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Une équipe de l’ISMER déboulonne un mythe sur la Nuit étoilée de Van Gogh

La Nuit étoilée, de Vincent van Gogh. (Photos : Wikipedia)

Une équipe de l’Institut des sciences de la mer de l’UQAR vient de déboulonner un mythe au sujet d’un des tableaux les plus connus au monde. Un article publié dans le Bulletin of the American Meteorological Society (BAMS) montre que rien de plausible ne soutient que La Nuit étoilée de Vincent van Gogh respecte les lois physiques de la turbulence.

Une étude publiée à l’automne 2024 dans le journal Physics of Fluids a créé une tempête médiatique internationale en suggérant que les spirales et les auréoles autour des étoiles et de la lune dans le tableau de Van Gogh s’apparenteraient aux tourbillons observés dans de réels fluides turbulents. En outre, celles-ci suivraient la fameuse loi de Kolmogorov sur la turbulence des fluides, une loi fondamentale de la mécanique des fluides développée en 1941 par le célèbre mathématicien russe Andreï Kolmogorov

Une affirmation que rejette une équipe de recherche dirigée par le professeur Daniel Bourgault, de l’ISMER-UQAR. « À l’aide d’un raisonnement par l’absurde, nous avons montré que cette coïncidence est purement anecdotique et fortuite. En effet, il faudrait alors conclure — de manière tout aussi absurde — que la toile de Degas intitulée Une femme assise à côté d’un vase de fleurs représente elle aussi fidèlement un écoulement turbulent, si l’on appliquait à cette œuvre la même méthode d’analyse », indique le professeur en océanographie physique.

L’article signé par le professeur Bourgault et ses collègues Cédric Chavanne, Jérôme Lemelin (UQAR-ISMER) et Sandy Grégorio de l’ISMER-UQAR, Peter Galbraith de l’Institut Maurice-Lamontagne et Warren H. Finlay de l’Université de l’Alberta avance que les conclusions tirées au sujet de La Nuit étoilée reposent sur une analyse incomplète. De plus, elle ne prend en compte qu’un seul critère associé à la turbulence.

Une femme assise à côté d’un vase de fleurs, de Degas.

« L’étude publiée l’année dernière a négligé de nombreuses caractéristiques fondamentales qu’une recherche sérieuse et rigoureuse devrait normalement considérer. Pour prendre une analogie : c’est comme si, en présence de pétales, on en concluait qu’elles proviendraient de roses sans prêter attention à leur couleur ni à leur forme. Or, si toutes les roses sont des fleurs, toutes les fleurs ne sont pas des roses », illustre le professeur Bourgault.

C’est en 1889 que Vincent van Gogh a peint La Nuit étoilée. Considérée comme son chef-d’œuvre, elle est conservée depuis 1941 au Museum of Modern Art (MoMA) de New York. « Notre étude n’enlève évidemment rien à la valeur artistique de La Nuit étoilée, mais elle montre que cette toile, contrairement à une croyance populaire grandissante, ne renseigne pas sur la mécanique des fluides », conclut le professeur Bourgault.

On peut lire l’article « If van Gogh’s The Starry Night depicts perfect turbulence, so should Degas’ A Woman Seated Beside a Vase of Flowers » sur le site du Bulletin of the American Meteorogical Society. L’étude peut être téléchargée ici.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca