Candidate à la maîtrise en informatique, profil recherche, Marianne Bérubé-Dufour vient de fonder « Par et pour les autistes de l’Est ». Un groupe de soutien pour les personnes autistes adultes de la grande région de l’Est-du-Québec.

C’est avec son amie Isabelle Faguy, qui réside à Gaspé, que Mme Bérubé-Dufour a eu l’idée de créer ce regroupement. « Isabelle et moi avons toutes deux grandement bénéficié d’être en contact avec d’autres personnes autistes dans des communautés nationales et internationales, comme Autistics United ou Autscape. Le « Par et pour » est un clin d’œil à tous les groupes du même genre auxquels nous nous référons toujours pour les grands dossiers sur la situation des personnes autistes dans le monde et la défense de nos droits. Ce que nous voulons apporter de plus avec notre groupe dans l’Est-du-Québec, c’est la possibilité de participer à des activités en français et de créer localement de nouvelles opportunités de soutien et d’entraide pour les personnes autistes adultes », explique-t-elle.

« Par et pour les autistes de l’Est » tient tous les mois des rencontres en ligne. Les membres peuvent y partager leurs expériences, discuter de leurs besoins et s’informer des ressources à l’attention des personnes autistes. « Il arrive aussi que des personnes autistes francophones d’autres régions du pays se joignent à nous pour discuter en français des sujets qui sont importants pour nous. Entre ces rencontres, nous restons en contact avec les réseaux sociaux et nous souhaitons organiser des activités de groupe dans chacune des localités quand le contexte sanitaire le permettra », indique Mme Bérubé-Dufour.

Les personnes qui adhèrent au groupe « Par et pour les autistes de l’Est » y retrouvent un espace de solidarité, poursuit l’étudiante de l’UQAR. « Plusieurs des membres ont observé en se joignant au groupe qu’il est plus facile pour eux d’interagir avec d’autres personnes autistes. Des initiatives de soutien et d’entraide se mettent aussi en place rapidement entre les membres. Par exemple, deux personnes d’un même milieu de travail y ont appris qu’elles sont toutes les deux autistes et cherchent ensemble des solutions aux défis qu’elles y rencontrent au quotidien. »

Le groupe est ouvert à toute personne autiste qui est adulte. « J’invite toutes les personnes autistes de la communauté universitaire à se joindre au groupe. Il est possible de nous contacter par courriel à Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou en faisant une demande d’adhésion à notre groupe Facebook », précise l’étudiante à la maîtrise en informatique.

Marianne Bérubé-Dufour a reçu un diagnostic d’autisme à 34 ans. « Comme plusieurs personnes autistes, j’apprends de façon différente. Pendant mes études, je devais souvent tout réapprendre par moi-même en dehors des cours. J’ai d’autres difficultés que je ne réalisais pas à l’époque, par exemple en ce qui concerne l’organisation, comme voir globalement ce que j’ai à faire, planifier à long terme ou diviser un travail en étapes. »

Avant de recevoir son diagnostic, Mme Bérubé-Dufour était loin de se douter qu’elle pouvait avoir des besoins différents dans ses relations interpersonnelles. « Les stratégies que j’essayais de développer pour cheminer dans mes études avec un travail à temps partiel et la vie sociale étaient peu efficaces et j’essayais continuellement de les réajuster, ce qui me plongeait dans des périodes d’épuisement. En plus, j’essayais de « camoufler » plusieurs de mes différences, ce qui me demandait encore de l’énergie inutilement. Sentir que je ne saisissais pas bien comment les choses fonctionnent autour de moi me rendait par moment très anxieuse aussi. Avoir eu un diagnostic plus tôt et avoir pu côtoyer d’autres personnes autistes m’aurait certainement aidée à mieux me connaître, à faire des meilleurs choix de vie et à demander du soutien et les accommodements appropriés quand j’en ai eu besoin pour maintenir un équilibre dans ma vie personnelle, sociale et scolaire. »

Diplômée de l’École d’architecture de l’Université de Montréal – elle est d’ailleurs membre de l’Ordre des architectes du Québec – et titulaire d’une maîtrise appliquée en génie du bâtiment de l’Université Concordia, Marianne Bérubé-Dufour est une spécialiste en construction écologique et en efficacité énergétique. La Rimouskoise a décidé de réaliser une maîtrise en informatique à l’UQAR afin de parfaire ses connaissances sur la conception assistée par ordinateur (CAO) appliquée dans le domaine de l’architecture.

« La CAO a révolutionné la pratique de l’architecture et de la construction en général. J’ai donc décidé de me lancer dans un certificat dans le but d’acquérir des connaissances de base dans le domaine de l’informatique. Je suis maintenant des cours de deuxième cycle à la maîtrise en informatique, profil recherche. Mon projet porte sur la conception générative, une branche spécialisée de la modélisation des données du bâtiment, qui me permettra de contribuer au développement de méthodes utilisant l’informatique pour améliorer la conception des bâtiments », mentionne Mme Bérubé-Dufour.

L’intégration des personnes autistes sur le marché du travail est un enjeu important, estime l’étudiante de l’UQAR. « J’étudie à temps partiel tout en ayant un emploi et comme j’ai eu un diagnostic d’autisme, je peux demander des accommodements en vertu des lois qui existent sur l’intégration en milieu scolaire et professionnel. Je fais maintenant face à de nouvelles difficultés et, les plus grandes, je les rencontre dans les milieux de travail. Les problèmes vécus par les personnes autistes au travail et les impacts qu’ils ont sur leur santé mentale sont des sujets qui reviennent très souvent dans nos discussions avec le groupe « Par et pour les autistes de l’Est ». J’aimerais, en ce sens, souligner les efforts fournis par l’administration de l’UQAR pour constituer un comité institutionnel visant à promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI). Je souhaite que ces efforts permettent à plus de personnes autistes s’intégrer au milieu universitaire de notre région! », conclut Mme Bérubé-Dufour.