Mieux comprendre la gouvernance municipale

Étudiant à la maîtrise en développement régional et territorial, Vincent Tremblay effectue présentement un séjour de recherche à l’Université de Rennes 2 et à l’Institut d’Études politiques de Rennes.

Les mairesses et les maires jouent un rôle central dans la gouvernance et le développement de leur communauté. Candidat à la maîtrise en développement régional et territorial, Vincent Tremblay consacre son projet de recherche à ces figures centrales de la politique municipale et aux stratégies qu’elles déploient pour définir des objectifs communs avec leurs commettants.

Les travaux du chercheur en développement régional sont au croisement de la science politique et des sciences régionales. « Mon mémoire s’intéresse aux processus qui produisent de l’ordre, de la stabilité sociale et politique, dans un certain type de territoire du Québec, dit rural et périphérique, explique-t-il. « Comment les membres d’une communauté, de pair avec les autorités politiques, s’y prennent-t-ils pour définir et atteindre des objectifs communs? Comme ils occupent les postes d’autorités politiques officiels des municipalités et qu’ils sont reconnus par tous comme participant de la gouverne des collectivités territoriales, je me concentre sur le travail des mairesses et des maires. »

La politique municipale est le palier le plus près des citoyennes et citoyens. Cette proximité intéresse particulièrement le chercheur de l’UQAR. « Être maire ou mairesse au Lac-Saint-Jean, en Haute-Gaspésie ou dans un arrondissement de Montréal, ce n’est pas la même expérience. Les gens ne sont pas exactement préoccupés par les mêmes choses, ce n’est pas la même histoire de colonisation, l’économie est différente. Et pour moi, c’est ça la beauté d’étudier le territoire, ça ajoute de la texture à la science et ça me passionne. Depuis plusieurs années, j’ai un appétit assez vorace pour les choses politiques. Je veux fouiller. Je veux comprendre pourquoi telle décision est prise et pas une autre. Je veux comprendre qui gouverne, qu’est-ce qui est gouverné? »

Dirigé par le professeur Yann Fournis, Vincent Tremblay est titulaire d’un baccalauréat en développement des sociétés et territoires. Pour la réalisation de son mémoire, il a obtenu une bourse de maîtrise en recherche de 40 000 $, répartie sur deux ans, du Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC).

Le chercheur en développement régional souhaite que son projet de maîtrise apporte un nouvel éclairage aux différents enjeux et défis inhérents aux mairies. « Dans une petite municipalité, il y a beaucoup de choses à faire, mais généralement peu de ressources disponibles. Maintenir une offre de services adéquates, s’adapter aux bouleversements climatiques, développer des loisirs pour les jeunes, par exemple. Ce n’est pas facile, c’est un processus constant de mise en ordre des intérêts de la communauté. Depuis la pandémie, c’est plus que le dixième des personnes élues sur la scène municipale qui a renoncé à sa fonction, et ça en particulier dans les localités de moins de 1000 habitants. Les recherches qu’on fait sur le sujet à l’UQAR sont certes partagées dans le milieu universitaire, mais il y a aussi une demande du monde municipal. Je pense qu’on gagnerait à aller chercher un plus grand public. »

Originaire de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, en Montérégie, Vincent Tremblay a posé ses valises à Rimouski au début de l’année 2021 pour venir étudier en développement régional. « J’ai tout de suite aimé la ville. L’UQAR, spécifiquement le département Sociétés, territoires et développement, c’est mon alma mater. J’apprécie la diversité des recherches qui y sont produites et leur ancrage dans la région. Bien que je me spécialise en science politique pour mon mémoire, la multidisciplinarité en sciences sociales est une force que j’ai décidé d’invertir encore. »

Pendant son baccalauréat, Vincent Tremblay a commencé à travailler avec le professeur Yann Fournis, qui est un spécialiste de la gouvernance territoriale et municipale. « Je me sens dans une équipe. Je sens que je participe à un chantier de recherche stimulant intellectuellement, mais qui a aussi une pertinence sociale : la vie politique municipale, c’est l’affaire de tout le monde, tout le monde habite dans une municipalité. Sans faire de bruit, les décisions politiques s’accumulent sur des décennies, jusqu’à façonner l’environnement dans lequel on vit. »

Un article cosigné par M. Tremblay portant sur le travail des mairesses et des maires de petites municipalités du Bas-Saint-Laurent a récemment été publié dans la revue Canadian Journal of Urban Research. Il s’intitule Savoir être maire d’une municipalité rurale : les registres d’actions du « municipalisme pragmatique ».

« L’article dessine les contours d’un « art de gouverner » dans une petite municipalité », précise le chercheur rattaché au Centre de recherche sur le développement territorial, le CRDT. « Mais le terme gouverner est sans doute un peu trop fort. Si la scène municipale rurale est souvent dite apolitique, notre article examine une autre hypothèse soutenant que les petites municipalités font plutôt l’objet de règles et mécaniques politiques originales, où se joue quotidiennement la négociation d’un ordre politique territorial. »

Cycliste accompli, Vincent Tremblay a profité du mois d’août pour rouler en France et faire l’ascension du renommé mont Ventoux.

Le 1er septembre dernier, M. Tremblay a entrepris un séjour de recherche de deux mois à l’Université de Rennes 2 et à l’Institut d’Études politiques de Rennes. « Je suis accueilli par l’Unité mixte de recherche en sciences sociales et humaines ARÈNES sous l’encadrement de Sébastien Ségas. Mon séjour consiste à participer à des séminaires avec des expertes et experts de mon projet de recherche, à collaborer avec les chercheuses et chercheurs du laboratoire, à présenter les recherches que j’ai faites sur la vie municipale québécoise. En parallèle, avec la maître de conférence Estelle Delaine et mon directeur Yann Fournis, je mène une enquête sur le pouvoir municipal et la progression de l’extrême droite dans les campagnes bretonnes, notamment à partir de l’enjeu très chaud ici de l’accueil des personnes exilées. » Notons que M. Tremblay a bénéficié du programme de mobilité internationale de l’UQAR pour son stage international.

En plus de ses études, Vincent Tremblay est impliqué au sein de la coopérative de construction communautaire La Couverte. Il en préside le conseil d’administration depuis juin 2024. Il se laisse toutes les portes ouvertes quant à son avenir professionnel après sa maîtrise en développement régional et territorial. « Je souhaite prendre du temps pour réfléchir si je veux poursuivre à la thèse et si c’est le cas, sur quel sujet. Pour moi c’est une seule et même réflexion. Je me vois aussi travailler dans le milieu de l’économie sociale et solidaire, dans le milieu communautaire, mais aussi de près ou de loin avec les municipalités ou les MRC, surtout rurales, quelque chose comme un « conseiller » ou un « agent ». Je vais profiter de mon séjour en France pour penser à tout ça! »

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