Les programmes d’enseignement de l’histoire nationale au secondaire sont couramment au centre de controverses au Québec. Le professeur en sciences de l’éducation de l’UQAR, Olivier Lemieux propose un panorama de la genèse et des legs de ces controverses, depuis la mise sur pied de la commission Parent (1961) jusqu’à la création du comité Beauchemin–Fahmy-Eid (2013).

Publiée aux Presses de l’Université Laval, il s’agit d’une première monographie pour cet auteur ayant pour titre Genèse et legs des controverses liées aux programmes d’histoire du Québec (1961-2013). Politologue de l’éducation, le professeur Lemieux nous explique à travers son ouvrage que si certaines controverses sont provoquées par des confrontations d’idées, notamment sur les plans philosophique, politique, axiologique, identitaire, historiographique, pédagogique et didactique, d’autres sont plutôt au cœur d’intérêts corporatifs et professionnels divergents. Elles révèlent parfois des problèmes d’ordre organisationnel, structurel, professionnel et matériel.

Alors qu’il était encore bachelier en histoire et en sciences politiques, plusieurs de ses professeurs répétaient que l’histoire enseignée dans nos écoles changeait au rythme des partis politiques. « Cette assertion me scandalisait à tout coup », s’exclame le professeur Lemieux. À la dernière année de son baccalauréat, il décide donc de se pencher sur cette question qui lui apparaissait de premier ordre.

« Est-ce que les partis politiques manipulent les jeunes générations en modifiant à outrance les contenus historiques enseignés dans nos écoles? C’est à cette époque que j’ai découvert la richesse intellectuelle de la littérature portant sur l’enseignement de l’histoire du Québec et la controverse entourant le programme Histoire et éducation à la citoyenneté de deuxième cycle. C’est aussi à cette époque que j’avais compris que l’élaboration de programmes prenait forme dans un très long cycle qui dépassait largement les mandats des partis politiques », soutient l’auteur qui a consacré sa thèse de doctorat sur ce sujet.

Ayant mené au cours des dernières années des entrevues approfondies avec des personnes ayant joué un rôle important dans la définition et les réformes des programmes d’histoire pour la période concernée, Olivier Lemieux repose son étude en se penchant sur trois étapes du cycle politique : la consultation, l’élaboration et les réactions entourant les programmes.

Selon son préfacier, l’ancien recteur de l’Université du Québec à Montréal, de 1986 à 1996 et de 2008 à 2013, Claude Corbo, le livre du professeur Lemieux a « le grand mérite de nourrir non seulement la réflexion sur les enjeux pédagogiques et culturels, techniques et professionnels, relatifs à l’enseignement de l’histoire dans le système d’éducation du Québec, mais aussi la réflexion sur les impératifs d’une gouverne proprement démocratique des choix relatifs à cet enseignement nécessaire à toutes les jeunes générations dans toutes les sociétés. »

Olivier Lemieux est professeur en administration et politiques de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski. Titulaire d’un baccalauréat en histoire, profil excellence, et d’une maîtrise en études politiques appliquées de l’Université de Sherbrooke, il a reçu en 2015 la médaille de l’Assemblée nationale du Québec pour son mémoire de maîtrise. Docteur en administration et politiques de l’éducation de l’Université Laval, sa thèse portait sur les sources de controverses entourant l’élaboration des programmes d’histoire nationale au secondaire au Québec, des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.