L’impact des événements météorologiques extrêmes sur la santé mentale et le bien-être des populations est un enjeu majeur pour le réseau de la santé et des services sociaux. La multiplication et l’intensité croissante des épisodes de chaleur, d’inondation et d’érosion côtière nécessitent une meilleure connaissance des stratégies à mettre en place pour soutenir les personnes touchées. Un important projet de recherche sur la question est en cours afin d’élaborer un plan d’action pour bonifier les services offerts aux populations qui y sont exposées.

Santé Canada a mandaté l’Université du Québec à Rimouski et le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, en partenariat avec la Direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, pour réaliser ce projet de recherche dirigé par la professeure en sciences infirmières de l’UQAR et chercheure au Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches, Lily Lessard. « Les inondations du printemps dernier en Beauce illustrent à quel point la région peut être vulnérable aux événements météorologiques extrêmes ainsi qu’aux mesures devant être prises pour réduire les risques associés aux changements climatiques, comme la redéfinition des zones inondables et la démolition de centaines de maisons. Ces événements sont marquants et souvent hautement anxiogènes pour les familles et les communautés touchées. Pour le réseau de la santé et des services sociaux, le défi est de travailler à réduire la vulnérabilité de ces personnes, notamment en arrimant et en adaptant leurs services à ceux présents dans la communauté », indique la professeure Lessard.

Plusieurs décideurs et chercheurs sont impliqués dans ce projet, dont Julie Lambert et Guylaine Morrier, respectivement des directions de la santé publique du CISSS de Chaudière-Appalaches et du CISSS du Bas-Saint-Laurent, la professeure Nathalie Barrette, de l’Université Laval (UL), la professeure Geneviève Brisson, de l’UQAR, et le professeur Mathieu Philibert, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Une douzaine d’organisations des secteurs de la recherche, de la santé, de la communauté et de la scène municipale seront aussi appelées à y prendre part afin d’établir un plan d’action régional pour réduire les vulnérabilités psychosociales reliées aux changements climatiques.

La professeure en sciences infirmières Lily Lessard. (Photo : Stéphane Lizotte) La professeure en sciences infirmières Lily Lessard. (Photo : Stéphane Lizotte) « L’un des volets de ce nouveau projet financé par Santé Canada est d’établir une cartographie des vulnérabilités psychosociales au regard de deux types d’événements météorologiques extrêmes susceptibles de s’accroître avec les changements climatiques : les inondations et les épisodes de chaleur extrême. La cartographie constitue un bon outil pour orienter la prise de décision, car il s’agit d’un langage commun entre les disciplines. Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec l’équipe de la professeure Barrette, du Département de géographie de l’UL, qui a déjà produit l’Atlas des vulnérabilités en regard de ces deux types d’événements en fonction de différents facteurs de risque pour les populations et leurs capacités à y faire face. Dans le présent projet, nous ajouterons des couches d’informations sur les facteurs de risque et de protection des populations touchées par les changements climatiques. Nous explorerons également l’impact des événements météorologiques extrêmes sur le réseau de la santé, ainsi que sur ses partenaires locaux et régionaux, en nous intéressant de près aux mesures d’adaptation aux changements climatiques qui seront nécessaires », explique la professeure Lessard.

Les événements météorologiques extrêmes constituent l’une des sources de stress importantes quant aux capacités d’adaptation des personnes et des communautés qui y font face. « Le déplacement et la délocalisation d’une résidence, la réorganisation des habitudes de vie, les pertes matérielles, humaines et identitaires, la dégradation de l’environnement et les craintes de récidives figurent parmi les causes d’effets délétères, comme des troubles mentaux pour certains individus ou la fragilisation du tissu social », mentionne la professeure en sciences infirmières.

Un plan d’action permettant d’accroître les capacités d’adaptation du réseau de la santé aux changements climatiques sera élaboré dans le cadre du projet de recherche. Ce plan pourra être adapté dans les autres régions du Québec et du Canada qui souhaitent également prévenir et réduire les impacts des changements climatiques sur la santé mentale et le bien-être des populations. Mentionnons que le CISSS du Bas-Saint-Laurent est également un important partenaire de ce projet qui se déroulera jusqu’en 2022 et permettra de tester la pertinence et la transférabilité des connaissances et des outils développés en Chaudière-Appalaches à d’autres régions et contextes. 

Une subvention de 300 000 $ a été allouée par Santé Canada pour réaliser ce projet de recherche qui fait suite au projet ARICA, qui a été dirigé par la professeure Lessard et la professeure en développement territorial Geneviève Brisson. Financé par Ouranos et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) grâce au Fonds Vert, le projet ARICA a permis de documenter les impacts psychosociaux des événements météorologiques extrêmes en milieu non métropolitain ainsi que les facteurs de risque et de protection. Il a également permis d’identifier les meilleures pratiques visant à prévenir ou à réduire ces impacts dans un contexte de changements climatiques.