Au printemps 2011, le gouvernement du Québec entreprenait un ambitieux exercice d’évaluation environnementale stratégique (ÉES) pour renforcer les connaissances sur la filière énergétique controversée du gaz de schiste. Forts de leur expertise sur la filière éolienne et l’acceptabilité sociale, les professeurs Marie-José Fortin et Yann Fournis ont été mandatés dans ce cadre pour diriger deux importantes études destinées à éclairer les débats sociaux sur le sujet.
Rendu public le 17 février dernier, le rapport synthèse des différentes études remises au Comité de l’ÉES pose les bases de la consultation publique élargie que tiendra le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au printemps 2014.
La première étude dirigée par les professeurs Fortin et Fournis porte sur la notion d’acceptabilité sociale. Estimée par plusieurs comme une « condition de réussite » des projets, cette notion pose toutefois plusieurs défis. « Nous sommes sur un terrain très délicat, explique Marie-José Fortin, titulaire de la Chaire de recherche en développement régional et territorial. L’expression même d’acceptabilité sociale prête à débat. Si de plus en plus de décideurs la présentent comme importante, de nombreux groupes sociaux craignent qu’elle soit récupérée par les promoteurs et ne serve qu’à forcer le passage de leurs projets. » Des propositions ont été avancées dans l’étude pour mieux définir la notion, comprendre les facteurs qui influencent ce phénomène et enfin tester quelques avenues méthodologiques pour saisir les dynamiques sociales autour de tels projets.
La seconde étude décrit quant à elle l’évolution des processus et pratiques de gouvernance dans trois secteurs de ressources (forestier, éolien, porcin), et tente d’en dégager des enseignements pour la filière du schiste. Comme le résume Yann Fournis, directeur du GRIDEQ, « on observe des changements dans les trois secteurs. L’État ne peut plus se contenter de réguler à distance comme par le passé, sans considérer les réalités territoriales et les demandes des communautés locales. On note cependant que la mise en pratique de ces nouveaux principes de gouvernance plurielle, plus participative, est très exigeante, car elle bouscule des façons de faire bien établies et remet en cause les équilibres entre grands acteurs. »
La conduite de ce type de recherches pose des défis particuliers. « En plus du rythme accéléré imposé par le calendrier de l’ÉES, il n’est pas simple de mener des enquêtes dans des dynamiques conflictuelles, explique Marie-José Fortin. Aussi nous sommes particulièrement fiers d’avoir pu mener à terme ces deux études tout en respectant la mission de l’université de faire avancer la connaissance et de former des étudiants au métier de chercheur. Cela a été possible grâce à l’engagement de toute une équipe. »
Une trentaine de collaborateurs, chercheurs, professionnels et étudiants provenant de l’UQAR et d’autres institutions au Québec et en Europe ont pris part à la réalisation de ces études, dont la version complète est accessible sur le site du Comité de l’évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste. Les résultats de ces études seront présentés et discutés notamment dans le cadre du forum Acceptabilité sociale : pour qui? Pour quoi? Communautés et environnement au Québec, organisé à l’UQAR par le GRIDEQ et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) le samedi 29 mars prochain.
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