Claude La Charité, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, et Roxanne Roy, professeure régulière au Département des lettres et humanités, ont dirigé un ouvrage collectif ayant pour titre Femmes, rhétorique et éloquence sous l'Ancien Régime, qui vient de paraître aux Publications de l'université de Saint-Étienne.

Prenant pour point de départ les propos tenus par Caton le Censeur : « L’homme de bien est habile à la parole », ils se sont posé la question suivante : Et la femme de bien ? Et les femmes, plus généralement, dans les sociétés qui leur refusent l’éducation ? À première vue, personne ne semble plus étranger que les femmes d’Ancien Régime à la rhétorique, cet « art de persuader par la parole » révéré depuis l’Antiquité. Rien ne semble davantage réservé aux hommes, qui l’apprennent dans les collèges, à côté de la grammaire et de la logique, avant de le mettre en pratique dans l’enseignement supérieur, la justice, le conseil…, professions exclusivement masculines. Et pourtant, du XVIe siècle aux Lumières, nombreux sont les témoins qui insistent sur l’éloquence remarquable de leurs contemporaines. C’est dire si cet ouvrage collectif, le premier en français à s’intéresser à une telle problématique, repose sur une gageure apparente : y aurait-il une forme d’éloquence féminine étrangère à la rhétorique ? Y aurait-il une rhétorique apprise ailleurs que sur les bancs des universités ?

Le volume est issu des travaux du VIIe colloque international consacré aux femmes d’Ancien Régime qui s’est tenu à l’Université du Québec à Rimouski du 13 au 15 septembre 2007. Il réunit 29 contributions de chercheurs et chercheuses qui interrogent les rapports entre les femmes et la rhétorique sous l’Ancien Régime, soit de l’orée de Renaissance à la veille de la Révolution. La pluralité interdisciplinaire des approches (littérature française et étrangère, linguistique, histoire, politique, histoire de l’art, musique) met au jour la prégnance du modèle rhétorique qui est envisagé tour à tour dans sa dimension méthodologique, pédagogique et théorique jusqu’aux pratiques rhétoriques des femmes de l’Ancien Régime dans la correspondance, au sein des salons ou dans la sphère politique. Cet ouvrage constitue ainsi un apport novateur à la recherche littéraire puisqu’il s’agit de la première réflexion d’ensemble sur le sujet. Son originalité tient aussi à la diversité et à la réputation internationale de ses contributeurs et contributrices qui viennent du Québec, du Canada, des États-Unis, de la France, de la Suisse, de l’Allemagne et des Pays-Bas.

Claude La Charité et Roxanne Roy (dir.), Femmes, rhétorique et éloquence sous l’Ancien Régime, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, coll. « L’école du genre », no 7, 2012, 419 p.