Le programme (2023-2030) de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, création et patrimoine imprimé (niveau 1) s’articule autour de trois axes.
Axe 1. La littérature de la Renaissance, « un abîme de science »
L’expression « abîme de science » est tirée de la lettre programmatique que Gargantua adresse à son fils au chap. VIII de Pantagruel (1532). Elle apparaît comme une variante de l’expression « vrai puys et abysme de Encyclopedie » dont Rabelais, au chap. XX de la même oeuvre, fournit la première attestation de l’histoire de la langue française. Cet axe entend éclairer l’encyclopédisme rabelaisien à partir de ses pratiques de lecteur et de philologue, mais également à la lumière de la réception dont son œuvre a fait l’objet de la part de ses commentateurs et éditeurs.
Axe 2. L’invention de la littérature québécoise au XIXe siècle
L’axe 2 reprend le titre du livre publié par Claude La Charité en 2021 au Septentrion. Le terme « invention » est à entendre dans un double sens, à la fois comme création ex nihilo, puisque le projet de littérature nationale du XIXe siècle québécois entend rompre avec ce qui a précédé, et dans le sens rhétorique d’inventio, puisque cette nouvelle littérature prolonge celle de l’Ancien Régime, en partageant avec elle un patrimoine lettré commun. Les travaux proposés tirent parti de l’Inventaire des imprimés anciens au Québec (IMAQ), afin de prendre appui sur les bibliothèques perdues, dispersées et parfois reconstituées d’écrivains, qu’il s’agit d’étudier comme des ateliers où s’engrangent les matériaux qui serviront à l’écriture.
Axe 3. L’ « érudifiction » ou l’histoire littéraire comme ouvroir de littérature potentielle
Ce troisième axe vise à instaurer un dialogue entre histoire littéraire et création, en faisant de la création une autre manière de faire de l’histoire littéraire et, à l’inverse, de l’histoire littéraire, un ouvroir de littérature potentielle. C’est ce que Claude La Charité s’est attaché à faire au cours des dernières années, dans son recueil de nouvelles La pharmacie à livres (2015) et dans ses deux romans, Le meilleur dernier roman (2018) et Autopsie de Charles Amand (2021) Il a adopté la même démarche dans L’œil de l’ermite (2023), qui constitue le premier volet d’un diptyque qu’il forme avecune étude en préparation sur Toussaint Cartier, l’ermite de l’île Saint-Barnabé. D’autres créations sont prévues dans le même esprit, autour de Rabelais notamment.