De plus en plus de microplastiques et d’additifs se retrouvent dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Étudiant à la maîtrise en océanographie, Kevin Crampond s’est penché sur leur caractérisation et leur détection. Un projet qui s’inscrit dans le cadre d’une étude internationale mobilisant des chercheuses et des chercheurs de six pays.

Originaire de Chartres, en France, Kevin Crampond a entrepris sa maîtrise à l’UQAR à l’automne 2019. « Mon projet de recherche porte sur un sujet d’actualité en pleine expansion qui vise à améliorer la compréhension de la dynamique dans un des plus importants systèmes estuariens du monde de contaminants qui ont un temps de résidence très long dans l’environnement. Il allie non seulement des manipulations en laboratoire pour lesquelles j’ai développé un intérêt lors de ma formation au niveau du baccalauréat à l’Université Paul Sabatier, mais aussi l’utilisation d’outils analytiques qui m’intéresse tout autant. »

Dirigé par le professeur en chimie Youssouf Djibril Soubaneh et codirigé par le professeur en océanographie Zhe Lu, M. Crampond s’intéresse dans son projet de recherche aux petites particules de microplastiques inférieures à 5 mm qui proviennent de la dégradation de plastiques utilisé dans divers produits de consommation ainsi que les additifs qu'ils renferment.

Ces microplastiques sont connus pour être néfastes pour la vie aquatique, souligne l’étudiant-chercheur. « Ils sont observés notamment dans les cours d’eau, les océans, les sols, l’air, la faune, l’eau embouteillée et même dans le sang des êtres humains. La dégradation des plastiques a également des conséquences néfastes, puisque ce phénomène relâche des contaminants qui sont présents dans le plastique. C’est le cas notamment des additifs qui sont ajoutés lors de la fabrication du plastique pour améliorer ses propriétés, comme la flexibilité ou encore la résistance au rayonnement UV ou à l’oxydation. »

En raison de leur taille, les microplastiques représentent un important défi quant à l’extraction d’échantillons dans l’environnement, leur quantification et leur caractérisation. « C’est dans ce contexte que mon projet de recherche s’est greffé à un autre projet d’envergure internationale visant à étudier l’efficacité de la méthodologie des études sur les microplastiques dans les environnements aquatiques. Au total, ce sont 18 laboratoires dispersés dans six pays différents qui ont participé à ce projet d’inter-comparaison dont certains sont des laboratoires de renom dans l’étude des microplastiques dans les milieux fluviaux et océaniques », précise M. Crampond.

En décembre dernier, l’étudiant en océanographie a signé avec une quarantaine de collègues l’article « Quantitative assessment of visual microscopy as a tool for microplastic research: Recommendations for improving methods and reporting » dans la revue Chemosphere. « Jusqu’à présent, peu de projets se sont intéressés à mettre en place une méthode de quantification de microplastiques normalisée pouvant produire des résultats comparables dans différents laboratoires, ce qu’on appelle l’intercomparaison. Avec cette étude, j’ai participé à un projet unique dans l’étude des microplastiques dans les milieux aquatiques et les laboratoires de l’ISMER-UQAR ont contribué à l’amélioration de la méthodologie de quantification des microplastiques. »

Le projet de recherche de Kevin Crampond est l’un des premiers à s’intéresser à la fois à la présence des microplastiques et des additifs dans les eaux de surface du l’écosystème marin du Saint-Laurent. « Mes résultats dans les travaux d’intercomparions ont contribué à l’ajustement de la méthodologie de quantification et de détection des microplastiques dans les eaux. Les estuaires sont des voies d’entrée vers le milieu marin pour bons nombres de contaminants. Les microplastiques et les additifs de plastique ne font pas exception. »

Les travaux de l’étudiant-chercheurs de l’UQAR ont, en outre, montré la présence croissante de microplastiques dans le fleuve et l’estuaire du Saint-Laurent. « Le Saint-Laurent est un des systèmes estuariens les plus grands au monde, mais peu de connaissances sont établies sur le transport des microplastiques et des additifs du fleuve jusqu’au golfe du Saint-Laurent. Comme bon nombre de fleuves, des fibres et des microplastiques sont présent dans les eaux de surface du Saint-Laurent. Certains additifs ont également été détectés dans les eaux du Saint-Laurent. Ils peuvent provenir non seulement des plastiques qui les relâchent lors de leur dégradation, mais aussi des activités économiques, urbaines et touristiques du Saint-Laurent. » Le projet de recherche a été financé par le Réseau Québec maritime (RQM), le Mitacs et a reçu un appui du regroupement stratégique EcotoQ.

Kevin Crampond est en train de finaliser la rédaction de sa maîtrise en océanographie. « Après mon projet de maîtrise, j’aimerais m’établir au Québec pour y travailler dans le domaine de l’environnement. Idéalement, j’aimerais continuer à faire des analyses environnementales et aller sur le terrain en pleine nature pour profiter des magnifiques paysages du Québec. À plus long terme, j’envisage de m’orienter vers de l’enseignement, car c’est une activité qui m’intéresse beaucoup », conclut celui qui est arbitre de tennis de table de haut niveau en dehors de ses activités de recherche.