Forte de ses six années passées à étudier à l’UQAR, d’abord au campus de Rimouski, puis à celui de Lévis, Aude-Laure Gonel est maintenant de retour chez elle où elle espère pouvoir aider à la reconstruction d’Haïti, à sa manière. Portrait d’une diplômée déterminée à faire partie du changement.

Six ans plus tôt, la terre de son pays tremblait à en faire tomber les immeubles, à en fragiliser les fondations, à en faire disparaître trop d’âmes. Alors étudiante à Port-au-Prince à l’Université d’État d’Haïti à la faculté de sciences en génie électrique, elle se compte encore chanceuse d’avoir été épargnée. « J’étais à l’intérieur d’un bâtiment. Quand je suis sortie, j’ai vu qu’il y avait eu des dégâts. Mais ce n’est que le lendemain que j’ai vraiment pu constater l’ampleur de ce qui venait de se passer. » Comme les cours avaient été suspendus pour un temps, elle était dans sa famille à Cap-Haïtien quand elle a reçu un appel de sa Faculté lui annonçant qu’elle était éligible à un programme lui permettant de poursuivre ses études au Canada.

En août 2010, Aude-Laure Gonel quittait Haïti pour Rimouski, l’esprit avide de connaissances et le cœur ouvert à l’aventure. « J’avais hâte de découvrir autre chose. Après le choc du tremblement de terre, beaucoup de choses avaient changé. Avant mon départ, les cours avaient repris, mais dans des abris provisoires. Ce n’était pas vraiment intéressant. » Elle se souvient encore de l’accueil qui leur avait été réservé, à ses compagnons haïtiens et à elle. Tous ceux qui avaient travaillé à l’implantation du programme d’accueil d’étudiants haïtiens à l’UQAR étaient présents. Les professeurs leur avaient été d’un soutien incroyable pour les aider tant dans leur choix de cours que dans leur intégration. Ils avaient essayé tant bien que mal de les préparer à l’hiver québécois, les accompagnant notamment dans leur achat de vêtements d’hiver.

À Rimouski, Mme Gonel a poursuivi ce qu’elle avait déjà commencé en Haïti au programme de baccalauréat en génie électrique. Elle dit avoir toujours été attirée par l’ingénierie pour l’aspect concret des projets et les défis qu’ils représentent. Puis, elle est partie avec les mêmes motivations continuer ses études de deuxième cycle au campus de Lévis à la maîtrise en gestion de projet, cheminement coopératif. Comme une suite logique dans son parcours universitaire, le programme de gestion de projets était l’occasion pour elle de bien s’outiller pour qu’elle puisse participer à la reconstruction d’Haïti. « Tout ce qu’on voudra mettre en place pour reconstruire le pays devra passer par des projets, inévitablement. » De plus, l’opportunité de faire des stages durant le programme représentait une plus-value à ses yeux, l’occasion d’acquérir de l’expérience et de constater comment les connaissances se traduisent dans la pratique. Elle soulève l’importance de savoir s’adapter en milieu de travail, selon les équipes de travail, selon les projets mis en place.

S’adapter, c’est une grande partie de son expérience ici, au Québec. « L’UQAR, Rimouski, c’est loin, mais c’est un atout. C’est un dépaysement. Tu rencontres d’autres personnes, d’autres nationalités. Tu es obligée de sortir de ta zone de confort. Ça te fait grandir. Et comme c’est une petite université, c’est plus facile de communiquer avec les étudiants de ta cohorte et tes professeurs. » Ce qu’elle qualifie comme une expérience de vie ne prend pas seulement en compte les diplômes obtenus mais aussi, et surtout, le chemin parcouru qui l’a beaucoup fait grandir en six années.

Le 5 novembre 2016, l’étudiante haïtienne Aude-Laure Gonel montait sur la scène du Centre de congrès et d’expositions de Lévis pour y recevoir son diplôme de deuxième cycle en gestion de projet, cheminement coopératif, mais aussi pour y livrer un vibrant témoignage. Visiblement émue, elle y évoquait sa gratitude pour la disponibilité du corps professoral, l’esprit de famille qu’elle a su retrouver auprès de ses amis et collègues ainsi que son appréciation de la dimension humaine de l’Université qui a facilité son parcours et son intégration.

Celle qui a toujours voulu s’investir dans l’avenir de son pays est rentrée en Haïti avec un baluchon rempli de savoir-faire et des projets plein la tête. Elle souhaite trouver un emploi dans le domaine de l’environnement qui est, selon elle, un grand problème sur lequel il faut se pencher rapidement. D’ailleurs, elle travaille actuellement à la mise sur pied du projet Konprann chanjman klimatik (KCK) qui a été défini lors du forum jeunesse Élan Haïti auquel Mme Gonel a participé en août 2016. Ce projet a pour objectif de former et de sensibiliser les jeunes du niveau secondaire aux changements climatiques.