La revue Nature Communications vient de publier les résultats des travaux de recherche d’une équipe de l’UQAR montrant que le réchauffement climatique en cours est d’une rapidité inégalée depuis 1300 années. Un constat qui provient notamment de l’étude de plusieurs centaines d’arbres préservés au fonds des lacs de la forêt boréale du Québec.
Cette étude visant à évaluer l’importance du réchauffement climatique a été menée par le diplômé au doctorat en biologie Feng Wang et son directeur de thèse, le professeur Dominique Arseneault. L’article publié dans Nature Communications est cosigné par Étienne Boucher de l’Université du Québec à Montréal, Fabio Gennaretti de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et Shulong Yu et Tongwen Zhang de l’Institut de météorologie du désert en Chine.
Les scientifiques utilisent des indicateurs indirects des températures, que l’on nomme proxys, pour reconstituer les changements de températures du passé, explique le professeur Arseneault. « On ne s’entend pas encore sur l’ampleur du réchauffement en comparaison de la variabilité naturelle du climat, principalement parce que les observations instrumentales avec des thermomètres ont débutées au début du XXe siècle, en même temps que le réchauffement. Le meilleur proxy pour reconstituer les températures est la densité du bois dans les cernes annuels de croissance des arbres, principalement à cause de la datation absolue des cernes sur l’échelle calendaire et du fort lien entre la densité du bois et les températures estivales. »
Ainsi, la dendrochronologie permet de constituer des séries chronologiques de densité du bois avec une résolution annuelle pour les derniers 2000 ans, et même davantage. « Malheureusement, seulement douze reconstitutions de températures basées sur la densité du bois couvrent le dernier millénaire, et onze d’entre elles sont regroupées en Eurasie, laissant un vide critique de données sur le continent nord-américain. Malgré les appels répétés pour développer de longues reconstitutions basées sur la densité du bois en Amérique du Nord, le manque de données a persisté depuis plusieurs décennies », observe le directeur du laboratoire d’écologie historique et de dendrochronologie de l’UQAR.
L’équipe de l’Université du Québec à Rimouski et ses collaborateurs ont comblé cette lacune en utilisant plusieurs centaines d’arbres préservés au fond des lacs à travers la forêt boréale du Québec. « Les résultats démontrent que le réchauffement en cours est d’une ampleur et d’une rapidité inégalées au cours des derniers 1300 ans. Cette étude supporte aussi d’autres travaux qui montrent que les fortes éruptions volcaniques qui injectent des aérosols dans la stratosphère à proximité des tropiques sont le principal facteur de variabilité des températures à l’échelle inter-décennale dans l’Hémisphère nord. Ces nouvelles données auront beaucoup de visibilité dans la communauté scientifique, parce qu’elles comblent un besoin longtemps exprimé dans le domaine de la paléoclimatologie », indique Dominique Arseneault.
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Les XXe et XXIe siècles ont ainsi connu une augmentation de température variant entre 0,16 et 0,024 °C par décennie, peut-on lire dans l’étude. « La décennie 2005 à 2014 a été la plus chaude des 1246 dernières années. Nous avons observé une augmentation de 1,25 °C au-dessus de la moyenne de la période allant de 1905 à 2006 », conclut le professeur Arseneault. Intitulé « Tropical volcanoes synchronize eastern Canada with Northern Hemisphere millennial temperature variability », l’article publié dans Nature Communications peut être consulté
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