Originaire de Saint-Antonin près de Rivière-du-Loup, le diplômé en comptabilité, Steve Fortin, a un parcours professionnel fort enviable. Étudiant brillant, comme en fait foi sa moyenne parfaite (4.0 sur 4.0) au baccalauréat à l’UQAR, lequel fut complété en 1992, monsieur Fortin a de plus obtenu une première place au Québec à l’examen de l’Ordre des CA, et a terminé au 6e rang au Canada. Steve Fortin a su faire sa marque partout où il est passé.

Rencontre avec celui qui occupe aujourd’hui la fonction de Directeur de l’École de comptabilité et de finance de l’Université de Waterloo, en Ontario.

 Pourquoi avoir choisi l’UQAR pour vos études en 1989?

L’Université avait une très bonne réputation et ma conjointe, qui est aujourd’hui mon épouse, Marie-Lyne Dubé de Rivière-Bleue, cherchait également un endroit pour faire ses études universitaires en adaptation scolaire et sociale. Nous voulions trouver un endroit pas trop loin de nos familles. Pouvoir étudier dans notre région constituait alors une belle opportunité pour nous.

Diplômé au baccalauréat en administration / comptabilité en 1992, quels souvenirs gardez-vous de l’UQAR?

Je suis arrivé à l’UQAR avec une formation en sciences pures et j’ai dû travailler un bon coup afin de me mettre à niveau et adopter un rythme de croisière pour réussir mes études. Le goût de la comptabilité m’est arrivé sur le tard, alors que j’avais pris un cours optionnel au cégep de Rivière-du-loup où il y a eu une sorte de déclic pour cette discipline. J’ai eu la chance de travailler avec un chargé de cours, monsieur Yvon Cavanagh, durant deux étés et cela m’a permis de compléter des projets me poussant à bien me préparer pour les examens de fin d’études. D’ailleurs, j’ai tenté d’implanter plusieurs de ces expériences à McGill où j’ai travaillé pendant 18 ans, puisque cela avait été des facteurs de succès pour moi.

J’étais également de la toute première délégation de l’UQAR aux Jeux du commerce. Nous avions seulement un t-shirt pour nous identifier, alors que les grosses universités avaient des habits complets pour leur délégation. Les Jeux se déroulaient à Concordia et nous étions partis en autobus de Rimouski sans trop savoir à quoi nous attendre. Qu’à cela ne tienne, notre équipe a fini deuxième en comptabilité! Nous étions bien fiers de notre performance.

Comme je le mentionnais, ce fut une première année intense puisque je n’arrivais pas avec un DEC en comptabilité, mais malgré tout, j’en garde un excellent souvenir. J’ai connu une expérience semblable à l’UQAR durant mon passage, c’est-à-dire, une université dotée d’une grande attention pour l’enseignement. Un endroit où l’on prend soin des étudiantes et des étudiants. Les professeurs et personnes chargées de cours étaient tous compétents. J’ai eu une très belle formation à l’UQAR.

En 2005, alors professeur de comptabilité à l’Université McGill, j’ai accompagné la délégation de l’Université comme coach lors des Jeux du Commerce qui avait lieu à Rimouski. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire. J’ai également accepté de participer à une révision du programme de comptabilité de l’UQAR à titre de consultant externe il y a quelques années. Ceci démontre bien que l’UQAR occupe toujours une place importante dans mon cœur.

Professionnellement parlant, vous avez choisi de démarrer votre carrière pour Deloitte à Sept-Îles sur la Côte-Nord. Cette expérience aura duré trois ans. Pourquoi?

Ma conjointe et moi cherchions à ce moment un endroit où nous pourrions nous établir professionnellement et y vivre à titre de nouveaux diplômés. On a fait plusieurs appels et à l’époque, il n’y avait pas de postes disponibles en enseignement, autant pour elle que pour moi, dans un rayon de 150 km autour de l’UQAR. Durant la même période, c’était le boom de l’Aluminerie Alouette et nous avons donc appelé à Sept-Îles. On nous a dit de venir, qu’il y aurait au moins de la suppléance pour ma conjointe. Pour ma part, j’avais deux offres d’emplois et j’ai choisi Deloitte. Par hasard, il se trouvait que l’associé de Deloitte avait été président du conseil d’administration de l’école privée là-bas durant plusieurs années et il a mis mon épouse en contact avec le directeur de l’école. Justement, l’école était à la recherche d’une jeune enseignante! C’est comme cela que nous avons commencé notre vie professionnelle en même temps!

En 1995, vous avez choisi de faire un doctorat en comptabilité à l’Université de Waterloo, en Ontario. Pourquoi cette destination?

Lorsque j’ai passé mes examens de CA à l’automne 1992, l’ancien recteur de l’UQAR, monsieur Marc-André Dionne, m’a appelé en me disant qu’il souhaitait que je revienne travailler à l’UQAR à titre de professeur. Je devais cependant obtenir le grade de CA et posséder un doctorat. Il était prêt à me supporter afin que je puisse compléter mes études. J’ai ensuite rencontré le professeur Claude Galaise qui m’a aidé à identifier les quelques universités qui faisaient de la recherche au Canada, où il y avait de bons programmes de formation. L’Université de Waterloo offrait un large éventail de domaines pour des études doctorales en comptabilité. J’ignorais à l’époque ce qu’était la recherche comptable!

D’un autre côté, mon épouse ne voulait pas aller aux États-Unis et elle souhaitait être le plus proche possible du Québec. Elle a entrepris un retour aux études à Waterloo à la maîtrise en linguistique française pendant que je faisais mon doctorat en comptabilité.

Pendant 18 ans, vous avez occupé différentes fonctions à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill entre autres comme enseignant, chercheur et gestionnaire. Que pourriez-vous nous dire à propos de votre expérience là-bas?

À la fin de mes études au doctorat à l’Université de Waterloo en 1999, j’ai commencé à chercher un travail et j’ai eu quelques entrevues avec HEC Montréal, Concordia, McGill, Université de Toronto, Queens et Western Ontario. J’ai eu à choisir entre cinq offres d’emplois. À mon arrivée à la Faculté Desautels en management de McGill, j’ai été professeur et ensuite directeur et finalement doyen adjoint pour 7 programmes de maîtrise en gestion et management (MBA, PMBA, MBA Japon, CPA, etc.) incluant la gestion de sept directeurs de programmes universitaires et du personnel de soutien reliés à ces différentes formations. Nous avions plus de 440 étudiantes et étudiants à l’intérieur de ces programmes.

J’ai adoré mon expérience à McGill, endroit où j’ai développé mes habiletés en gestion administrative. Tout au long de mon parcours, tant comme professeur que comme gestionnaire, j’ai réussi à garder un lien étroit avec les étudiantes et les étudiants. C’est la raison pour laquelle j’ai obtenu à cinq reprises une distinction de l’Association étudiante de cycles supérieurs de l’Université McGill à titre de professeur de l’année pour mon implication dans la vie étudiante (trois distinctions) et à deux reprises à titre de professeur de l’année pour l’excellence de l’enseignement à McGill.

Durant cette période, une autre expérience fut vraiment intéressante. En effet, j’ai eu la chance de me rendre neuf fois au Japon entre 1996 et 1998 pour y enseigner au MBA. J’ai aussi fait un voyage avec une délégation de 80 étudiantes et étudiants de McGill pour des cours là-bas. Vraiment une très belle expérience pour moi et les étudiantes et étudiants de la délégation.

Depuis l’automne 2018, vous occupez le poste de Directeur de l’École de comptabilité et de finance de l’Université de Waterloo. Un genre de retour aux sources en quelque sorte...

Il s’agissait d’une superbe opportunité de carrière pour moi après de nombreuses années à McGill et j’ai reçu un appel d’un chasseur de têtes. Après discussion avec la famille, la décision fut prise d’accepter ce nouveau défi professionnel. Suite au processus de sélection pour ce poste, c’est moi qui ai été choisi! J’ai 2 300 étudiants sous ma responsabilité à titre de directeur de l’École de comptabilité et de finance, tous à temps complet et répartis dans sept programmes différents. Nos programmes sont en formule coop à l’exception du doctorat. Notre école fonctionne donc 12 mois par année avec un mélange de stages en entreprise et de cours théoriques. De plus, j’ai eu la chance d’arriver tout juste après l’adoption d’un plan d’orientation stratégique par l’institution, plan que je considérais bien correct, et mon rôle consiste à le mener à terme et d’en maximiser le potentiel. Bref, un mandat fort stimulant pour moi dans un environnement qui évolue très rapidement.