Étudiant au doctorat en océanographie, Simon Waly Faye est en voie d’établir la cartographie des microalgues nuisibles qui sont responsables des marées rouges toxiques récurrentes au large des côtes argentines. Un projet qui pourrait avoir d’importantes retombées sur l’écosystème et l’économie de cette région.
À l’hiver 2014, une cinquantaine de chercheurs et d’étudiants, dont une quinzaine de l’UQAR-ISMER, ont participé à une mission océanographique à bord du navire de recherche Coriolis II dans le golfe de San Jorge. Cette recherche visait à réaliser une étude multidisciplinaire sur l’écosystème et la géologie marine du golfe de San Jorge de la région côtière de la province de Chubut, dans un objectif d’outiller le gouvernement argentin à l’égard de l’exploitation des hydrocarbures extracôtiers dans une perspective de développement responsable.
Simon Waly Faye a étudié une cinquantaine d’échantillons de sédiments récoltés à la surface dans lesquels il a dénombré les kystes de dinoflagellés viables, des micro-organismes préservés dans les sédiments de surface qui produisent des proliférations d’algues nuisibles et des marées rouges toxiques récurrentes dans cette région du globe. Il est en voie d’établir la cartographie des sites d’accumulation afin de déterminer des zones à risque où pourraient s’amorcer les futures floraisons.
« Certaines espèces produisent des toxines qui peuvent causer d’importants problèmes de santé publique ou entraîner des conséquences dommageables pour les populations côtières, les pêcheries, le tourisme, les mammifères et les oiseaux marins. En effet, ces toxines peuvent se concentrer dans les tissus des organismes filtreurs, comme les mollusques, et entraîner des conséquences sévères pour l’homme lors de la consommation de mollusques contaminés », précise M. Faye.
Les premiers résultats révèlent que plusieurs sites, localisés au sud et au centre du golfe de San Jorge, contiennent une espèce de kystes de dinoflagellés toxiques pouvant entraîner une intoxication par phycotoxine paralysante, lorsqu’on ingère des mollusques contaminés. « Cette information peut aider les décideurs de la politique environnementale argentins à mettre en place les mesures pour monitorer la présence des microalgues toxiques, et éventuellement, à s’assurer de les contrôler dans les zones à forte concentration pour limiter leur prolifération », indique M. Faye.
Le projet de thèse de Simon Waly Faye vise aussi à mieux saisir les interactions entre le climat actuel et passé, la végétation et les conditions océaniques dans l’Atlantique Sud. Il est réalisé sous la direction du professeur en géologie marine André Rochon et est codirigé par le professeur Guillaume St-Onge, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en géologie marine.
Le géologue est également en train de réaliser l’analyse palynologique sur plus d’une cinquantaine d’échantillons de sédiments de surface pour établir les patrons de dispersion du pollen et des spores et sur trois carottes sédimentaires prélevées dans le golfe de San Jorge en vue de caractériser la dynamique de la végétation, les interactions entre les vents dominants et les conditions océaniques dans l’Atlantique Sud. « Toutes les espèces végétales forment au cours de leur vie un élément de petite taille appelé spore ou grain de pollen. Au printemps, durant la pollinisation, certains sont transportés par le vent et se déposent dans l’océan, puis sont remobilisés par les courants avant d’être incorporés dans les sédiments marins. L’intérêt d’étudier les grains de pollen et les spores résulte du fait qu’en les observant au microscope, on peut reconnaître l’identité de la plante et sa provenance. On peut alors reconstituer le type de végétation présente dans le passé », conclut le chercheur.
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