Diplômée au doctorat en éducation, Céline Yon a consacré sa thèse à l’expérience des parents d’enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) quant à la reconnaissance de leurs savoirs parentaux par les intervenantes et les intervenants éducatifs. Une recherche qui montre l’importance de considérer la reconnaissance des savoirs parentaux dans le cadre du suivi des intervenants éducatifs.

La reconnaissance des savoirs parentaux dans la pratique des intervenantes et des intervenants éducatifs est encore peu documentée. Neuf parents de différentes régions du Québec ont pris part à la recherche de Mme Yon. L’analyse de leurs expériences de reconnaissance et de non-reconnaissance de leurs savoirs parentaux a permis de dégager quatre indicateurs de reconnaissance, soit être écouté, faire partie de l’équipe, être appuyé et l’absence de jugement.

« En plus de mettre l’accent sur la volonté des répondants d’être considérés comme des interlocuteurs de réflexion partagée et de participer activement à toutes les étapes de la prise de décision concernant leur enfant, ces quatre indicateurs mettent de l’avant l’aspiration de ces parents à travailler en réel partenariat avec les intervenants éducatifs », indique Mme Yon, qui a été dirigée par le professeur Hubert Gascon.

Les travaux de la chercheuse en sciences de l’éducation ont permis de mettre en lumière la compréhension et la signification donnée à la reconnaissance des savoirs parentaux par des intervenantes et des intervenants de différents centres de services scolaires. « Le fait de rendre visible la contribution des parents en termes de savoirs amène, en outre, des retombées pratiques en éducation, permettant notamment de soutenir les pratiques de partenariat et de collaboration, mais aussi la pratique des plans d’intervention et de leur optimisation », mentionne Céline Yon.

La particularité de ce projet de recherche doctoral est d’être consacré à la perception des parents à l’égard de la reconnaissance de leurs savoirs parentaux. « S’ils se sentent reconnus, la relation parents/intervenants est plus susceptible d’être positive et contributive pour l’enfant. Sinon, la relation risque d’être en peine ou brimée, augmentant ainsi la probabilité que l’enfant ne bénéficie pas de l’alliance des pleines compétences de tous et chacun pour l’accompagner à réaliser son plein potentiel. Ainsi, la perception des parents quant à la présence d’indicateurs qu’ils associent à la reconnaissance de leurs savoirs parentaux par les intervenants éducatifs est centrale », souligne Mme Yon.

L’ensemble des répondantes et des répondants de la recherche ont exprimé avoir vécu des expériences de reconnaissance et de non-reconnaissance de leurs savoirs parentaux de la part d’intervenants éducatifs depuis le diagnostic de leur enfant. « Les répondants ont tous démontré une bonne capacité d’introspection en ce qu’ils se sont interrogés sur la place que leur propre attitude pouvait avoir dans la reconnaissance ou non de leurs savoirs parentaux par les intervenants éducatifs », précise Mme Yon. « Il est aussi important de souligner qu’aucun des répondants n’a émis de jugements ou de généralisations à l’égard des intervenants éducatifs ou d’un milieu en particulier. Leurs réponses étaient contextualisées et les expériences tant positives que négatives qu’ils ont partagées ont été exprimées avec retenue. »

Plusieurs participantes et participants ont d’ailleurs reconnu explicitement l’apport des intervenantes et des intervenants et les limites de leurs propres capacités en tant que parent à répondre à l’ensemble des besoins de leur enfant ayant un TSA. « Ce faisant, chacun d’eux a reconnu la nécessité de conjuguer le savoir formel des intervenants à leurs savoirs parentaux pour permettre à l’enfant de réaliser son plein potentiel », conclut Mme Yon qui ajoute que les connaissances découlant de son projet de recherche peuvent s’appliquer plus largement à d’autres populations d’enfants en situation de handicap.

Intitulée « Sens donné par les parents d’enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme à leur expérience de la reconnaissance de leurs savoirs parentaux par les intervenants éducatifs », la thèse de Mme Yon peut être lue sur le dépôt numérique Sémaphore.