Pour sa cinquième édition, la session intensive de l’Université d’été en patrimoine (UEP) s’est tenue dans le Kamouraska du 19 au 24 août. Dirigé par le professeur d’histoire et responsable pédagogique de l’UEP Jean-René Thuot, le groupe d’étudiantes et d’étudiants est allé à la rencontre du patrimoine de l’une des régions rurales emblématiques du Québec.

L’équipe de l’Université d’été en patrimoine s’était donné pour mandat de comprendre cette offre patrimoniale singulière, reconnue pour son caractère pittoresque. La semaine intensive passée sur le terrain a permis aux étudiantes et aux étudiants de visiter des sites patrimoniaux, de rencontrer des personnes-ressources qui œuvrent dans le champ culturel et patrimonial, de bénéficier du regard de spécialistes disciplinaires sur le concept de patrimoine, et enfin de se familiariser avec différentes approches pratiques.

L'Université d'été en patrimoine s'est tenue du 19 au 24 août dans le Kamouraska.L'Université d'été en patrimoine s'est tenue du 19 au 24 août dans le Kamouraska.La région de Kamouraska a été témoin de toutes les époques de colonisation du Québec, de l’ouverture des premières seigneuries aux régimes agro-forestiers du début du XXe siècle. « Elle a également été l’une des têtes de pont du commerce agricole et des activités maritimes à l’époque préindustrielle, en plus d’être au cœur du développement des premières initiatives de villégiature. De nos jours, le Kamouraska présente aux yeux des visiteurs un riche patrimoine bâti, où l’imaginaire seigneurial et la vie agricole sont célébrés, témoignant de ses heures de gloire au XIXe siècle », explique le professeur Thuot.

En marge de ces objets phares, la session intensive permettait de lever le voile sur des héritages significatifs moins visibles, moins connus ou oubliés dans cette proposition des institutions locales et régionales dédiées à la mise en valeur du patrimoine. Les activités ont ainsi abordé la question du patrimoine religieux, littéraire, forestier et maritime.

Faire l’histoire d’une maison ancienne, avec l’ethnologue et archiviste Pierrette Maurais. Photo prise sur le rang des Sables, à La Pocatière. (Photo : Maxence Matteau)Faire l’histoire d’une maison ancienne, avec l’ethnologue et archiviste Pierrette Maurais. Photo prise sur le rang des Sables, à La Pocatière. (Photo : Maxence Matteau)Cette activité d’enseignement, soutenue par l’équipe du regroupement des chercheurs en patrimoine de l’UQAR (Archipel), vise à développer chez les étudiants une réflexion critique sur les multiples facettes du patrimoine, en les initiant du même coup aux diverses techniques d’enquête en sciences humaines. « Tout au long de la session intensive, le groupe est amené à réfléchir aux processus par l’entremise desquels le patrimoine prend forme, en plaçant les notions de mémoire, d’identité et de culture au cœur des réflexions. Le Kamouraska, élu au palmarès des plus beaux villages historiques et patrimoniaux du Québec par plusieurs institutions et spécialistes, incarne une image idéelle de la ruralité dans la vallée laurentienne. Le défi a constitué à expliquer la construction de cette image de marque, et à éclairer les zones d’ombre qu’elle produit sur les autres objets de mémoire du territoire », précise M. Thuot.

Le premier volet du parcours initiatique des étudiantes et des étudiants était conçu pour aller à la rencontre des éléments-phares de l’offre patrimoniale de la région, à savoir le village de Kamouraska lui-même, les habitations qui témoignent de l’âge d’or économique du XIXe siècle, et ses paysages pittoresques. Charles de Bois Martin et Alexandre Bibeau, qui agissent comme conseillers au développement socio-économique et culturel à la MRC de Kamouraska, ont offert aux étudiantes et aux étudiants un tour d’horizon de la région, avec une excursion du littoral au haut-pays; Dominique Lalande et Andrée-Anne Patry, respectivement directrice-générale de Ruralys et agent de développement à Rivière-Ouelle, ont présenté le projet unique de désignation des paysages patrimonial de Pointe-aux-Orignaux; l’ethnologue Pierrette Maurais a pour sa part initier les étudiantes et les étudiants aux dessous de la recherche sur le patrimoine bâti régional et sa mise en valeur; l’ethno-historien Paul-Louis Martin a fait découvrir le domaine patrimonial de la Maison de la Prune, de Saint-André de Kamouraska, qui s’étire sur  trois kilomètres; enfin, la visite du manoir Campbell-Rankin, sauvé récemment d’une disparition certaine par Elyme Gilbert, a montré les aléas d’un projet de restauration ambitieux.

Ancien muret de roches sur le domaine patrimonial de la Maison de la Prune en compagnie de l’ethno-historien Paul-Louis Martin, à Saint-André de Kamouraska. (Photo : Maxence Matteau)Ancien muret de roches sur le domaine patrimonial de la Maison de la Prune en compagnie de l’ethno-historien Paul-Louis Martin, à Saint-André de Kamouraska. (Photo : Maxence Matteau)Parallèlement à ces excursions, le second volet de la semaine intensive visait à soulever de nouvelles perspectives en mettant à contribution à la fois des représentants des institutions culturelles, des spécialistes en sciences humaines et des acteurs locaux. Les étudiants ont ainsi pu bénéficier d’interventions de la professeure d’histoire Karine Hébert, de la conseillère en développement culturel du ministère de la Culture et des communications Jacinthe Archambault, de l’agent de développement culturel de la MRC de Kamouraska Jeanne Maguire, de l’historien de la littérature Claude La Charité, de la coordonnatrice des fêtes du 125e anniversaire de Saint-Germain Jacinthe Thiboutot, et des géographes Daniel Montembeault et Guillaume Marie. La programmation complète de la session intensive se trouve sur le site web de l’UEP à l’adresse suivante : http://patrimoine.uqar.ca/UEP/

Les étudiants poursuivent cet automne leur réflexion sur la nature du patrimoine kamouraskois dans le cadre de projets de recherches individuels supervisés par le responsable pédagogique. Ces projets seront présentés lors du colloque étudiant Kaléidoscope qui se tiendra en février prochain.