Le pétoncle géant, communément appelé coquille Saint-Jacques, est de plus en plus soumis à la présence de microplastiques dans son environnement. Une équipe de l’ISMER-UQAR a réalisé une recherche montrant qu’il parvient à éliminer rapidement les particules de polystyrène qu’il a ingérées durant une période de deux semaines, ce qui constitue une bonne nouvelle pour les consommateurs.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la production mondiale de plastique a doublé de 2000 à 2019, passant de 234 millions de tonnes à 460 M. « Une fois le plastique introduit dans le milieu marin, il subira divers processus physico-chimiques conduisant à sa dégradation », explique le professeur de chimie Youssouf Djibril Soubaneh. « La dégradation du plastique conduit à la formation de particules de microplastiques (MPs) dont les tailles varient de 1 µm à 5 mm et de nanoplastiques (moins de 1 µm) qui peuvent être présentes dans les différents compartiments du milieu marin. »

La bioaccumulation des microplastiques dans les différents organes des organismes vivants, tels les bivalves filtreurs comme le pétoncle géant, suscite un questionnement dans la société de consommation, poursuit le professeur Soubaneh. « C’est pourquoi nous avons réalisé une étude afin de faire la lumière sur la bioaccumulation et les effets d’un microplastique modèle, soit le polystyrène, sur le pétoncle géant », souligne-t-il. L’équipe du professeur Soubaneh était formée du professeur émérite Émilien Pelletier, du professeur Réjean Tremblay, du chercheur Claude Rouleau et des auxiliaires de recherche Véronique Langlois et Karolyne Beauchamps.

Cette première étude visait particulièrement à évaluer les effets des nanoplastiques (NPs) qui sont susceptibles d’être absorbés par les organismes marins et de s’accumuler dans ces derniers. Les travaux en laboratoire ont été réalisés à la station aquicole de l’Institut des sciences de la mer de l’UQAR. Les chercheuses et les chercheurs ont utilisé une technique de marquage par radioisotope et une méthode d’autoradiographie unique au Canada.

Le pétoncle géant a ainsi été soumis à une période de contamination à long terme de deux semaines et à une courte période de dépuration d’une semaine. « Les résultats ont montré que les nanosphères de plastique ne s’accumulent pas dans les tissus des coquilles Saint-Jacques, comme les muscles et les branchies, même si elles ont été ingérées et transportées tout au long du système digestif. L’élimination des nanosphères était complète dans la semaine suivant la période de contamination », observe le professeur de chimie de l’UQAR.

Ces résultats indiquent également que le pétoncle géant dispose d’un mécanisme actif de dépuration des particules sans valeur nutritionnelle, conclut l’équipe du projet dont la communication a été publiée dans la revue Marine Pollution Bulletin. « Nos travaux montrent que la translocation des nanoplastiques dans les coquilles Saint-Jacques ne représente pas un risque pour la consommation humaine », mentionne le professeur Émilien Pelletier. 

Une seconde étude visant à étudier les effets des microplastiques sur le pétoncle géant pendant une plus longue période de six mois a été réalisée dans le cadre des travaux de recherche de l’étudiante à la maîtrise en océanographie Marie Faraut. Ces travaux ont confirmé aucune bioaccumulation des microplastiques dans ces organismes et une élimination rapide malgré une exposition répétée durant cette période de contamination. « De plus, aucun impact sur la condition bioénergétique des organismes, notamment sur la concentration et la composition en classes de lipides des glandes digestives, n’a été observé », indique le professeur Réjean Tremblay qui codirige les travaux de l’étudiante.