Étudiante à la maîtrise en océanographie, Jeanne Mérindol consacre ses recherches au paysage acoustique du Saint-Laurent. À l’aide des données recueillies par la station de recherche MARS installée entre 80 et 300 mètres de profondeur au large de Rimouski, la chercheuse de l’ISMER-UQAR analyse les effets du bruit de trafic maritime sur les mammifères marins du Saint-Laurent.

L’estuaire du Saint-Laurent est une importante voie maritime qui relie les Grands Lacs à l’océan Atlantique. « Cette région est reconnue pour l’abondance et la diversité des mammifères marins qui la fréquentent et contribuent à son paysage sonore sous-marin. Dans ma maîtrise, je m’intéresse en partie aux impacts du bruit émis par les navires qui empruntent cette autoroute maritime sur des espèces en péril, comme la baleine noire de l’Atlantique Nord et le béluga », indique Mme Mérindol.

L’étudiante de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski de l’UQAR a entrepris sa maîtrise en océanographie l’automne dernier. « Mes travaux de recherche portent sur le paysage sonore sous-marin enregistré par la station de recherche : les chants des baleines qui contribuent de façon saisonnière à la biophonie, les bruits dépendants du vent et de la pluie, audibles sous l’eau, qui constituent la géophonie et le bruit du trafic maritime, qui contribue à l’anthropophonie. Dans le contexte actuel de développement durable et de protection des espèces en péril au Canada, il est nécessaire de mener des recherches pour déterminer objectivement les effets du bruit sur les mammifères marins. »

La station de recherche sous-marine MARS a été déployée au centre du chenal Laurentien l’été dernier par l’ISMER et Innovation maritime, avec la collaboration des entreprises OpDAQ Systèmes et Multi-Électronique. « Les données recueillies par la station me permettent d’analyser le bruit ambiant, d’identifier des contributeurs naturels ou anthropiques et de comparer les niveaux de bruit observés avec le comportement acoustique rapporté des espèces de cétacés locales. L’analyse de la contribution relative du bruit du vent et du trafic au niveau sonore aux fréquences pertinentes pour la communication des cétacés permet d’estimer la portée de perturbation d'un navire, et sa dépendance aux conditions météorologiques », explique la chercheuse dont les travaux contribueront à favoriser la préservation des mammifères marins.

 

Dirigée par le professeur Pierre Cauchy et codirigée par Guillaume St-Onge et Cédric Gervaise, Jeanne Mérindol est originaire d’Avignon, en France. Elle a entrepris sa maîtrise en océanographie après avoir obtenu une double licence en biologie, option science de la mer et physique, à Sorbonne Université à Paris. « La maîtrise en océanographie est renommée et mise sur la pluridisciplinarité. L’ISMER est un institut qui mène de nombreux projets d’envergures et le projet MARS était une très belle opportunité pour moi de faire de la recherche en bioacoustique, ce qui est mon objectif depuis toute petite. »

La transmission des connaissances est en outre l’une des priorités de la chercheuse de l’ISMER-UQAR qui porte un grand intérêt aux mammifères marins et à leur environnement. « Je suis persuadée que par son effet de sensibilisation, la vulgarisation représente une des clés de l’action de chacun afin de conserver notre environnement. Si le grand public est informé de ce qu'il se passe dans la nature qui les entoure et dans un environnement qui leur est familier, comme le Saint-Laurent, il ne sera que plus sensible et volontaire à le protéger », conclut Mme Mérindol.

On peut voir ici une vidéo que la chercheuse de l’ISMER a présenté dans le cadre de la conférence internationale Ocean Sciences Meeting à Hawaï en février pour présenter son projet de recherche.