Les six chercheurs de l’UQAR-ISMER qui ont participé à une mission océanographique d’ampleur dans l’Arctique canadien, à bord du brise-glace de recherche NGCC Amundsen, sont de retour. La mission a permis de recueillir des carottes sédimentaires et du phytoplancton dans la colonne d’eau permettant de retracer les variations des conditions climatiques et océanographiques au cours des derniers millénaires et d’évaluer l’impact des changements climatiques sur l’environnement marin du nord du Canada.

Le professeur en géochimie et en géologie marine Jean-Carlos Montero-Serrano, les étudiantes à la maîtrise en océanographie Jade Brossard, Anne Corminboeuf, Aude Boivin-Rioux et Fatma Dhifallah et la stagiaire doctorale Maria-Emilia Rodriguez-Cuicas ont pris part à cette mission qui s’est déroulée du 16 août au 9 septembre. La mission, dirigée par le directeur exécutif d’Amundsen Science, Alexandre Forest, s’inscrit dans le cadre de la programmation de recherche d’ArcticNet, un Réseau de Centres d’Excellence qui regroupe une trentaine d’universités canadiennes.

Fatma Dhifallah tenant une carotte sédimentaire avec le chercheur Gustavo Adolfo Guarin, de l'Université Laval. (Photo : Shaomin Chen) Fatma Dhifallah tenant une carotte sédimentaire avec le chercheur Gustavo Adolfo Guarin, de l'Université Laval. (Photo : Shaomin Chen) Pendant la mission, le professeur Montero-Serrano et son équipe ont prélevé de multiples carottes sédimentaires, échantillonner des rivières arctiques isolées, déployer des filets à plancton, ainsi que récolter près de 9000 kilomètres de données géophysiques et bathymétriques le long de l’archipel arctique canadien et de la baie de Baffin.

« Dans le contexte du réchauffement climatique actuel, les carottes sédimentaires prélevées à proximité du champ de glace de Manson (île d'Ellesmere) et de la calotte glaciaire Penny (île de Baffin, parc national Auyuittuq) représentent des archives exceptionnelles pour documenter et mieux comprendre l’influence des changements climatiques et océanographiques sur la dynamique des glaciers du nord-ouest de la baie de Baffin », indique Jade Brossard. L’échantillonnage de sédiments directement dans les rivières se déversant dans l’archipel Arctique canadien permettra de retracer les sources des sédiments et d’établir des liens et des comparaisons avec les sédiments marins.

Tandis que « les échantillons recueillis avec les filets à plancton vont permettre d’alimenter la base de données sur les communautés de dinoflagellés qui se développent dans la colonne d'eau du sud de la baie de Baffin », précise Fatma Dhifallah, étudiante à la maitrise sous la direction du professeur André Rochon.

Aude Boivin-Rioux au travail dans un laboratoire sur l’Amundsen.Aude Boivin-Rioux au travail dans un laboratoire sur l’Amundsen.Les données géophysiques et bathymétriques recueillies vont permettre d’améliorer la cartographie du fond marin de l’Arctique. « Il faut savoir qu’on connaît très bien la physionomie de la planète Mars. Mais on connaît moins bien le fond marin de l’Arctique », explique le professeur Montero-Serrano. Et un malheureux accident l’a bien démontré : pendant la mission, un navire voguant à l’ouest du golfe de Boothia, près de Kugaaruk au Nunavut, s’est échoué sur un haut fond rocheux avec 162 personnes à bord. « Heureusement, personne n’a été blessé, mais les opérations scientifiques ont dû être interrompues le temps d’effectuer une mission de sauvetage ».

De plus, Aude Boivin-Rioux, qui travaille au sein de l’équipe du professeur Michel Gosselin, a recueilli plusieurs échantillons relatifs au phytoplancton et à son environnement provenant de onze stations à travers l’archipel Arctique canadien et la baie de Baffin. Ces échantillons vont permettre d’étudier la variabilité spatiale et temporelle des communautés phytoplanctoniques dans l’Arctique canadien.

« L’intégration de l’ensemble des connaissances sur le présent ainsi que sur le passé permettra ainsi de dresser un portrait plus complet des impacts possibles qu’auront les changements climatiques sur l’océan Arctique », précise Anne Corminboeuf.

Le Gouverneure générale Julie Payette en compagnie des chercheurs de l’UQAR-ISMER. (Photo : Cplc Mathieu Gaudreault, Rideau Hall.)Le Gouverneure générale Julie Payette en compagnie des chercheurs de l’UQAR-ISMER. (Photo : Cplc Mathieu Gaudreault, Rideau Hall.)Du point de vue de la formation, cette mission fut une chance unique pour les étudiants de l’UQAR-ISMER de recevoir une formation pratique sur les opérations de carottage et d’échantillonnage effectuées dans l’Arctique en plus de participer activement à la collecte de données pour leurs projets de maîtrise. La mission leur a également permis d’entrer en contact avec la Garde côtière canadienne ainsi que avec d’autres étudiants et des chercheurs de différentes universités canadiennes. Les étudiants ont aussi eu la chance interagir avec la Gouverneure générale du Canada, Julie Payette, la ministre fédérale des Sciences et des Sports, Kirsty Duncan, et la conseillère scientifique en chef du Canada, Mona Nemer, sur les répercussions des changements climatiques dans l’Arctique canadien.

Les échantillons prélevés dans le cadre de cette mission sont déjà entreposés à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski. Ceux-ci seront analysés et serviront de référence pour les prochaines cohortes d’étudiants à la maîtrise et au doctorat, que les professeurs Montero-Serrano et Gosselin comptent recruter dans les prochains mois et les prochaines années.

L'Amundsen se frayant un chemin dans la banquise arctique. (Photo : Anne Corminboeuf)L'Amundsen se frayant un chemin dans la banquise arctique. (Photo : Anne Corminboeuf)Mentionnons que les activités de recherche menées par les professeurs Jean-Carlos Montero-Serrano, André Rochon et Michel Gosselin dans l’Arctique sont appuyées financièrement par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).