Tous les jeudis matin des mois de février à juin, deux élèves de l’école Guillaume-Couture ont eu l’occasion de vivre un stage unique au campus de Lévis de l’UQAR. Dans le cadre de leur programme de formation préparatoire au travail adapté, ils ont pu classer, ranger, nettoyer et préparer du matériel à la didacthèque et à la bibliothèque de l’établissement universitaire. Accompagnés par une technicienne en éducation spécialisée de leur école, ces élèves avec des besoins particuliers ont pu côtoyer toute une équipe de l’UQAR mobilisée pour les accueillir et faire de ce stage une réussite.

L’expérience de ces deux stagiaires s’est avérée très enrichissante. Or, des milliers d’autres élèves handicapés arrivent à la fin de leurs études secondaires chaque année. La transition vers le marché de l’emploi pour ceux et celles qui désirent s’y diriger demeure un enjeu important, soulignait le Vérificateur général du Québec en 2020. Pour la professeure en science de l’éducation Josianne Caron, il importe de concrétiser des initiatives de collaboration intersectorielle pour soutenir la transition vers la vie adulte en maintenant une mission éducative, notamment en mobilisant les différents milieux concernés, dont l’université, un lieu d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité.

Clara Couture et Diane Leblanc à la didacthèque.Clara Couture et Diane Leblanc à la didacthèque.« En tant que responsable du stage à l’UQAR visant la mise en œuvre de la démarche Transition de l’école à la vie active ou adulte (TÉVA), je coordonne ce projet et je collabore étroitement avec de précieux partenaires et personnes intervenantes des divers secteurs sollicités. Je peux mettre à profit l’expertise que je développe relativement à l’établissement de liens entre les milieux, notamment entre l’université et l’école », explique la professeure Caron. La professeure Pauline Beaupré chapeaute l’encadrement relatif aux thématiques liées à la collaboration intersectorielle, l’autisme, la déficience intellectuelle, la psychologie et la réadaptation, notamment par ses contacts avec des ressources spécialisées en ergothérapie, en physiothérapie et en orthophonie. La professeure Julie Beaulieu s’occupe pour sa part de l’encadrement inhérent à l’intégration sociale, aux problèmes comportementaux et relevant de la psychopathologie.

Au campus de Lévis, les deux stagiaires ont été encadrés l’hiver dernier par Bianca Godbout et Diane Leblanc, qui travaillent respectivement à la bibliothèque Louis-Marie-Beaulieu et à la didacthèque. Étudiante à la maîtrise en éducation, Chloé Harvey a réalisé la coordination du stage. Sa collègue Marie-Ève Bolduc, étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire, a créé, avec le soutien de l’équipe, des outils pour soutenir l’encadrement des stagiaires de même que des missions éducatives intégrées au stage. Ces missions ont pour but de préparer les élèves au marché du travail.

Philippe Couture à la bibliothèque.Philippe Couture à la bibliothèque.Appuyée par Lévis Ville Éducative, cette démarche a pour objectif de développer l’autonomie des élèves accueillis. « L’acquisition de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs favorisent ainsi l’estime de soi des jeunes impliqués dans la démarche TÉVA, les encourageant à définir leur projet de vie afin qu’ils puissent donner une signification concrète à leur scolarisation tout en l’envisageant comme un moyen d’atteindre et de réussir ce projet », estime la professeure Caron.

Les objectifs du projet éducatif sont également de situer les besoins prioritaires de ces élèves pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle dans un continuum de services, d’analyser, de synthétiser les pratiques collaboratives actuelles et souhaitées de soutien à la TÉVA tout en décrivant la transformation de ces pratiques en actions auprès des élèves concernés.

« C’est véritablement un projet coup de cœur en adaptation scolaire et sociale. C’est important pour moi de mener ce type de projets, particulièrement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et d’ouverture grandissante des organisations à l’équité, la diversité et l’inclusion. Un stage de travail adapté à l’UQAR, ça a beaucoup de sens pour les élèves accueillis et pour les membres de la communauté universitaire. En tant que milieu d’accueil, il s’agit d’une expérience très positive », raconte Josianne Caron. « Il importe de sensibiliser les jeunes et les différentes personnes collaboratrices aux diverses possibilités quant à la poursuite des apprentissages avant et pendant l’étape de la vie adulte en les exposant à des expériences positives, voire des réussites, en matière de conciliation stage en milieu de travail-études », soutient la professeure Caron. En juin dernier, des membres de l’équipe et les élèves ont célébré la fin du stage au restaurant. Les élèves ont reçu une attestation de stage visant à reconnaître leur présence et le travail accompli sur le campus.

Dans l’ordre habituel, l’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire Marie-Ève Bolduc, la responsable de stage à la bibliothèque Bianca Godbout, les stagiaires Philippe Couture et Clara Couture, la responsable de stage à la didacthèque Diane Leblanc et l’éducatrice spécialisée au Centre de services scolaire des Navigateurs France Dubois.Dans l’ordre habituel, l’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire Marie-Ève Bolduc, la responsable de stage à la bibliothèque Bianca Godbout, les stagiaires Philippe Couture et Clara Couture, la responsable de stage à la didacthèque Diane Leblanc et l’éducatrice spécialisée au Centre de services scolaire des Navigateurs France Dubois.Le projet se poursuit en 2022-2023. Il implique toujours des élèves et des familles, des personnes collaboratrices du Centre de services scolaire des Navigateurs, de Trajectoire-emploi, du CISSS Chaudière-Appalaches. D’autres ressources professorales de l’UQAR, Sylvain Letscher et Edith Jolicoeur, et une professeure de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Camille Gauthier-Boudreault, collaborent également. L’équipe souhaite maintenant bonifier l’offre de formation en adaptation scolaire et sociale en invitant les personnes étudiantes à s’impliquer dans le projet, auprès des élèves en stage et des personnes collaboratrices. Cette invitation visera à maximiser le développement des compétences, dont la compétence à collaborer, pour l’enseignement à une diversité d’élèves. Elle souhaite également varier les tâches offertes sur le campus et accueillir plus d’élèves.

L’expérience de collaboration intersectorielle vécue durant le projet pourra être une source d’inspiration pour de futures démarches dans d’autres milieux, scolaires ou autres. « Nous avons la conviction profonde que ce type de projet véhicule des conditions requises pour le développement de la collaboration en contexte inclusif : la confiance, le respect des différences et la valorisation de leurs apports et la découverte d’enjeux communs », conclut la professeure Caron. Soulignons que le projet a reçu récemment un soutien financier du Pôle régional en enseignement supérieur de Chaudière-Appalaches (PRESCA) et du ministère de l’Enseignement supérieur (MES).