Diplômée de l’UQAR au baccalauréat en administration, concentration entrepreneuriat, Caroline Gallant est aujourd’hui directrice générale d’Écolivres, une entreprise d’économie sociale bien établie à Lévis. Véritable référence dans la diffusion et la récupération de produits culturels de seconde vie et de saines pratiques environnementales, Écolivres est un tremplin pour les personnes en intégration socioprofessionnelle, qui offre un milieu de travail stimulant.

Une belle histoire de courage et de détermination qui fait prendre conscience que les passages plus difficiles de la vie ne doivent pas nous empêcher de rêver à des jours meilleurs et de réaliser de grandes choses.

Parlez-nous de votre parcours...

Pour être honnête avec vous, j’ai eu un parcours plutôt atypique. En effet, à l’âge de 28 ans, alors que j’étais maman monoparentale de trois enfants, j’ai décidé de revenir sur les bancs de l’école. Je n’avais pas terminé mon DES de façon conventionnelle, je l’avais terminé par des cours à distance et grâce à des expériences de travail significatives. Je suis entrée à l’UQAR, campus de Lévis, en 2006. C’est vrai, je n’avais pas les meilleures notes dans mes groupes, mais j’ai travaillé fort, j’ai repris des cours... et j’y suis arrivée, je suis une battante!

À ma sortie de l’UQAR, j’avais commencé à travailler dans un forum jeunesse où j’accompagnais les OBNL de la région de Chaudière-Appalaches dans le dépôt des projets auprès de notre organisation. Une belle occasion au cours de laquelle j’ai pu mettre à profit tous mes apprentissages (plan d’action, plan d’affaires, plan marketing, gestion de mobilisation et de ressources humaines, etc.). J’y ai travaillé près de sept ans, pour ensuite accepter la direction générale d’une entreprise d’économie sociale à Lévis, Écolivres.

Qu’est-ce qu’Écolivres?

C’est une bien belle entreprise qui est en forte croissance depuis 2018! Sa principale mission est la réinsertion socioprofessionnelle. En effet, les employé.e.s, bénévoles et stagiaires y acquièrent tous des compétences d’employabilité par la vente de livres usagés, puisque les défis personnels (santé mentale, déficience intellectuelle ou physique, alcoolisme ou toxicomanie, ou encore une séparation difficile) viennent parfois bloquer leurs acquis sur le marché du travail. Inutile de mentionner que nous avons grandement ressenti les impacts de la COVID-19 auprès de nos employées et employés, et auprès de la clientèle. Nous devions gérer les nouvelles mesures sanitaires dans nos commerces comme l’achalandage. Heureusement, des bénévoles nouvellement retraité.e.s sont venus donner un coup de pouce.

Nous sommes reconnus dans la grande région de Québec/Chaudière-Appalaches avec plus de 18 000 clients franchissant nos portes chaque mois. Nous maintenons un chiffre d’affaires de près de 800 000 $ annuellement avec des prix moyens de 2,87 $ pour tous produits culturels confondus! Nous recevons plus de 1 000 kg/jour en dons des gens de la région! Plus de10 000 livres par semaine! Et nous vendons près de 5 000 kg/semaine dans nos deux succursales.

À la différence d’un grand libraire qui va faire entrer plusieurs exemplaires d’un même livre dans ses inventaires, de notre côté c’est plusieurs milliers de livres uniques par semaine que nous avons à traiter. Ça prend beaucoup de main-d’oeuvre pour nous aider, faire le tri des dons reçus et le recyclage, en plus de gérer l’achalandage très important dans nos deux succursales.

Est-ce que votre expérience et vos connaissances acquises à l’UQAR ont été bénéfiques?

Et comment! J’y ai développé plusieurs projets qui sont fructueux : la croissance de notre deuxième succursale, ouverte en mars 2018, l’ouverture d’un magasin troisième chance (concept kilo-vrac de la dernière chance avant démantèlement), l’ouverture d’un centre de démantèlement et de revente aux recycleurs, la mise en place d’un système de vente à distance qui nous amène à la mise en vente transactionnelle sur le Web partout au Canada. Nous livrons jusqu’en Colombie-Britannique actuellement!

Les prochains projets sont la numérisation d’un inventaire en temps réel, la mise en place d’un système CRM sur Cloud de nos 6 000 membres et un point de vente Cloud permettant à nos deux succursales d’atteindre un niveau de développement de mini-succursales partout au Québec.

Quel bilan faites-vous de votre parcours?

Je suis fière du cheminement atypique que j’ai parcouru! Il m’a menée vers des compétences et un bagage dont peu de gens bénéficient, comme la persévérance et la capacité de se relever rapidement! Je suis maintenant jeune grand-maman de deux petites-filles, maman de quatre enfants âgés entre 11 ans et 25 ans, et je suis une directrice générale de feu qui sait mobiliser ses équipes (25 employé.e.s rémunéré.e.s, 30 bénévoles,10 stagiaires), qui travaille dans l’entrepreneuriat, dans le social, dans l’environnement, dans la littérature! Nous avons même de nouveaux retraité.e.s comme bénévoles depuis la pandémie et cela est grandement apprécié.

Voilà une belle histoire qui démontre avec éloquence que les difficultés académiques valent la peine d’être surmontées pour concrétiser ses ambitions. Nous pouvons faire de grandes choses avec courage, détermination et conviction!

Bravo pour ce parcours très inspirant!