Après avoir étudié, au cours de son doctorat en sociologie, les politiques de conservation de la nature dans le contexte du retour du loup dans les Alpes, Gaëlle Ronsin a choisi de faire un stage postdoctoral au département sociétés, territoires et développement de l’UQAR afin d’observer l’évolution des relations entre communautés locales et populations de phoques aux Îles-de-la-Madeleine. Une recherche sur des enjeux émergents au confluent de la protection de l’environnement et du développement territorial.

« Les changements climatiques ont modifié la répartition géographique des populations de phoque gris, qui colonisent peu à peu l’archipel des iles de la Madeleine », explique la jeune Française. « Or, contrairement au phoque du Groenland qui est présent dans la région seulement de manière saisonnière, le phoque gris est un prédateur pour la morue de l’Atlantique et pourrait compromettre le rétablissement des stocks, sous moratoire depuis 1992. » Accessible aux chasseurs, cette espèce en expansion pourrait par ailleurs constituer une manne économique pour la communauté insulaire.

Pour saisir ce contexte mouvant et potentiellement créateur de tensions, Gaëlle Ronsin a effectué deux séjours de plusieurs semaines sur le terrain. « J’ai dû d’abord faire un gros travail d’actualisation des connaissances, car les dernières enquêtes en sciences sociales réalisées aux Îles-de-la-Madeleine sur ce sujet dataient des années 1980 », précise-t-elle. L’analyse de la presse et de la documentation existante a été complétée par des entrevues avec des professionnels, des élus et des agents des ministères impliqués dans le dossier, dans le but de recenser les différents points de vue, pratiques et savoirs relatifs aux phoques.

La sociologue a également enfilé ses bottes pour suivre dans leur quotidien des chasseurs, des pêcheurs et d’autres acteurs en contact direct avec les phoques. « J’ai passé la moitié de mes huit mois de stage sur le terrain », précise Gaëlle Ronsin, qui a particulièrement apprécié cette immersion dans un milieu jusque-là inconnu pour elle.

La jeune chercheuse était supervisée à l’UQAR par les professeures Nathalie Lewis et Geneviève Brisson. Menée en partenariat avec Merinov et le CERMIM, cette recherche exploratoire se prolongera à travers différents programmes, que ce soit aux Îles-de-la-Madeleine ou dans d’autres territoires du Québec qui font face à des enjeux similaires. Une belle perspective pour Gaëlle Ronsin, qui poursuit sa collaboration avec les professeures de Rimouski depuis l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), en France, où elle effectue actuellement une recherche postdoctorale sur le même thème.