Nommée parmi les 50 personnes les plus innovantes au monde par la Société royale de Londres, Maya Al-Sid-Cheikh est une chercheuse qui attire de plus en plus l’attention. Diplômée à la maîtrise en océanographie, cette spécialiste en chimie analytique environnementale est aujourd’hui professeure à l’Université de Surrey, en Angleterre. Portrait d’une scientifique qui se démarque avec ses travaux sur les contaminants des océans.

Originaire du village de Vivonne, près de Poitiers en France, Mme Al-Sid-Cheikh a réalisé sa maîtrise à l’ISMER-UQAR à la fin des années 2000 sous la direction du professeur émérite Émilien Pelletier. « Depuis mon plus jeune âge, je suis passionnée par les causes environnementales liées à l’océan. C’est pour cela que je me suis orientée vers l’océanographie. J’ai réalisé en chemin que la meilleure façon d’étudier ce qui me passionnait le plus dans les océans, soit les polluants, était de devenir chimiste à part entière, plutôt que d’étudier dans un domaine général », indique-t-elle.

Ayant consacré sa maîtrise à la bioaccumulation et à la distribution de l’argent dissous et nanoparticulaire chez le pétoncle d’Islande et l’omble chevalier, la chercheuse a montré que la taille des nanoparticules d’argent influence leur temps de résidence chez ces organismes. « Les particules d’argent se déplacent entre les organes, en particulier dans le foie des poissons. Une hypothèse, toujours à l’étude, mais exposée par mes travaux, est la potentielle dissolution des nanoparticules d’argent à l’intérieur des organismes, et leur potentiel transport dans le système sanguin pour atteindre des organes plus profonds tels que les os et le cerveau », explique Mme Al-Sid-Cheikh.

Après son passage à l’UQAR, Maya Al-Sid-Cheikh a poursuivi ses études au doctorat à l’Université de Rennes afin de se pencher sur l’impact des oxydes de fer naturels et des nanoparticules manufacturées sur la dynamique des éléments traces dans les sols de zones humides. Elle a réalisé sa thèse en seulement trois ans et l’a soutenue en 2015. « Ce projet de recherche m’a permis d’étendre mes compétences en chimie analytique et en imagerie chimique, entre autres avec l’utilisation du NanoSIMS, une technique de pointe utilisée pour caractériser la distribution des éléments par masse, ce qui permet de caractériser la distribution des éléments non radioactifs. Pour résumer les conclusions de ma thèse, les nanoparticules de fer impactent la mobilité des métaux toxiques dans les sols de zones humides et l’utilisation d’enrobages peut potentiellement transporter l’arsenic dans les eaux souterraines », mentionne Mme Al-Sid-Cheikh.

En 2018, la diplômée de l’UQAR a publié un article dans la prestigieuse revue scientifique Environmental Science & Technology sur l’impact des nanoplastiques sur la coquille Saint-Jacques qui lui a valu d’être reconnue par la Société royale de Londres comme l’une des 50 personnes les plus innovantes au monde sur le plan de l’amélioration des connaissances en sciences naturelles. Citée dans plus de 100 autres articles scientifiques, cette publication a même eu des échos, entre autres dans National Geographic, Forbes et Der Spiegel.

Maya Al-Sid-Cheikh a obtenu un poste de professeure en chimie analytique environnementale à l’Université de Surrey en 2019. « Je monte actuellement mon laboratoire, ARIEL, ainsi qu’un groupe de recherche sur les contaminants d’inquiétude émergente. ARIEL est un laboratoire dédié à l’utilisation des radio-isotopes dans les recherches environnementales. Mon groupe a un intérêt particulier pour la pollution plastique. » Le Conseil de recherche sur l’environnement naturel du Royaume-Uni a octroyé un appui financier de plus de 1 M$ pour la mise sur pied du laboratoire.

L’attachement de Maya Al-Sid-Cheikh envers l’UQAR et l’ISMER demeure important, conclut la spécialiste en chimie analytique environnementale. « L’Université et Rimouski auront toujours une place spéciale dans mon cœur, car c’est là que j’ai rencontré mon mari et le père de mes enfants. C’est également grâce à l’UQAR que j’ai rencontré le chercheur Christian Gagnon, Ph. D., chef de section à Environnement Canada et également un ancien de l’UQAR. Christian est rapidement devenu mon mentor, et malgré la distance, il a toujours été présent pour m’épauler tout au long de mon parcours. Ses conseils, toujours pertinents, ont contribué à mes succès malgré tous les défis que j’ai eu à surmonter dans ma carrière. »