Les avalanches de neige représentent un risque naturel quotidien pour les usagers des routes 132 et 198 dans le nord de la Gaspésie. Depuis 2004, plus de 450 événements ayant touché ces artères routières ont été rapportées. Dans le cadre de sa maîtrise en géographie, Frédéric Banville-Côté  travaille  en collaboration avec Avalanche Québec au développement d’un modèle de gestion préventive des avalanches pour aider Transports Québec sur ses tronçons problématiques.

Les avalanches rapportées par Transports Québec diffèrent en fonction de leur taille. Les plus petites sont absorbées par les fossés de la route, mais les plus grosses peuvent ensevelir facilement une voiture, un camion ou une déneigeuse. . « Les avalanches occasionnent surtout des dérangements pour la population, notamment lorsqu’elles perturbent la circulation. Ces deux routes sont les seules voies de transport praticables pour relier les villages du nord de la Gaspésie en hiver.

Réalisé sous la direction du professeur en géomorphologie et dynamique des versants à l’UQAR Francis Gauthier et sous la codirection du spécialiste en avalanches et en mouvements de terrains à l’UQAM Daniel Germain, le projet de recherche de M. Banville-Côté consiste  à élaborer un modèle de prévision de cet aléa pour en gérer les risques.

« Nous avons d’abord réalisé l’analyse historique des paramètres météorologiques et climatiques (température, enneigement, direction et force des vents, etc.) lors des journées d’avalanches afin de créer un modèle de prévision de ces aléas basé sur les conditions météorologiques. Afin de valider le modèle, trois petites stations météorologiques et des caméras photos ont été installés sur les tronçons les plus à risque. De plus, durant les deux derniers hivers, chaque semaine, nous avons procédé à des coupes de neige pour identifier les différentes couches faible et susceptibles de provoquer les avalanches.

Sur les 70 kilomètres de route analysés, le secteur du village de Mont-Saint-Pierre, celui situé entre les villages de Gros-Morne et Manche-d'Épée situés sur le bord de la route 132 ainsi que celui du lac de l’Anse-Pleureuse au bord de la route 198 sont considérés comme les plus préoccupants. Ils sont caractérisés par de grands espaces très ouverts avec une grande possibilité d’accumulation et une faible présence d’arbres.

Les premiers résultats de recherche indiquent une variabilité dans les conditions propices aux avalanches, et donc, aux stratégies de gestions des risques appropriées. « De façon générale, les secteurs situés sur le bord de la route 132 sont fortement affectés par le vent. Le risque d’avalanche est donc à son maximum durant les tempête de neige, puisque quelques jours plus tard, le vent a généralement tout balayé la neige restante. . Inversement, aux abords de la 198, c’est le rayonnement solaire et l’évolution des couches de neige accumulée qui  contribuent à influencer la stabilité du manteau neigeux et le risque de déclenchement.», révèle le géographe.

Parallèlement à sa maîtrise, Frédéric Banville-Côté est responsable de la gestion des risques au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports à Sainte-Anne-des-Monts. Les recommandations de son étude pourront être intégrées dans le cadre de son emploi, en collaboration avec Avalanche Québec, un organisme à but non-lucratif dédié à la sécurité en avalanche au Québec. «L’objectif est d’en arriver à prendre les meilleures décisions en prévention des risques. Ça peut aller de la fermeture temporaire d’une route à l’installation de clôtures à neige protectrices. On peut même envisager le déclenchement préventif à l’aide d’explosifs, dans des corridors très spécifiques. Cette pratique est couramment utilisée dans l’Ouest canadien et en Europe. », conclut-il.