Nombreux sont les intervenants du domaine du tourisme qui s’inquiètent de l’impact que peut avoir la présence de parcs éoliens sur les paysages régionaux et de l’expérience des touristes en Gaspésie. Dans le cadre de sa maîtrise en développement régional, Krystel Rousseau étudie la capacité de ces acteurs à se mobiliser afin de faire face à ce grand changement.

Sous la direction de la professeure titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement régional et territorial, Marie-José Fortin, Krystel Rousseau évalue les stratégies adoptées par différents acteurs de la Haute-Gaspésie  face à l’éolien dans l’offre touristique régionale. Parmi les personnes interrogées, des commerçants, des gestionnaires de sites, des élus et des agents d’organismes de développement comme des Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC), Chambres de commerce, Centres locaux de développement (CLD), etc..

Les résultats préliminaires de l’étude révèlent que d’un côté, les différentes localités convoitent fortement les revenus que peuvent apporter les parcs éoliens sur leur territoire, mais de l’autre, elles craignent aussi certains effets, comme ceux sur le paysage. Pourtant, la mobilisation des acteurs touristiques sur le sujet demeure faible. « Les intervenants de la région étudiée travaillent déjà en réseau, puisque c’est un petit milieu et tout le monde se connaît. Quelques stratégies sont notamment mises en place sur l’aspect de la promotion collective. Toutefois, l’avènement d’éoliennes ne crée pas une mobilisation supplémentaire qui ferait en sorte qu’ils se mettraient tous ensemble pour structurer de nouveaux projets pour promouvoir cet aspect spécifique de la région ou encore pour structurer la cohabitation avec cette autre industrie », remarque Mme Rousseau.

La chercheuse cite en exemple un projet de regroupements d’acteurs  de l’industrie touristique mort au feuilleton en raison  de tensions entre des intervenants. « Les personnes rencontrées n’ont pas la même perception des ressources de leur territoire. Même le paysage, pourtant reconnu comme premier motif pour attirer les visiteurs dans la région, n’est pas reconnu par tous comme la ressource première de l’industrie. Il devient alors difficile de faire des choix collectifs concernant une orientation forte à adopter pour baliser l’implantation des parcs, comme proscrire leur localisation dans certains paysages très valorisés.

Certaines municipalités ont pourtant réussi à le faire. Mais cette volonté politique locale forte lui a attiré des critiques de la part d’autres acteurs locaux et régionaux. Bref, pour passer ensemble à l’action sur ce dossier important, plusieurs visions du territoire et représentations du développement sont encore à réconcilier», ajoute la chercheuse.

Krystel Rousseau réalise son mémoire à temps partiel puisqu’elle travaille à temps plein à la Régie intermunicipale des déchets du Témiscouata (RIDT), une région où deux parcs éoliens devraient être mis en service d’ici 2015. À titre de responsable de la communication et de la sensibilisation en environnement, elle entre en relation avec une diversité d’intervenants aux intérêts parfois convergents, parfois divergents, comme pour son projet de recherche. « Une meilleure compréhension de l’impact de l’avènement des parcs éoliens permettra sans doute à l’ensemble des intervenants régionaux de définir leurs propres politiques liées au développement durable de leur territoire », conclut Mme Rousseau.