Une équipe de chercheurs de l’UQAR a récemment publié un article dans la prestigieuse revue scientifique PLos One démontrant les similitudes entre les chondrichtyens, dont font partie les requins blancs, et les acanthodiens (poissons fossiles à épines). Une découverte qui apporte un nouvel éclairage sur ces poissons qui fascinent l’imaginaire collectif.

La diplômée au doctorat en biologie Marion Chevrinais et le professeur Richard Cloutier, de l’UQAR, et leur collègue Jean-Yves Sire, de l’Université de la Sorbonne, se sont intéressés à l’origine des chondrichtyens, qui regroupent une diversité de poissons cartilagineux, dont les requins, les raies et les chimères. Pour ce faire, ils se sont attardés à de petits poissons fossiles d’un groupe éteint, les acanthodiens, ou poissons à épines. Mesurant entre quatre millimètres et cinq centimètres, ces fossiles vieux de 380 millions d’années ont permis de retracer l’histoire des chondrichtyens.

Photo d'un fossile fournie par Marion Chevrinais.Photo d'un fossile fournie par Marion Chevrinais.« Nous avons analysé la croissance de cette espèce fossile vieille de 380 millions d’années en ajoutant de l’information sur le plan de la croissance des structures individuelles que sont les écailles. Cette recherche paléontologique a débuté par l’observation de la structure de l’écaillure et des écailles en microscopie électronique à balayage. Ensuite, une série de 12 spécimens de différentes tailles a été étudiée par des techniques d’histologie et d’analyse par spectroscopie à rayons X. Ceci nous a permis de rassembler des données sur la composition tissulaire des écailles et notamment les modifications qui ont lieu au cours de la croissance, en termes de structure et de nature des tissus », explique Mme Chevrinais.

Les séries de croissance des poissons fossiles sont rares à cause de la faible minéralisation des larves et juvéniles qui entraîne souvent une dégradation rapide de leurs tissus. Conséquemment, cette dégradation ne permet pas une bonne fossilisation de ceux-ci. Cependant, une série de croissance d’un poisson acanthodien a été décrite il y a deux ans par cette équipe de chercheurs de l’UQAR et de l’Université de la Sorbonne à partir de spécimens de la collection du Parc National de Miguasha.

La plupart des restes de chondrichtyens sont fragmentaires et consistent, le plus souvent, en microrestes provenant des écailles. « Ces nouvelles informations sur les écailles ont permis de mettre en lumière des similitudes rapprochant les chondrichtyens du Paléozoïque, cette ère géologique qui s’étend de -541 à -252,2 millions d’années, de certains acanthodiens. Quand on pense que les grands requins blancs sont probablement les descendants d’un groupe de poissons ne mesurant pas plus de quelques centimètres, ça fait tout de suite moins peur! », conclut Marion Chevrinais.

Mentionnons qu’une partie de ces travaux de recherche a été présentée lors de deux congrès, en 2015 à Paris lors de la 6ème rencontre de l’ichthyologie francophone et à Montréal lors de la rencontre annuelle du Centre pour la Science de la Biodiversité du Québec.