changements climatiques et de bouleversements écologiques rendent encore plus importants les travaux réalisés par le professeur Brêthes et son équipe. »

Au cours des prochaines années, la chaire de recherche va accroître son positionnement sur la scène internationale, notamment par sa participation au Partenariat régional pour la conservation de la zone marine en Afrique de l’Ouest (PRCM) dont elle est membre. À ce titre, le professeur Brêthes siège au bureau exécutif du collège enseignement supérieur et recherche.

Ce collège entend organiser, à l’automne 2016 à Dakar, une conférence internationale sur la résilience en action dans les zones marines et côtières d’Afrique de l’Ouest. « Cette conférence internationale permettra de faire le point sur les recherches en cours et d’établir un programme commun de recherche sur des questions comme la conservation, les activités pétrolières et gazières, les changements climatiques et ses conséquences », précise M. Brêthes.

Par ailleurs, le collège recherche et enseignement supérieur va réaliser un annuaire des chercheurs d’Afrique de l’Ouest, identifiant leurs expertises et leur provenance, ainsi qu’un répertoire des formations dans le domaine maritime qui y sont offertes. « Cela va permettre d’identifier les failles. L’UQAR pourra venir en appui pour la réalisation de programmes », indique le professeur Brêthes.

En collaboration avec la Chaire UNESCO en gestion intégrée et développement durable des régions côtières et des petites îles, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la chaire dirigée par le professeur Brêthes vise à développer une formation en ligne sur les aires protégées. « La recherche scientifique et la formation sont deux clés essentielles pour la préservation des ressources. Dans un contexte de mondialisation, il est important de pouvoir établir de tels partenariats afin de favoriser l’intégration des principes de développement durable dans les politiques et les programmes environnementaux tant au nord qu’au sud de l’équateur », conclut le professeur Brêthes.