Jean-Christophe Dubé a gardé de sa formation en science politique un intérêt marqué pour le jeu politique local. Au doctorat en développement régional à l’UQAR depuis 2015, il veut observer les stratégies mises en œuvre par les municipalités québécoises pour influencer le processus d’implantation des projets énergétiques.
« Depuis longtemps, l’État québécois joue un rôle important dans le secteur de l’énergie, que ce soit dans l’hydroélectricité, l’exploitation et le transport des hydrocarbures ou plus récemment l’éolien. Il peut agir dans certains cas comme promoteur. En plus, il est responsable de la régulation du secteur par des lois, des règlements, des appels d’offres et des procédures qui encadrent et orientent l’implantation des projets », mentionne M. Dubé. À l’inverse, les municipalités ont des responsabilités et des pouvoirs limités concernant ces projets, qui ont pourtant des impacts sociaux et environnementaux importants sur les territoires. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles restent inactives, comme le montrent certains cas observés dans l’Est du Québec.
À titre d’exemple, le parc éolien Terravents, dans la MRC de Rivière-du-Loup, a suscité l’opposition d’élus et de fonctionnaires municipaux qui ont interpellé le gouvernement pour accroître les pouvoirs des municipalités lors de l’implantation de projets éoliens. Le gouvernement a par la suite donné le droit aux municipalités d’investir et de devenir copropriétaires de projets éoliens avec le secteur privé. De plus, des orientations gouvernementales ont été adoptées en matière d’aménagement du territoire en lien avec l’implantation de projets éoliens.
La gouvernance des projets énergétiques est au cœur de la recherche ATISÉE, pour « analyse territoriale des impacts sociaux au sein de l’évaluation environnementale », à laquelle le candidat au doctorat en développement régional a pris part dès son entrée à l’UQAR. Cette importante recherche documente les capacités publiques de régulation du secteur par la procédure d’évaluation environnementale. La recherche est menée par les professeurs Geneviève Brisson, chercheure principale d’ATISÉE et directrice de thèse de M. Dubé, et Yann Fournis. Plusieurs étudiants à la maîtrise et au doctorat en développement régional ont participé au projet depuis ses débuts.
La possibilité de se joindre à l’équipe chargée de cette recherche et d’accéder à certains fonds disponibles dans ce cadre a motivé en partie la décision de M. Dubé de réaliser son doctorat à l’UQAR. « Après une maîtrise professionnelle en aménagement du territoire et développement régional, je voulais acquérir une expérience en recherche avant de démarrer ma propre enquête. La recherche ATISÉE m’a aussi permis de me familiariser avec mon objet de recherche, soit les projets énergétiques. Certaines données que j’ai recueillies dans le cadre du projet ATISÉE vont être mobilisées dans ma thèse », explique-t-il.
Aujourd’hui à l’étape du projet de thèse, Jean-Christophe Dubé reconnait l’intérêt d’avoir réorienté son parcours après sa maîtrise. Offert conjointement par l’UQAR et l’UQAC, le doctorat en développement régional mise sur l’expertise d’un corps professoral pluridisciplinaire qui travaille sur des problématiques et des objets variés. « Cela donne une perspective diversifiée sur les enjeux de développement. La proximité entre professeurs et étudiants est aussi un élément intéressant de ce programme. Pour moi, c’est une belle fenêtre sur le monde universitaire et celui de la recherche », ajoute l’étudiant.
La place des élus locaux et des municipalités dans l’action publique est encore peu étudiée au Québec, contrairement à ce qui se fait en Europe par exemple où le pouvoir local est historiquement plus fort. À travers sa recherche, et dans une période de grands défis pour les communautés qui voient leurs conditions de vie souvent menacées, Jean-Christophe Dubé espère contribuer à valoriser le rôle de cet échelon de gouvernement agissant au plus près du territoire et des citoyens.
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