Le professeur en biologie marine Piero Calosi vient de publier, dans la revue Global Change Biology, les résultats d’une recherche qui suggèrent que les méduses vont modifier considérablement le fonctionnement des écosystèmes des océans dans le contexte de l’acidification des océans.

Dans le cadre de cette recherche, le professeur Calosi et ses collègues ont exposé des communautés de zooplancton aux futures conditions d’acidification des océans et à la présence d’un prédateur : une cuboméduse. Ils se sont plus particulièrement concentrés sur les copépodes, des crustacés qui sont à la base de la nourriture de poissons, d’oiseaux et de grands mammifères marins dans les océans.

Leurs résultats suggèrent que la réduction du pH des océans va causer une diminution du nombre de copépodes. Aussi, la présence de cuboméduses causerait une réduction significative de copépodes. « Lorsque ces facteurs sont combinés, une réduction supplémentaire de 27 % des copépodes a été observée. En fait, dans de futurs scénarios d’acidification des océans, les méduses ont mangé 83 % des copépodes présents dans le bassin expérimental, comparativement à 37 % dans des conditions actuelles », indique le professeur Calosi.

Le professeur Piero Calosi. (Photo : Sébastien Raboin) Le professeur Piero Calosi. (Photo : Sébastien Raboin) Les copépodes jouent un rôle clé dans la chaîne alimentaire. Ils figurent parmi les espèces les plus abondantes de la terre en termes de biomasse et soutiennent la vie d’espèces plus grandes, ainsi que de d’espèces ayant un intérêt commercial, que l’on retrouve dans des écosystèmes tropicaux et polaires. « Les études conduites jusqu’à aujourd’hui ont principalement ciblé une espèce à la fois, et ont révélé que les copépodes peuvent être assez tolérants à l’acidification des océans. Cependant, ces recherches ne considèrent pas l’importance potentielle des interactions entre les espèces au sein des communautés naturelles lorsqu’elles ont essayé de déterminer les réponses des espèces aux scénarios futurs de changement global », observe le professeur Calosi.

Les résultats de la recherche du professeur Calosi et ses collègues annoncent de profondes modifications sur les écosystèmes des océans en raison de l’acidification de l’eau de mer dans les prochaines années, poursuit le spécialiste en biologie marine de l’UQAR. « Ils suggèrent une transformation dramatique de la structure et du fonctionnement des écosystèmes lorsque l’impact direct et indirect des futurs changements globaux est pris en considération. »

L’article « Ocean acidification alters zooplankton communities and increases top-down pressure of a cubozoan predator », du professeur Calosi et de ses collègues Edd Hammill (Utah State University), Ellery Johnson (University of Technology Sydney), Trisha B. Atwood (Utah State University), Januar Harianto (University of Sydney), Charles Hinchliffe (University of Technology Sydney) et Maria Byrne  (University of Sydney) peut être consulté sur le site de Global Change Biology.