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Une mission à la croisée des disciplines pour étudier le fond du chenal Laurentien

Vue du Saint-Laurent depuis le Coriolis II, au-dessus de la zone profonde du chenal Laurentien. (photo : Juliette Lusven)

Une équipe de l’Institut des sciences de la mer de l’UQAR est de retour d’une mission dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent consacrée aux « pockmarks », des structures sédimentaires en forme de cratères qui parsèment le fond du chenal Laurentien.

Dirigée par le professeur André Pellerin, la mission s’est déroulée à bord du Coriolis II du 12 au 18 novembre. Financée par MEOPAR et le programme Transformer l’action pour le climat, elle a rassemblé des scientifiques de l’ISMER-UQAR et de l’Université Memorial. « La mission visait à comprendre la dynamique des « pockmarks » en combinant des approches en acoustique et en imagerie sous-marine ainsi qu’en réalisant des échantillonnages ciblés », explique le professeur Pellerin. « Trois zones principales ont été étudiées, soit au large de Baie-Comeau, de Betsiamite et au centre du chenal en zone profonde. ».

Vue du submersible ASTRID. (photo : Juliette Lusven)

Les « pockmarks » sont des dépressions résultant de la remontée de fluides géologiques sous forme de bulles, principalement de gaz comme le méthane. « Ils restent encore mal connus, en raison de l’inaccessibilité et l’invisibilité du milieu sous-marin », indique le professeur Pellerin. « L’élément central de l’expédition fut l’utilisation d’un véhicule submersible robotique d’Amundsen Science nommé ASTRID. Cet instrument a été essentiel pour accéder aux profondeurs du chenal. »

Équipé d’un éclairage, de caméras, de capteurs et de bras robotisés, ASTRID a permis à l’équipe de capter de nombreuses données et images en temps réel et de prélever des échantillons de sédiments et de gaz avec grande précision. « Déjà, les résultats nous ont démontrés que la quasi-totalité des plus de 3000 pockmarks recensés du Saint-Laurent ont des évents dont la sortie de gaz est continuelle dans le temps et ponctuelle, c’est à dire dans une région spécifique de la dépression qui constitut le « pockmark », mentionne le professeur de l’ISMER-UQAR.

Reconstitution 3D du fond marin d’une dizaine de pockmarks et superposition artistique d’émanation de bulles de méthane au fond du chenal Laurentien (Image : Quentin Beauvais)

L’artiste en arts visuels et médiatiques Juliette Lusven faisait partie de la mission. Postdoctorante à l’ISMER, elle va utiliser les données récoltées sur le Coriolis II comme matériel pour sa recherche-création. « L’art et la science, bien que souvent distincts dans leurs méthodes et leurs finalités, partagent une quête commune : rendre visible l’invisible. L’opacité et l’inaccessibilité du milieu sous-marin stimule particulièrement l’imagination et la collaboration entre les disciplines. En étudiant les « pockmarks », on a cette impression constante d’explorer une autre planète, alors qu’il s’agit bel et bien de la nôtre, comprenant encore de nombreux mystères à élucider », observe-t-elle.

Plusieurs chercheuses et chercheurs ont également pris part à la mission, dont Ludovic Pascal, Quentin Beauvais, Éloise Goupil, Gabriel Saint-Pierre et Novignon Ezi de l’ISMER et le postdoctorant Valentin Kokarev de l’Université Memorial. « Il importe aussi de souligner l’importante contribution des équipes du Coriolis II et de l’Amundsen Science. Chacune et chacun ont fait en sorte que notre mission soit un succès », conclut le professeur Pellerin.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca