Comptant plus de 100 000 espèces, la biodiversité des diatomées – des microalgues unicellulaires planctoniques et benthiques – est très importante. L’une d’entre elles, Haslea ostrearia, intéresse particulièrement le professeur en aquaculture Réjean Tremblay, qui mène une recherche sur le potentiel de valorisation des diatomées bleues avec un groupe de chercheurs européens.

La diatomée Haslea ostrearia a longtemps été considérée comme le seul organisme capable de synthétiser un pigment bleu hydrosoluble original appelé marennine, explique le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en larviculture et en performance des juvéniles en aquaculture. « La marennine a des propriétés antibactériennes qui sont importantes, souligne M. Tremblay. Nous voulons l’utiliser pour contrôler la prolifération bactérienne qui pose des problèmes assez importants dans les élevages larvaires. Le contrôle serait donc biologique au lieu d’utiliser des produits chimiques antibiotiques. »

Ces recherches sur la biodiversité des diatomées bleues s’inscrivent dans le cadre du programme de recherche européen Biovadia, qui est dirigé par le docteur Jean-Luc Mouget, de l’Université du Maine, Le Mans, en France. Lancé il y a un peu plus d’un an, ce programme regroupe une équipe de 20 chercheurs français, ukrainiens, anglais, américains et canadiens. Un atelier de travail de cette équipe a d’ailleurs eu lieu à l’UQAR-ISMER, au printemps dernier.

« Pendant longtemps, des observations de diatomées aux apex bleutés, assimilées à Haslea ostrearia, ont été faites dans toutes les mers du globe, laissant supposer un caractère cosmopolite de l’espèce. Récemment, quatre nouvelles espèces de diatomées produisant un pigment de type marennine, différentes de l’espèce Haslea ostrearia, ont été décrites, mettant en évidence une biodiversité insoupçonnée des diatomées bleues », indique le professeur Réjean Tremblay.

Outre des applications en aquaculture, Haslea ostrearia est susceptible d’être utilisée en pharmacologie et en cosmétique. « C’est un pigment qui a des propriétés antibactériennes, anti-oxydantes, antiprolifératives et antivirales », mentionne le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en larviculture et en performance des juvéniles en aquaculture.

Un étudiant de l’UQAR, François Turcotte, consacre sa maîtrise sur la valorisation de la marennine dans les élevages larvaires de mollusques sous la direction des professeurs Réjean Tremblay et Jean-Sébastien Deschênes ainsi que du docteur Mouget. « Démarrer un projet en biotechnologies représente un défi, mais c’est aussi une source de motivation. En plus de m’occuper du volet biologique, je travaille avec des spécialistes de différents domaines, que ce soit avec une équipe d’ingénieurs pour la conception et le montage de l’unité de production ou avec un chimiste pour la purification et la caractérisation de la marennine. D’acquérir des connaissances dans ces domaines de la science rend mon projet de maîtrise très complet et très formateur. »

Une unité de production de masse de cette microalgue a été lancée à la station aquicole de l’ISMER pour travailler sur une nouvelle souche isolée dans les eaux côtières du Rhode Island. « La production de cette souche de microalgue est maintenant maîtrisée. Nous avons commencé, depuis l’automne 2012, la production du pigment grâce à deux unités de 400 litres. Cette étape est nécessaire pour extraire et purifier les quantités de pigments requises pour valider le potentiel biologique en condition in vitro et dans les élevages larvaires qui seront réalisés en 2013 », conclut le professeur Tremblay.