Nouvellement inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’île d’Anticosti est au cœur d’un projet de recherche portant sur son patrimoine culturel. La chercheuse postdoctorale Arielle Frenette mène des travaux pour documenter les manifestations matérielles et immatérielles ayant marqué l’histoire de cette île emblématique du golfe du Saint-Laurent.

Reconnue pour sa biodiversité, sa géodiversité et ses dépôts fossilifères, l’île d’Anticosti offre aussi un riche patrimoine culturel, indique la chercheuse rattachée au Laboratoire d’archéologie et de patrimoine de l’UQAR. « L’île d'Anticosti a une histoire riche qui demeure assez mal connue du public. Déjà en 1932, le géographe Raoul Blanchard reconnaissait l’unicité de la géographie d’Anticosti et de l’histoire de son peuplement. L'île est fréquentée par plusieurs nations autochtones depuis des milliers d'années et fait partie du Nitassinan, le territoire ancestral innu. Malheureusement, la privatisation d'Anticosti a limité l'accès à ce territoire dans les temps plus récents, qui est devenu pratiquement inaccessible autant pour les communautés autochtones que pour la population insulaire. »

Dans le cadre de son projet de recherche, Arielle Frenette compilera les travaux de recherche réalisés sur les patrimoines matériels et immatériels de l’île, allant du patrimoine bâti aux épaves de bateau, des sites archéologiques aux cimetières et des récits au mode de vie des insulaires. « Je vais également dresser un inventaire des patrimoines par grandes catégories et dégager les principales caractéristiques de ces ressources patrimoniales. L’un des volets importants du projet sera d’identifier des éléments du patrimoine culturel qui méritent d’être intégrés à la mise en valeur de la géodiversité », précise-t-elle. 

Les Fonds de recherche du Québec et la municipalité de L’Île-d’Anticosti ont octroyé une bourse postoctorale de 115 000 $ à Mme Frenette dans le cadre d’un concours. Les travaux de la chercheuse s’inscrivent dans la volonté de la municipalité de diversifier son offre touristique, mais tout en préservant le patrimoine culturel matériel et immatériel de l’île qui appartient au gouvernement du Québec depuis 1974.

« Une documentation exhaustive des patrimoines culturels permettra de bonifier les savoirs existants et répondra aux attentes de la population d’Anticosti quant à la mise en valeur de leur mode de vie », ajoute Mme Frenette qui a d’ailleurs effectué un séjour sur l’île cet été afin d’y rencontrer la population et les partenaires du projet.

En collaboration avec ses partenaires, la chercheuse va produire des outils de documentation, de mise en valeur ainsi que des recommandations en vue de la gestion pérenne du patrimoine culturel. « Ces outils seront développés de manière à répondre aux besoins des communautés afin de soutenir la prise de décision quant à la préservation du cadre bâti, des sites archéologiques ou des objets culturels », conclut Mme Frenette.

Mentionnons que ce projet de recherche est réalisé sous la direction de la professeure en géographie et directrice du groupe de recherche Archipel Manon Savard. Les travaux vont se poursuivre jusqu’au printemps 2025.