Unique au monde, la station de recherche en acoustique marine opérée par l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’UQAR, Innovation maritime et Multi-Électronique a dépassé les attentes depuis son premier déploiement au fond du chenal Laurentien. Elle a permis d’établir la signature acoustique de 250 navires, de mieux comprendre l’origine des bruits à bord des navires tout en minimisant leurs impacts sur les mammifères marins du Saint-Laurent par la mise en place de diverses initiatives.

Chaque printemps depuis 2021, quatre bouées munies de douze hydrophones sous-marins sont déployées jusqu’à 350 mètres de profondeur au large de Rimouski, puis récupérées à la fin de l’automne suivant, afin de mesurer le bruit émis par les navires empruntant la voie navigable du Saint-Laurent. Intitulé MARS, ce projet de station de recherche en acoustique marine mobilise une quinzaine de personnes en plus de la participation des entreprises Multi Électronique et OpDAQ systèmes et de quatre armateurs-partenaires, soit Desgagnés, CSL, Fednav et Algoma.

« Le projet MARS a contribué au développement d’une expertise de pointe pour la conception et la fabrication de l’instrumentation et pour le traitement des signatures acoustiques des navires, en plus de participer à la formation de plusieurs chercheuses et chercheurs et de personnel hautement qualifié. La station de recherche a fait ses preuves et est devenue un outil incontournable pour comprendre le paysage acoustique du Saint-Laurent et les bruits qu’émettent les navires afin de limiter leurs impacts sur la faune marine, comme les baleines. Les données de la station sont d’ailleurs actuellement mises à profit dans l’élaboration d’une politique nationale sur les limites des cibles de réduction du bruit sous-marin des navires », indique le directeur de l’ISMER-UQAR, Guillaume St-Onge.

Depuis l’implantation de la station, l’équipe de projet a effectué 17 missions à bord des navires des partenaires afin de réaliser des diagnostics vibratoires. « Ces travaux ont pour visée d’estimer la contribution respective de chaque équipement à bord, par exemple des pompes, des génératrices et des moteurs, dans la signature sonore des navires. De telles informations sont utiles pour cibler diverses technologies afin de diminuer l’impact sonore des navires », explique le directeur d’Innovation maritime, Sylvain Lafrance. L’utilisation d’une peinture pouvant potentiellement réduire le bruit sera testée et des résonateurs acoustiques diminuant certaines fréquences de la machinerie bruyante sont notamment évalués.

Rappelons que le son se propage quatre fois plus rapidement dans l’eau que dans l’air et que l’audition est un sens essentiel aux mammifères marins, aux poissons et aux invertébrés pour communiquer, s’alimenter et se déplacer. « Compte tenu de l’importance du fleuve Saint-Laurent, tout le monde doit travailler ensemble pour élaborer des solutions de transport maritime durables pour le Canada, et pour le monde entier. Avec la collaboration du gouvernement, de l’industrie et du milieu universitaire, par l’entremise du projet MARS, nous sommes plus à même de comprendre l’incidence du bruit sous-marin causé par la circulation des navires. Et surtout, cette recherche signifie que nous pouvons trouver des solutions pour notre environnement et pour les mammifères marins en voie de disparition », a déclaré le ministre des Transports, Pablo Rodriguez.

Les travaux de recherche et les tests de mitigation du bruit des navires des partenaires s’échelonneront jusqu’au printemps prochain de même que les collaborations avec des équipes européennes faisant partie du projet PIAQUO (Practical Implementation of Achieve Quiet Oceans). Les partenaires poursuivent leurs démarches afin de continuer à opérer la station. Doté d’un budget de plus de 5,7 M$, le projet MARS a été soutenu financièrement par Transports Canada et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, en plus des armateurs Desgagnés, CSL, Fednav, Algoma et la Société de développement économique du Saint-Laurent.