Doctorante en cotutelle en développement régional à l’UQAR et en sociologie à l’Université de Bordeaux 2, Sarah-Jane Krieger prépare une thèse sur l’appropriation des enjeux environnementaux par les usagers récréatifs des espaces de nature en France et au Québec.

« L’objectif de ma thèse est de comprendre comment les usagers, en aval de la production des connaissances, normes et valeurs naturalistes qui président à l’identification des enjeux environnementaux, s’approprient, à travers leurs pratiques récréatives, les enjeux environnementaux associés aux espaces de nature », explique Mme Krieger.

En raison du sujet de sa thèse, la doctorante en développement régional est appelée à voyager périodiquement entre l’Hexagone et la Belle Province. De septembre 2010 au mois de mai 2011, elle a poursuivi ses études théoriques au campus de Rimouski avant de retourner à Bordeaux jusqu’à la fin de l’année pour débuter des études terrains en Gironde.

« Il s’agissait alors de découvrir le territoire du futur Parc marin de la Gironde et des pertuis charentais, de saisir toute sa richesse en termes géographiques, historiques et socioéconomiques, de repérer les acteurs-clefs pour mon étude et d’établir les premiers contacts », précise Mme Krieger.

Jusqu’au mois d’août, Sarah-Jane Krieger mènera une enquête qualitative par le biais d’entretiens semi-directifs et d’observations dans le périmètre du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Une telle enquête sera également effectuée en France, plus précisément dans le Médoc, autour du futur Parc marin de la Gironde, de septembre à novembre prochain.

« Ces espaces marins des estuaires, dont les enjeux environnementaux sont clairement identifiés et suscitent des politiques ou projets de préservation, sont confrontés à des tensions entre enjeux économiques (pêches professionnelles, présence d’industries, circulation de bateaux…) et enjeux écologiques (protection d’espèces dont certaines emblématiques et/ ou en voie d’extinction). Auxquels viennent s’ajouter des enjeux sociaux et culturels par la demande d’usages récréo-touristiques », mentionne Mme Krieger.

Si de tels espaces naturels ont été longtemps délaissés, ils font aujourd’hui l’objet d’attraction pour des promeneurs en quête de « nature sauvage », poursuit Mme Krieger. « Les usages récréatifs, terrestres et marins sont d’ailleurs nombreux et diversifiés sur ces deux sites. Il s’avère intéressant d’interroger le rapport des usagers à la nature dans deux pays héritiers d’une histoire différente en matière de préservation d’espaces naturels. L’une de nos hypothèses envisage une appropriation différenciée des enjeux environnementaux selon les politiques de préservation mises en œuvre dans des contextes nationaux différents. »

Sarah-Jane Krieger a bénéficié du Programme d’appui pour de courts séjours hors Québec pour doctorants de l’UQAR pour effectuer ses voyages. « Je trouve ce programme tout à fait utile pour les étudiants. Mon cas est un peu particulier, car j'ai souhaité réaliser mon doctorat avec deux universités de deux pays différents (sur deux terrains avec deux codirecteurs). Donc, par la cotutelle en tant que telle, je m'ouvrais à une autre expérience (universitaire, culturelle, professionnelle, humaine...). Néanmoins, ce programme est pour moi un soutien financier non négligeable. Pour les étudiants au parcours plus classique, ce programme est, je pense, une belle opportunité pour partir vivre une expérience à l'étranger. Expérience toujours valorisée, mais souvent difficile à réaliser et dont ce programme peut aider à concrétiser. »

Mme Krieger fait son doctorat, accueillie et financée par Irstea (Institut national français de Recherches en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture, sous la direction de Nathalie Lewis, professeure au département Sociétés, territoires et développement de l’UQAR, et de Charles-Henry Cuin, professeur de sociologie à l’Université de Bordeaux 2.