Une importante recherche sur les effets de l’acidification et les changements climatiques sur le plancton de l’estuaire du Saint-Laurent est menée à l’UQAR-ISMER. Le professeur Gustavo Ferreyra est responsable du volet expérimental de cette recherche financée par le Fonds de recherche sur la nature et les technologies (FRQNT).

Cette recherche d’envergure positionne une fois de plus l’UQAR comme une référence en sciences de la mer, indique la directrice de l’ISMER, Ariane Plourde. « Au cours des quinze dernières années, nous avons établi notre expertise scientifique et la qualité de nos infrastructures nous permet de soutenir la recherche de haut niveau. »

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le potentiel hydrogène (pH) des océans devrait diminuer de 0,3 à 0,4 unité d’ici la fin du siècle. Conséquemment, la concentration en acide devrait augmenter de plus de 150 fois par rapport à la période préindustrielle. Depuis le début de l’ère industrielle, les océans ont absorbé environ le tiers des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Ils ont donc contribué à atténuer le réchauffement climatique. Toutefois, le CO2 dissout dans l’eau produit de l’acide carbonique.

C’est précisément l’impact de cette acidification dans l’estuaire du Saint-Laurent que les chercheurs étudient dans le cadre de cette recherche soutenue financièrement par le FRQNT. Étant à la base de la chaîne alimentaire des espèces marines, le plancton a été choisi comme objet d’étude. « L’estuaire est très sensible à l’acidification dû à l’effet combiné de l’hypoxie, soit le manque d’oxygène de ses eaux profondes, et des apports d’eau douce de surface », indique le professeur Ferreyra.

En plus du professeur Ferreyra et d’une demi-douzaine d’étudiants de cycles supérieurs de l’UQAR, cette recherche dirigée par le professeur Maurice Levasseur, de l’Université Laval, rassemble des chercheurs de l’Université McGill, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de l’Institut Maurice-Lamontagne.

Débutée il y a deux ans, cette recherche sur les effets de l’acidification et de l’augmentation de la température comporte un volet terrain, soit sur l’estuaire maritime du fleuve Saint-Laurent, et un volet expérimental. Des missions océanographiques ont été réalisées à bord du Coriolis II en 2013. Par ailleurs, douze mésocosmes – des unités expérimentales permettant de reproduire l’environnement naturel des espèces analysées – ont été construits afin d’analyser l’influence des variations pH sur le plancton.

Les chercheurs ont débuté l’analyse des résultats à la station aquicole. Ceux-ci ont constaté que l’augmentation de la température a un impact notable sur la croissance du phytoplancton du Saint-Laurent. « Tous nos résultats sont préliminaires. Cela dit, nous observons que la croissance du phytoplancton est accélérée, mais il nous reste plusieurs analyses à effectuer avant de déterminer l’interaction de la température avec l’acidification, et quels seront les modifications les plus importantes au sein de la communauté », conclut le professeur Ferreyra. Les résultats de cette expérience feront partie des travaux de thèse de plusieurs étudiants. Le rapport final de la recherche doit être déposé en 2015.