La messagerie instantanée, qu’on appelle aussi le « chat », le dialogue en ligne ou le clavardage constitue en 2011 un incontournable dans l’univers social des adolescents en 2011. L’étudiante à la maîtrise en éducation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Marie-Ève Gonthier, nous révèle des résultats surprenants concernant l’influence du clavardage sur l’écriture du français chez les élèves du secondaire.

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à cette thématique de recherche?
Je suis titulaire d’un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale ici même à l’UQAR et je travaille comme enseignante. J’ai toujours eu un intérêt marqué pour la recherche, mais c’est en milieu scolaire que j’ai eu le déclic pour cette thématique. Dans le cadre de mon travail, j’ai observé que mes élèves éprouvaient des difficultés d’écriture. Plusieurs mots étaient souvent mal orthographiés et l’écriture rappelait des abréviations utilisées en clavardage : koi (quoi), entk (en tous cas), c (c’est), etc.

Avec mes collègues de travail, je me suis questionnée à savoir s’il y avait un lien à établir entre certaines difficultés en écriture du français et le phénomène du clavardage chez les jeunes. Peu de recherches ont été réalisées jusqu’à présent sur cette problématique. Grâce à une bourse du Conseil de recherche en sciences humaines, j’ai pu me consacrer à temps plein à ma maîtrise et à l’étude de ce phénomène.

Comment avez-vous étudié cette question?
Tout d’abord, j’ai répertorié sur différents sites de clavardage les mots dont l’orthographe a été le plus souvent modifiée par les clavardeurs. J’ai ensuite construit une dictée sous forme de dialogue d’une messagerie instantanée où j’ai repris ces éléments à évaluer.

En voici un extrait :

- Salut Caroline. Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui?
- Je m’en vais chez Julie.
- Vous allez faire quoi?
- On va sûrement écouter un film ou aller au cinéma. On n’a pas encore décidé, parce que nous n’avons pas encore réussi à nous voir.
- Avez-vous une idée de ce que vous allez écouter? Quels sont les nouveaux films?
- Je ne sais pas. Je n’ai même pas regardé.
- En tout cas, c’est une bonne idée! Je pensais justement y aller en fin de semaine. Mais je n’ai pas encore eu le temps.

Après avoir proposé la dictée à quelques groupes du premier cycle du secondaire, j’ai fait remplir un questionnaire par les participants sur leurs habitudes informatiques. Je cherchais à établir un rapport entre le nombre d’erreurs commises et le nombre d’heures par semaine consacrées au clavardage ou en regard de l’âge auquel les élèves commencent à s’y adonner.

Je réalise cette recherche sous la supervision de la professeure Stéphanie Leblanc, une spécialiste de la didactique du français en adaptation scolaire.

Finalement, les résultats de l’étude peuvent paraître étonnants. Ils nous indiquent que le clavardage n’a pas d’influence défavorable sur les difficultés d’écriture des élèves. Ceux qui clavardent plus que les autres ou qui ont commencé plus jeunes ne font pas nécessairement plus de fautes d’orthographe.

Quels sont vos projets au terme de la maîtrise?

J’envisage déjà des études doctorales dans le domaine de l’éducation. D’autres thématiques reliées à ces domaines m’intéressent, comme la gestion de classe en adaptation scolaire ou l’influence des technologies de l’information et des communications en éducation. De plus, la nouvelle Chaire de recherche sur la persévérance scolaire et la littératie et le Groupe de recherche sur l'apprentissage et la socialisation (APPSO) de l’UQAR offrent des perspectives intéressantes en recherche.

Il est important pour moi de continuer d’enseigner en même temps que je poursuis mes études afin de garder le contact avec le milieu que j’observe et de continuer d’apprendre de mes élèves.