Le nom de Claudine Roy est indissociable de la Gaspésie. Figure entrepreneuriale et touristique majeure au Québec, on lui doit les succès du bistro Brise-Bise, de la Grande Traversée de la Gaspésie et de l’Auberge sous les arbres. Portrait de la dix-huitième lauréate du Prix d’excellence des diplômés de l’UQAR.

Claudine Roy a une devise bien à elle : « À l’impossible, je suis tenue! » Femme de plein air, femme de défis et femme d’action, cette Gaspésienne est une source d’inspiration pour bien des entrepreneurs. « Je pense qu’on naît entrepreneure. Pour être un bon entrepreneur, ça prend certainement de la confiance en soi. Il faut suivre ses intuitions, il faut avoir de la vision. Il faut aussi être passionné et avoir de l’ambition pour réussir. Je dis toujours aux jeunes : il faut se lever de bonne heure, ne pas avoir peur de mettre la main à la pâte et être très respectueux envers les gens avec qui on travaille. Il faut savoir prendre soin de sa main-d’œuvre. »

Née à Pointe-à-la-Frégate, tout près de Petite-Vallée, Claudine Roy a un parcours qui marie l’enseignement, le plein air et l’entrepreneuriat. Son désir d’être enseignante d’éducation physique s’est d’ailleurs manifesté tôt. Après ses études au Cégep de la Gaspésie et des Îles, elle a quitté sa région – région qu’elle désigne comme son « pays » – pour aller étudier en sciences de l’éducation à l’Université d’Ottawa. L’établissement offrait alors une concentration en plein air. Ses études terminées, elle a décroché un emploi dans une école primaire de Hull. Mais des vacances au Cap-Bon-Ami, au parc national Forillon, ont changé ses plans. « Après deux jours, je savais que je ne pouvais quitter mon pays. »

Il y avait toutefois un problème pour pouvoir enseigner au Québec : il lui manquait certains cours en éducation pour obtenir son brevet du ministère de l’Éducation du Québec. « L’UQAR m’a alors ouvert grand les bras. J’ai pu suivre les cours qu’il fallait et obtenir un certificat en éducation. J’allais à l’occasion à Rimouski ou au Cégep de la Gaspésie et des Îles pour des examens, mais l’essentiel a été fait dans mon milieu. L’UQAR m’a permis de compléter ma formation et de pouvoir enseigner. » Pendant près de quatre ans, Claudine Roy a travaillé à l’école primaire de Grande-Vallée. Son intérêt pour l’activité physique l’a toutefois amenée à relever un nouveau défi comme coordonnatrice régionale de Kino-Québec. Pendant dix ans, Mme Roy a été la représentante de ce programme provincial en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.

C’est en 1986 que Claudine Roy a lancé le bistro Brise-Bise à Gaspé. L’établissement est devenu une référence. Il employait une cinquantaine de personnes lorsqu’elle l’a transféré, en 2014, à Simon Poirier. Un autre défi entrepreneurial attendait toutefois la Gaspésienne. Tombée sous le charme de la Maison Carter, une résidence patrimoniale de 1865, elle en a fait l’acquisition en une journée et a jeté les bases de ce qui allait devenir l’Auberge sous les arbres. L’établissement a rapidement gagné ses lettres de noblesse. En 2018, il recevait le prix du meilleur hôtel au Canada du site Hotels.com, qui se spécialise dans la réservation en ligne. C’était la première fois qu’un établissement du Canada recevait une note de 10/10.

Claudine Roy entourée du président de la Fondation de l’UQAR, Mathieu Santerre, et du recteur de l’UQAR, Jean-Pierre Ouellet.Claudine Roy entourée du président de la Fondation de l’UQAR, Mathieu Santerre, et du recteur de l’UQAR, Jean-Pierre Ouellet.Le tourisme hivernal en Gaspésie doit beaucoup à Claudine Roy. Avec la Grande Traversée de la Gaspésie, elle a développé un happening hivernal international. « Pendant toutes mes études, j’ai toujours amené du monde en Gaspésie. Je trouve que notre pays est absolument extraordinaire : c’est un pays de mer et de montagnes. » Au départ, l’activité prenait la forme d’une randonnée d’une semaine entre amis pendant le temps des Fêtes. Or, l’activité est devenue un événement incontournable au fil des ans. Les participants viennent de la Suisse, de l’Allemagne et des États-Unis, entre autres. Des personnalités comme Julie Payette et Armand Vaillancourt s’y sont rassemblées. Des articles ont même été publiés dans le New York Times et le journal Le Monde. « Je me suis fait prendre à mon propre jeu. Dix-sept ans plus tard, je suis toujours présidente de cet OBNL », poursuit-elle, ajoutant qu’une randonnée pédestre d’une semaine a été ajoutée à l’automne.

En plus de son implication bénévole dans la Grande Traversée de la Gaspésie, Claudine Roy a pris part à l’organisation du 475e anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier à Gaspé et au projet de reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge de Petite-Vallée, qui a brulé en 2017. « Quand je m’implique dans quelque chose, c’est toujours pour le développement de ma région », souligne-t-elle.

Le curriculum vitae de Claudine Roy compte plusieurs distinctions prestigieuses, dont celles de chevalière de l’Ordre national du Québec (2010) et de membre de l’Ordre du Canada (2019). Cela dit, le Prix d’excellence des diplômés de l’UQAR revêt un cachet spécial pour la Gaspésienne. « C’est une des plus belles reconnaissances que j’ai reçues. Je crois fermement en l’éducation. Ça structure notre pensée et nous amène ailleurs. Une population instruite est une population qui se tient debout. »

La formation est, enfin, un enjeu majeur pour le développement des régions desservies par l’UQAR et la rétention d’une main-d’œuvre qualifiée, conclut Mme Roy. « L’Université du Québec à Rimouski a un rôle de grande importance à jouer pour nos régions. Il faut continuer à faire connaître l’UQAR et son importance ici, notamment les formations qu’elle offre en collaboration avec le Cégep de la Gaspésie et des Îles. »