Le parc national du Mont-Tremblant reçoit des milliers de visiteurs par année et abrite plusieurs espèces animales, dont le loup de l’Est qui en est l’animal emblématique. Un des principaux enjeux de conservation du parc est d’ailleurs l’habituation des canidés à la présence humaine. Étudiante à la maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats, Kimberly Malcolm cherche à mieux comprendre ce phénomène afin de prévenir des rapprochements avec les usagers du parc.

La biologiste travaille sous la direction du professeur spécialiste en écologie de la grande faune, Martin-Hugues St-Laurent, et de la chercheuse Marianne Cheveau du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, en collaboration avec la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ). « Les loups ne sont pas réputés pour attaquer lors de leur première rencontre avec des humains, mais les rares cas d’attaques se terminent souvent par l’abattage de l’animal coupable. Il est donc nécessaire de documenter les comportements de sélection d’habitat et d’utilisation de l’espace de ces grands canidés en fonction de la présence d’infrastructures humaines », explique Mme Malcolm.

« Plusieurs animaux interprètent les sites perturbés par les humains comme étant des risques de prédation. Toutefois, les études en écologie comportementale révèlent que certains animaux apprennent à ignorer des stimuli, comme une odeur ou un son, considérés comme inoffensifs. Cela fait en sorte qu’ils se rapprochent de plus en plus des humains, ce qui engendre un plus grand risque de rencontre avec des personnes », poursuit la chercheuse.

Durant trois étés, les canidés sur le territoire du parc national du Mont-Tremblant ont été capturés pour les munir de colliers télémétriques transmettant par lien satellitaire leur position GPS. Avec ces données, la chercheuse de l’UQAR a pu établir la superficie du parc utilisée pour leur sélection des ressources et leurs déplacements. « Les premiers résultats indiquent un rapprochement des loups des infrastructures de logement, comme les campings, les chalets, les blocs sanitaires et les bâtiments d’accueil, au cours d’une saison touristique. Toutefois, il reste à déterminer si cela est causé par l’habituation aux humains, ou, par exemple, parce que certains campeurs laissent des déchets derrière eux qui constituent une nouvelle source d’alimentation pour les loups », précise-t-elle.

Afin d’atténuer les impacts du développement humain sur la faune et son habitat, certains parcs nationaux au Canada et ailleurs dans le monde utilisent déjà certains outils comme des barrières (lignes de Fladry) ou des dispositifs d’effarouchement auditif. Les recherches de Mme Malcolm donneront des pistes quant aux mesures à mettre en place pour éviter les rencontres problématiques entre le loup et l’homme.

La maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats de l’UQAR est une formation de type « recherche » en biologie, qui vise à former des scientifiques qui contribueront à l’amélioration de la conservation et de l’exploitation des ressources.

Des projets de recherche peuvent être réalisés dans le domaine de la dynamique des populations fauniques, comme le projet de Mme Malcolm, mais aussi dans des secteurs-clés comme la génétique des populations animales, la biologie adaptative, l’écologie forestière et la biologie évolutive.