En tant que biologiste spécialiste des espèces exotiques fauniques envahissantes au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), Isabelle Desjardins connaît bien les dangers d’introduction d’une espèce non indigène dans un écosystème. Son passage à la maîtrise en gestion des ressources maritimes offerte à l’UQAR a été déterminant pour l’obtention de son emploi qui met en pratique son expertise de biologiste, mais surtout sa vue d’ensemble des problématiques.

Dans le cadre de sa maîtrise, Isabelle Desjardins a réalisé un stage au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) aux Îles-de-la-Madeleine où elle a identifié les différents vecteurs d’introduction d’espèces exotiques envahissantes, comme certains invertébrés marins introduits par les coques des navires. « L’objectif de ce stage était d’identifier les voies d’entrée pour proposer des outils de gestion d’introduction de ces espèces. Dans plusieurs cas, l’arrivée d’une espèce non indigène peut, par exemple, engendrer la perte complète d’une exploitation aquacole, détériorer des habitats, faire diminuer le tourisme dans la région, entraîner d’importants coûts de nettoyage, etc. L’ introduction de ces espèces indésirables amène non seulement des risques importants et négatifs sur la biodiversité, mais aussi dans les sphères socio-économiques. Puis, une fois qu’une espèce exotique envahissante est introduite, il est très difficile et souvent impossible de l’éradiquer. C’est pourquoi il est nécessaire de miser sur la sensibilisation et la prévention, d’acquérir plus de connaissances sur ces espèces et les mécanismes d’introduction et de propagation, et d’investir dans la Recherche et le Développement», explique-t-elle.

À la suite de ce stage, Mme Desjardins a obtenu un poste en tant qu’analyste à l’habitat du poisson au Ministère des Pêches et Océans, pour par la suite obtenir son poste actuel, à la Direction de la biodiversité et des maladies de la faune au MDDEFP, où elle coordonne plusieurs dossiers concernant les espèces exotiques envahissantes, dont entre autres, en ce qui concerne la sensibilisation , la prévention, le contrôle ou l’éradication d’espèces envahissantes, autant aquatiques que terrestres. Elle développe plusieurs outils et méthodes de gestion, tant en sensibilisation qu’en gestion. Par exemple, elle travaille actuellement sur l’élaboration de plan d’action, de stratégie et de plan d’intervention rapide sur les espèces exotiques envahissantes. « La sensibilisation peut se traduire par la participation aux tournois de pêche pour sensibiliser les pêcheurs au nettoyage des embarcations et par la mise en place de réseaux de surveillance des plans d’eau. De plus, d’autres outils de lutte contre les espèces envahissantes peuvent concerner des méthodes d’éradication, de prévention et même des outils réglementaires », indique la biologiste.

Bien que son mandat soit provincial, elle est associée à plusieurs comités internationaux, puisque les espèces envahissantes suivent, entre autres, les mouvements de transports de marchandises, qui traversent les frontières. « Les municipalités, les provinces et les pays n’ont pas tous les mêmes règlementations environnementales, mais il y a une volonté de se mettre ensemble pour attaquer le problème. Déjà, la moule zébrée, qui menace d’autres espèces de moules indigènes, ou le gobie à taches noires, qui compétitionnent pour l’espace et la nourriture , ont engendré des pertes financières importantes au Canada et aux États-Unis. Nos outils demeurent donc la collaboration, la prévention, la détection et la surveillance » explique la biologiste.

« La maîtrise en GRM m’a permis d’avoir une vue d’ensemble des problématiques. Que ce soit d’un point de vue biologique, socio-économique, citoyen et même législatif. Je suis donc bien outillée pour prendre l’ensemble du problème lorsque je dois faire valoir les différents engagements, mandats, et actions qu’exige mon emploi», conclut-elle.