Finissant au doctorat en sciences de l’environnement, Évariste Feurtey a récemment soutenu avec succès sa thèse intitulée « Conception et validation d’un modèle d’analyse et de suivi pour une politique énergétique durable et acceptable de l’énergie éolienne - étude comparative France-Québec », dans laquelle il analyse les diverses composantes d’une politique énergétique de type éolien des gouvernements québécois et français.

Dans sa thèse, M. Feurtey cerne les facteurs institutionnels  qui influencent l’établissement de parcs éoliens dans un contexte d’acceptabilité sociale. Le doctorant a développé un modèle conceptuel qui illustre les interactions entre le contexte énergétique, les groupes de pression, les influences supra-nationales, le niveau d’engagement politique, le cadre réglementaire et financier, l’acceptabilité sociale et les mécanismes d’évaluation politique.

Le doctorant démontre qu’une politique énergétique de type éolien sera davantage acceptée socialement si la filière est pertinente dans le contexte énergétique actuel, si les porteurs de projets sont perçus favorablement par la majorité de la population et si les projets sont acceptés à l’échelle locale. « Cette constatation confirme les résultats de Jegen (2011) à l’effet qu’un modèle hybride basé sur une diversité de type de porteurs de projets, de tailles de projets et de mécanismes tarifaires serait un compromis acceptable permettant d’atteindre cet équilibre », note M. Feurtey.

Par ailleurs, les citoyens devraient être davantage impliqués dans le processus décisionnel menant à l’établissement d’un parc éolien, estime le doctorant. « Il y a lieu d’améliorer la manière dont on évalue les projets ou les politiques, les plans et les programmes, car les citoyens devraient avoir un effet plus direct sur leur élaboration pour favoriser une acceptation sociale des projets éoliens. »

L’étude comparative confirme que le contexte énergétique initial défavorable et la culture du néo-corporatisme ont limité la place accordée à l’énergie éolienne dans les deux juridictions analysées. « Ces facteurs ont retardé le développement des projets ou de la filière industrielle en influençant négativement le niveau de volonté politique pour l’énergie éolienne. Ce manque de volonté politique a fait en sorte que la fenêtre politique, ouverte au début des années 90, ne s’est pas stabilisée dans le temps, compte tenu de problèmes d’acceptabilité sociale, reliés à une critique d’un modèle de développement trop privé et onéreux, au manque de planification initial du développement et à un système d’aménagement trop centralisé et pas assez participatif, au manque d’espace en France ou aux surplus électriques combinés à de faibles coûts d’exportation au Québec », explique-t-il.

Au cours des dernières années, le Québec a été marqué par un manque de continuité des appels d’offres en énergie éolienne et la France par un cadre réglementaire complexe et instable, poursuit Évariste Feurtey. « Le niveau de volonté politique pour l’énergie éolienne peut donc effectivement se mesurer par le niveau et la stabilité des instruments politiques et réglementaires établis, qui constituent pour leur part deux éléments clés du processus de diffusion des projets ou de la technologie : il faut que les deux soient adéquats simultanément et stables à moyen terme pour que l’on puisse atteindre un volume de marché suffisant pouvant insuffler le développement d’une filière industrielle nationale, ce qui n’a pas été le cas dans ces deux juridictions. »

Dans le cadre de sa thèse de doctorat en sciences de l’environnement, M. Feurtey a été dirigé par deux professeurs à l’UQAR : son directeur de thèse, Carol Saucier, du Département Société, territoires, et développement et son codirecteur de thèse, Adrian Ilinca, du département du génie. Rappelons aussi que M. Feurtey a coordonné le guide Énergie éolienne et acceptabilité sociale à l’intention des élus publié en 2008 et qu’il a aussi fait partie de l’Unité de recherche sur le développement territorial durable qui a examiné l’acceptabilité des projets éoliens au Québec en 2009