L’accès aux soins de première ligne est l’un des grands enjeux du réseau de la santé. Un partenariat entre l’UQAR et le CLSC de La Guadeloupe, en Chaudière-Appalaches, se démarque par son approche qui intègre les étudiantes et les étudiants à la maîtrise en sciences infirmières – infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL). Près de 1800 consultations supplémentaires ont pu être réalisées en un peu plus de deux ans, dont le tiers pour des patientes et patients orphelins.
En 2023, Maxime Fortin et Samuel Gagné ont eu l’idée de « redonner vie » à des locaux inutilisés de l’ancien CHSLD de La Guadeloupe. En partenariat avec l’UQAR, ces IPSPL du CLSC de La Guadeloupe ont mis sur pied le projet « Former la relève IPS en région ». Une initiative mariant les savoirs universitaires et cliniques pour offrir une expérience de stage ancrée dans la réalité communautaire.
Douze étudiantes et étudiants à la maîtrise en sciences infirmières IPSPL ont ainsi pu être accueillis dans ce nouveau milieu de stage. « Il s’agissait de rapprocher l’offre de soins des communautés rurales, de former des IPSPL dans un contexte authentique et réaliste, et de développer une main-d’œuvre hautement qualifiée enracinée dans un milieu », explique la professeure en sciences infirmières Julie Gagnon. « Le projet visait également à favoriser la rétention des IPSPL en région en démontrant que la pratique en milieu rural est stimulante, valorisante et porteuse de retombées profondes pour la population. »
En un peu plus de deux ans, les stagiaires ont réalisé près de 1800 consultations, dont 35% auprès d’une clientèle n’ayant pas de médecin de famille. « Le fait d’être dans un centre rural comme celui de la Guadeloupe nous permet de voir une diversité de clientèle, autant sur le plan des problématiques rencontrées que la diversité de patients et patientes de tout âge, de tout milieu et de toute culture. C’est très enrichissant d’avoir la chance de développer sa pratique dans un milieu aussi bien encadré et surtout rempli d’humanisme », mentionne Annie-Claude Couture, qui étudie à la maîtrise en sciences infirmières IPSPL.
Maintenant IPSPL à Saint-Prospère pour le Centre intégré de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), Catherine Turcotte indique que son stage au CLSC de La Guadeloupe l’a bien préparée à développer une pratique autonome en milieu rural. « J’offre des soins adaptés aux gens de cette communauté de 0 à 100 ans. Avec ma formation, j’ai pu débuter, entre autres : des suivis de grossesses, administrer des infiltrations musculosquelettiques sous repères anatomiques, donner des soins à domicile lorsque la situation le nécessite, administrer l’aide médicale à mourir, procéder à des interruptions de grossesse et bien plus encore ! »
Prix d’excellence
Le projet « Former la relève IPS en région » a décroché le prix « Amélioration de l’offre concertée avec la communauté » lors du dernier Gala d’Excellence du CISSS de Chaudière-Appalaches. Cette distinction souligne une initiative exemplaire qui conjugue innovation, engagement régional et excellence en soins de santé. « Pour les superviseurs et la population, les retombées du projet sont palpables : une offre de soins accrue, une formation alignée sur les besoins réels et un sentiment de fierté collective », observe Maxime Fortin, IPSPL conseillère cadre volet IPS au CISSS-CA, co-instigatrice du projet et chargée de cours à l’UQAR.
« Former la relève IPS en région » est le fruit d’une grande collaboration, notamment avec les gestionnaires, le personnel des services techniques, de l’accueil et de l’entretien ménager, les IPS, les infirmières cliniciennes et les médecins du CLSC de la Guadeloupe. Du côté de l’UQAR, l’auxiliaire d’enseignement et de recherche Sheila Lai, la professeure retraitée en sciences infirmières Danielle Boucher et plusieurs personnes chargées de cours ont aussi joué un rôle clé dans l’organisation et la poursuite de ce projet. « Toutes ces personnes sont mobilisées pour offrir un enseignement d’excellence aux étudiantes et aux étudiants, pour développer leurs compétences et pour leur faire vivre des stages porteurs de sens. Il faut aussi souligner la contribution des professeures IPSPL Jacynthe Dufour et Julie Poirier dans la préparation des stagiaires », ajoute la professeure Gagnon.
Le projet né pour accroître l’accessibilité aux soins pour la population rurale et offrir des milieux de stage pour une formation clinique adaptée a fait ses preuves. « L’UQAR a intégré officiellement le site dans son offre de stages. C’est un modèle de collaboration interinstitutionnelle porteur qui contribue à la pérennité de la pratique infirmière avancée en région », conclut la professeure Gagnon, qui est maintenant la directrice du programme de maîtrise en sciences infirmières IPSPL.
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