L’interaction entre les humains et les écosystèmes forestiers est au cœur des travaux de la Chaire de recherche sur la forêt habitée (CRFH). Depuis une dizaine d’années, celle-ci a contribué à faire du Bas-Saint-Laurent une région d’avant-garde sur le plan de l’aménagement forestier et du développement durable.

C’est en 2001 que la Chaire a débuté ses activités à l’UQAR. Favorisant un meilleur maillage entre la recherche universitaire et les besoins du milieu, les travaux de recherche ont porté sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes forestiers, l’aménagement et la sylviculture de même que l’analyse socioéconomique des collectivités bas-laurentiennes qui assurent leur subsistance grâce à la forêt.

« Notre mission, c’est d’être en appui au milieu forestier régional pour lui permettre d’être un chef de file en matière d’aménagement forestier durable », indique le titulaire de la Chaire de recherche sur la forêt habitée, le professeur Luc Sirois. « La dimension habitée de la forêt est au centre de nos interventions de recherche. »

Par ses travaux, la CRFH travaille en étroite collaboration avec la Conférence régionale des éluEs du Bas-Saint-Laurent. Voulant favoriser une gestion intégrée et régionalisée des ressources forestières, le gouvernement du Québec a d’ailleurs donné aux CRÉ le mandat d’établir leur propre plan régional de développement intégré des ressources naturelles et du territoire (PRDIRT).

C’est en avril dernier qu’est entrée en vigueur la nouvelle loi sur les forêts. « Le principal changement qu’on y voit, c’est la mise en œuvre de l’aménagement que l’on dit écosystémique – un aménagement forestier qui s’inspire de la dynamique naturelle des écosystèmes pour en exploiter la matière ligneuse de manière durable à long terme. Et pour mettre en œuvre ces stratégies, il y a beaucoup de d’expériences et de modalités d’intervention sylvicoles qu’il faut mettre au point sur le terrain », mentionne le professeur Sirois.

Plusieurs recherches sur le sujet ont été menées par la CRFH au cours des années. « Dans notre volet historique, nous menons des recherches pour comprendre l’origine des forêts. Dans notre volet actuel, nous mesurons les écarts entre la forêt préindustrielle et la forêt actuelle et nous évaluons la performance de modalités sylvicoles nouvelles. Nous avons également un volet pronostic portant sur le devenir des forêts. Il s’agit d’amener les forêts à un état souhaité qui est justifié par des considérations sylvicoles et environnementales », explique le professeur Robert Schneider, cotitulaire de la Chaire.

La forêt bas-laurentienne a été particulièrement marquée par l’industrialisation des années 1920 et 1930. « La forêt a subi de sérieux impacts durant la première phase de grande foresterie industrielle par William Price et compagnie », observe Luc Sirois. « Par la suite, cela s’est poursuivi à un rythme très soutenu et nous avons beaucoup demandé à la forêt. »

Conséquemment, les calculs de possibilité – une expression qui désigne la quantité de bois que l’on peut retirer annuellement d’une forêt à long terme – ont dû être révisés à la baisse à trois reprises. « Au total, ces révisions représentent approximativement une diminution de 50% de la possibilité annuelle de coupe disponible pour l’industrie. Cela impose tout un train de contraintes sur l’approvisionnement ligneux », mentionne le professeur Schneider.

Le Bas-Saint-Laurent a la particularité d’avoir 50 % de forêt publique et 50 % de forêt privée sur son territoire. Les travaux des chercheurs associés à la CRFH ont permis d’outiller autant des décideurs régionaux que des propriétaires de forêt privée sur le plan de l’aménagement forestier.

En partenariat avec la CRÉ BSL, la CRFH planche sur la mise sur pied d’une organisation promouvant le concept de forêt de proximité. « C’est pour accompagner les municipalités qui veulent développer des forêts de proximité, qui sont inscrites dans la nouvelle loi sur les forêts », précise Luc Sirois. « L’idée, c’est que le dollar qui est issu de l’industrie forestière circule le plus grand nombre de fois à l’intérieur des collectivités à économie dépendante de la forêt », conclut-il.

Mentionnons que les professeurs Dominique Arseneault et Dominique Gravel, titulaire de la Chaire de recherche en écologie des écosystèmes, sont impliqués dans les travaux de recherche de la chaire, de même que la professeure en développement régional Nathalie Lewis. Une trentaine d’étudiants mènent également des projets de recherche dans le cadre des travaux de la Chaire.