La charge de travail et la conciliation travail et vie personnelle constituent des enjeux quotidiens pour le personnel infirmier. Catherine Hupé consacre sa maîtrise sur les effets de l’aménagement des horaires par quarts de 12 heures sur la qualité de vie au travail des infirmières.

Le temps de travail en milieu hospitalier se compose traditionnellement de quarts de 8 heures étalés sur trois périodes de la journée. Par contre, depuis quelques années, plusieurs centres hospitaliers du Québec recourent aux quarts de travail de 12 heures pour pallier la pénurie d’infirmières. Cette mesure est profitable pour l’employeur qui fait appel à moins de personnel pour combler la grille horaire. De plus, il peut réduire ses recours aux agences privées de recrutement et défrayer un nombre moindre d’heures supplémentaires. Mais qu’en est-il de la qualité de vie au travail des infirmières?

Dans le cadre de sa maîtrise en sciences infirmières, Catherine Hupé examine les différences dans les perceptions de la qualité de vie au travail entre les infirmières qui travaillent par quarts de 8 heures et de 12 heures en centres hospitaliers québécois. Un autre objectif consiste à déterminer en quoi les caractéristiques de ces infirmières influencent leurs perceptions de certains aspects du travail.

En collaboration avec le Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (CLIPP) et l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), elle a ciblé aléatoirement des membres en provenance de 22 hôpitaux québécois pour examiner la question sous plusieurs angles. Les données ont été recueillies par l’entremise de l’Inventaire systémique de la qualité de vie au travail. « J’utilise cet outil de mesure informatisé et imagé pour cerner les perceptions des infirmières de leur situation actuelle par rapport à une situation idéale dans laquelle elles seraient parfaitement heureuses. Cet exercice est effectué pour 34 questions. C’est ce qui permet à l’instrument de calculer leur indice de qualité de vie au travail », ajoute-t-elle.

Cette étude fait la lumière sur une qualité de vie au travail globalement problématique pour l’ensemble des infirmières québécoises, notamment en raison d’une charge physique et psychologique élevée. Sur une note positive, celles dont l’horaire se compose de quarts de 12 heures semblent bénéficier de plus de jours de congé consécutifs, prendre leurs pauses et leurs repas au travail de manière plus régulière et entretenir une perception plus favorable de certains aspects de la vie au travail par rapport à leurs collègues travaillant par quarts de 8 heures.

Réalisée sous la supervision du professeur spécialiste de la qualité des soins Guy Bélanger, cette recherche pourra susciter des réflexions inspirantes et actuelles tant auprès des gestionnaires que chez le personnel infirmier. « C’est le constat de problématiques organisationnelles diverses dans le milieu infirmier qui m’a amenée vers la maîtrise et m’a permis de développer une véritable passion pour la recherche, au point de poursuivre mes études au doctorat », conclut Mme Hupé.