Originaire de Longueuil dans la région de la Montérégie, la diplômée Catherine Trudelle a fait le choix de l’UQAR pour ses études au baccalauréat en géographie - environnement marin. Aujourd’hui professeure titulaire de cette discipline à l’UQAM, elle garde un excellent souvenir de son aventure dans le Bas-Saint-Laurent où elle y trouvera un environnement extraordinaire pour les études et l’amour de sa vie!

Rencontre avec une diplômée particulièrement allumée sur les réalités du développement urbain, ses enjeux d’acceptabilité sociale, les conflits urbains et la mobilisation citoyenne face à l’aménagement de leur milieu de vie, qui adore l’enseignement et la recherche.

Pourquoi l’UQAR?

Mon choix d’étudier à l’UQAR arrivait à un moment de ma vie où j’avais le goût de choisir une université qui allait m’offrir un cadre à dimension humaine, avec de plus petites cohortes, loin des grands amphithéâtres bondés d’étudiantes et d’étudiants. L’UQAR m’a plutôt offert une proximité avec des professeurs spécialistes dans leur domaine à l’intérieur de cours où les interactions étaient facilement réalisables et humaines. Nous étions 17 étudiantes et étudiants dans ma cohorte et dès la première semaine, nous avons eu la chance de développer des relations d’amitié qui durent encore aujourd’hui. Nous étions constamment les uns chez les autres, la porte était toujours ouverte. Nous étions un groupe très soudé. L’encadrement à l’UQAR était également exceptionnel et cela est important lorsque tu entreprends des études universitaires. J’y ai vécu de très belles années au point de vue humain, trois années hallucinantes. C’était exactement ce que ça me prenait à ce moment-là de ma vie.

Des gens auront été marquants durant ton passage dans le bas du fleuve?

Parmi quelques-uns, le professeur Bernard Hétu a été une personne marquante pour moi à l’UQAR car, n’étant pas passionnée par la géographie physique  à l’époque et ayant un penchant pour la géographie humaine, celui-ci réussissait à vulgariser des processus physiques et naturels très complexes pour moi. De plus, les sorties sur le terrain en groupe étaient vraiment extraordinaires. Une autre personne marquante durant mon passage à l’UQAR aura été un gars dans ma cohorte que j’ai rencontré à l’UQAR, il y a aujourd’hui 24 ans. Nous avons une fille et sommes établis dans ma région d’origine, la Montérégie. Mon passage à l’UQAR aura été marquant et formateur à plusieurs égards (rires).

La géographie humaine, une véritable passion...

À la suite de mes études au baccalauréat, bien que j’aie apprécié l’enseignement et les connaissances acquises à l’UQAR, j’ai fait des vérifications pour poursuivre à la maîtrise. La personne à l’UQAR qui aurait pu m’encadrer dans un volet orienté vers la géographie humaine ne pouvait pas le faire, et ses orientations de recherche n’étaient pas dans mes cordes. J’aimais la géographie physique, mais je cherchais à poursuivre mes recherches aux cycles supérieurs vers une approche plus humaine de cette discipline. On m’a orienté vers le professeur émérite Paul Villeneuve qui avait une bonne notoriété dans le domaine. Lorsque je suis allée le rencontrer, j’étais lauréate d’une bourse. J’ai alors poursuivi des études à la maîtrise puis au doctorat à l’Université Laval. Cela m’a permis de pousser mes thématiques de recherche beaucoup plus loin avec le professeur Villeneuve au sein du Centre de recherche en Aménagement et Développement de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design de l’Université Laval (le CRAD). Encore aujourd’hui, je suis associée au centre et participe activement à certains projets de recherche comme celui intitulé  : Modélisation et prévision des dynamiques territoriales: partage de connaissances et de savoir-faire pour appuyer les interventions en aménagement du territoire et développement régional.

Je suis une personne qui aime pousser au maximum dans la vie et je voulais poursuivre mes recherches après mon doctorat. J’ai écrit à Susan Olzak, professeur émérite de sociologie, spécialisée dans les conflits armés, la violence ethnique, l’action collective et les mouvements sociaux organisés de l’Université Stanford en Californie. Je lui ai expliqué ma démarche et s’est montrée enchantée qu’une «post-doc» du Québec veuille aller là-bas pour y étudier. J’avais alors obtenu deux bourses pour y aller, soit la bourse du FQRSC ainsi qu’une prestigieuse bourse Fullbright, bourse offerte parmi les meilleurs chercheurs en Amérique.

Un scénario digne d’un film d’action!

Après mon doctorat, je suis partie vers Stanford pour mon post-doctorat alors que j’avais obtenu une chaire de recherche à l’UQAM juste avant ! Mon directeur de thèse me suggérait de prendre un congé de maternité au lieu de partir pour les États-Unis, appuyant sur le fait que mon dossier était très bon et que ça me permettrait d’obtenir une bourse de recherche plus tard. Mais mon idée était faite!

J’ai soutenu ma thèse de doctorat avec un nouveau bébé à l’Université Laval le 25 novembre 2005 et j’ai soumis ma candidature pour obtenir la chaire de recherche du Canada trois jours plus tard, soit le 28 novembre 2005. J’ai été convoquée en entrevue le 3 décembre 2005! Le 20 décembre, mes bourses en poche pour partir, je suis allée faire l’entrevue où on m’a indiqué que j’allais avoir des nouvelles après le temps des Fêtes. Je savais que nous étions une dizaine dans le concours pour cette chaire et je ne me faisais pas d’idées car je n’avais que peu d’expérience à l’époque. Dans ma tête, je n’avais pas beaucoup de chances de l’avoir. Nous sommes finalement partis pour Stanford en famille le 3 janvier 2006, et j’ai reçu l’appel de l’UQAM deux jours plus tard me disant que j’étais convoquée devant l’assemblée départementale. J’étais la seule qui avait été retenue! Je suis donc revenue en courant littéralement pour faire l’entrevue, et cela fût une autre belle aventure, gracieuseté du verglas. L’entrevue s’est bien déroulée, mon histoire a bien fait rire l’auditoire et j’ai obtenu la Chaire de recherche du Canada sur les conflits socioterritoriaux et la gouvernance locale.

Quand je suis retournée en Californie, j’ai travaillé d’arrache-pied sur le développement de mon programme de chaire de recherche et sur mon postdoctorat en même temps. L’horaire était très chargé! Mon conjoint, également diplômé de l’UQAR en géographie, entreprenait de son côté un doctorat au Centre de recherche en Aménagement et Développement de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design de l’Université Laval. Il a donc fait une partie de son doctorat par Skype, cela n’était pas évident pour lui non plus.

Rapidement, nous avons choisi de changer d’endroit afin de demeurer le plus proche possible de l’Université Stanford en louant directement à Palo Alto, une ville de moins de 65000 habitants, qui est la plus riche et la plus chère aux États-Unis. Cela me permettait de me rendre à vélo à l’université, améliorant grandement du même coup notre qualité de vie tout en nous rapprochant à moins de 30 minutes en train de San Francisco!

C’était complètement fou et exigeant comme horaire et heureusement, nous en avons profité pour prendre quelques fins de semaine pour sortir de ce tourbillon en visitant des attraits de la Californie! Avec le recul, je ris de ce passage assez intense de notre vie où nous n’avions pas les moyens d’envoyer notre toute petite fille dans une garderie de Palo Alto en plus de payer le coût prohibitif du loyer! C’est cela l’aventure!

Aujourd’hui, j’enseigne la géographie à l’UQAM où je prends beaucoup de plaisir à discuter avec les étudiantes et les étudiants à une époque où les conflits sociaux sont importants et interpelant pour ces jeunes qui incarnent le Québec de demain.

Tout un parcours! Voilà un véritable exemple d’effort et de persévérance!