Les études démontrent que 4 femmes sur 10 âgées de 40 à 60 ans ont une insatisfaction par rapport à leur besoin de dormir et que seulement 20 % d’entre elles sont correctement prises en charge. Malgré les solutions pharmacologiques abondantes et les interventions non pharmacologiques qui existent, trop peu de gens reçoivent les soins adéquats.

Les causes de l’insomnie et de l’anxiété chez les femmes d’âge moyen sont multifactorielles : les changements hormonaux, les changements physiques, le style de vie, l’état psychologique. Les conséquences sont néfastes, que l’on parle de somnolence diurne, d’affaiblissement des facultés, de baisse de productivité et de performance. L’insomnie est un facteur d’augmentation de la dépression et de l’anxiété et peut prédire la morbidité et la mortalité prématurée des femmes d’âge moyen en bonne santé générale.

Étudiante à la maîtrise en sciences infirmières au campus de Lévis, Johanne Lambert déposera son mémoire de recherche à l’automne. Intitulé L’effet d’une intervention en polarité sur l’insomnie et l’anxiété des femmes âgées de 40 à 60 ans provenant de la région de Québec, ce projet de recherche se veut une piste de solution pour outiller les infirmières qui viennent en aide à ces femmes, afin de leur permettre de rétablir leur indépendance dans la satisfaction de leur besoin fondamental de dormir.

Infirmière en pratique privée, Johanne a décidé de revenir sur les bancs d’école pour creuser ce sujet qui l’intéressait. « Mon retour aux études est un cadeau que j’ai décidé de m’offrir. J’ai à cœur la santé et le bien-être de la personne et j’ai toujours de l’intérêt pour les pratiques complémentaires de soins. C’est ce qui m’a amené à vouloir faire de la recherche sur les interventions pouvant  améliorer la gestion des symptômes. »

L’intervention en polarité, développée en 1945 par le Dr Randolph Stone, est une technique de base de la massothérapie qui s’appuie principalement sur les concepts de la médecine ayurvédique et des notions de la physique quantique. Le traitement consiste en des pressions sur des points précis, des tractions douces et des mouvements articulaires en respectant le principe de la polarité. La relaxation profonde est un bienfait immédiat généralement ressenti à la suite d’un massage en polarité et cette intervention peut engendrer une diminution de l’anxiété, qui est un élément clé de l’insomnie.

Réalisée sous la supervision de la professeure Nicole Ouellet et en codirection avec la professeure Danielle Boucher, la solution proposée par ce projet de recherche a pris la forme d’une étude expérimentale avant-après avec un groupe contrôle, ayant pour but d’évaluer l’efficacité d’une intervention en polarité sur la sévérité de l’insomnie et l’anxiété situationnelle des femmes de 40 à 60 ans de la région de Québec.

Les participantes du groupe expérimental ont reçu quatre séances en polarité, à raison d’une rencontre par semaine pour quatre semaines consécutives, en plus de pratiquer un protocole d’autopolarité tous les soirs au coucher. Les participantes du groupe contrôle, quant à elles, ont reçu un enseignement sur les saines habitudes à adopter pour améliorer leur sommeil.

Les résultats, recueillis à partir de questionnaires administrés avant et après l’intervention, ont permis de vérifier chacune des hypothèses émises : les femmes âgées de 40 à 60 ans ayant bénéficié de l’intervention en polarité ont présenté une diminution significative de la sévérité de leur insomnie comparativement à celles du groupe contrôle en post-intervention. Elles ont également présenté une diminution significative de leur niveau d’anxiété situationnelle comparativement à celles du groupe contrôle en post-intervention.

Cette étude aura permis de mettre en évidence l’importance de poursuivre la recherche visant à évaluer l’effet des pratiques complémentaires de soin. L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec encourage les interventions alternatives à la pharmacothérapie pour diminuer les symptômes d’insomnie et d’anxiété. L’Ordre s’est penché sur l’utilisation des outils complémentaires de soins et les a reconnus en tant que moyens additionnels que les infirmières du Québec peuvent utiliser afin de répondre aux besoins de santé des individus.

Johanne déposera son mémoire à l’automne et poursuivra au doctorat. Son passage à l’UQAR l’a ravie : « J’ai un bel attachement à l’université et une grande proximité avec l’équipe de professeurs; ils sont dynamiques, passionnés, ils s’intéressent à nos projets, ce qui est très motivant pour la poursuite des études. »