« C’est mon bonbon de l’été », lance en riant Mélanie Tremblay, professeure en sciences de l’éducation au campus de Lévis, en parlant du camp d’été destiné aux jeunes de 6 à 14 ans auquel elle prend part depuis maintenant cinq ans en tant que chercheuse.
Une collaboration fructueuse entre l’UQAR et l’école de patinage EDISA à Lévis a donné naissance à un camp atypique, mêlant sports, sciences, robotique et intelligence artificielle (IA). Cette initiative montre à quel point la recherche universitaire peut prendre des formes inattendues et surtout, avoir une portée concrète sur le monde. Une initiative qui attire l’attention d’autres équipes de recherche aussi.
D’une demande d’accompagnement à un engagement
Tout a commencé par une demande d’accompagnement. L’école EDISA réfléchissait à un modèle mettant de l’avant le développement global des enfants, jeunes et moins jeunes, le dada de la professeure Tremblay.
Deux ans durant, l’équipe a peaufiné son projet. Lorsqu’est venu le temps d’ouvrir officiellement le camp d’été, Mélanie Tremblay a décidé de plonger et d’en faire un projet de recherche. L’ancienne enseignante au secondaire se réjouit de la chance qui lui est offerte, à travers ce projet, de reprendre contact avec les jeunes et de revivre un peu de cette passion qui l’a déjà habitée.
Le volet pédagogique du camp d’été a gagné en popularité, au point que l’organisation doit maintenant contingenter les inscriptions. Les activités pédagogiques, qui se déroulent en collaboration avec l’école de la Clé-du-Boisé du Centre de services scolaire des Navigateurs, sont axées sur l’intelligence artificielle et la résolution de problèmes.
Favoriser l’émergence d’idées mathématiques
Pour la professeure Tremblay, « les mathématiques permettent de comprendre le monde qui nous entoure, d’essayer de le modéliser ». Et elle utilise l’intelligence artificielle pour y parvenir. Pour elle, « apprendre les maths, c’est une activité humaine. C’est apprendre à explorer, à exprimer des idées mathématiques et à s’engager dans la recherche de leur validation ».

Nous sommes loin de la conception traditionnelle des mathématiques qui consistait à résoudre des problèmes sur papier. L’objectif premier de ce camp est de stimuler la créativité et la pensée critique des jeunes en les invitant à repenser les activités mathématiques.
Des cas qui parlent aux participantes et participants
Après leur passage au camp, les jeunes comprennent comment se développe un algorithme, ce qu’est une activité de généralisation ou un modèle prédictif et ils peuvent mieux définir le fonctionnement des outils recourant à l’IA. La recherche du volet éducatif met l’accent sur des cas concrets.
Ainsi, des patineuses et patineurs ont développé un système de reconnaissance d’arabesques sur glace, en utilisant des capteurs pour évaluer la performance, tout en appliquant des concepts mathématiques.
L’équipe de recherche utilise aussi la conductivité des fruits afin de développer un modèle prédictif pour déterminer ce qui est conducteur et comment l’IA peut les aider à y parvenir.
L’interprétation de fissures sur les ponts pour déterminer s’ils doivent être réparés ou reconstruits ou l’analyse des capteurs dans une automobile pour détecter si une conductrice ou un conducteur va s’endormir font partie des cas vus lors du camp.
L’organisation de ce camp a bénéficié du soutien financier et logistique de divers partenaires, dont le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, grâce au programme Novascience.
L’UQAR a facilité l’accès au matériel, tandis que des expertes et experts du domaine ont éclairé l’équipe d’organisation du camp sur le rôle des mathématiques dans le fonctionnement de l’IA. La créatrice du volet pédagogique du camp a consulté des personnes étudiantes au doctorat afin de comprendre comment elles choisissent les modèles. « L’IA nous force à revoir notre conception de la résolution de problèmes. La modélisation à six vues est passée à une modélisation 360 degrés avec les capteurs », précise-t-elle.
Selon Mélanie Tremblay, le virage numérique offre l’occasion de repenser l’apprentissage des mathématiques en encourageant une réflexion plus large et en intégrant davantage les technologies. Apprendre à poser des problèmes devient aussi crucial que leur résolution, que ce soit individuellement ou en collaboration avec des pairs, même en dehors de la salle de classe.
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca