Le camp du Cap-à-l’Orignal a marqué des générations de jeunes. Dans le cadre de sa maîtrise en histoire, Gaëlle Tremblay se penche sur l’expérience vécue par les campeuses et les campeurs dans cette colonie de vacances fondée par l’abbé Louis-Georges Lamontagne à la fin des années 1940.

Situé dans ce qui est aujourd'hui le parc national du Bic, le camp du Cap-à-l’Orignal a accueilli des jeunes de 7 à 14 ans de 1947 à 2012. Pendant leur séjour estival, ils avaient l’occasion de pratiquer diverses activités en plein air, comme le canot, le camping et la découverte de la flore, dans un territoire réputé pour ses montagnes, ses baies et ses îles.

Originaire de Laval, Gaëlle Tremblay a choisi de consacrer sa maîtrise en histoire à ce camp de vacances. « Je voulais travailler sur un sujet important pour la communauté locale et, après un cours d’histoire orale où l’on devait faire des entrevues avec des témoins, je me suis rendue compte que le camp de vacances du Cap-à-l’Orignal avait marqué des milliers de jeunes au cours de son histoire et que même une fois adultes, les gens en parlent encore avec émotion. »

L’archéologie du passé récent et l’archéologie de l’enfance seront au centre du projet de recherche de Gaëlle Tremblay. « Les enfants sont généralement oubliés dans les recherches en histoire ou en archéologie », observe l’étudiante qui est dirigée par le professeur en histoire Nicolas Beaudry et la professeure en géographie Manon Savard. « L’analyse des restes matériels d’un camp de vacances, et donc un territoire fréquenté principalement par des jeunes, permet d’avoir une fenêtre sur leur occupation sans nécessairement qu’elle soit diluée dans l’occupation adulte. Et pour le passé récent, que l’on peut situer après 1950, il reste encore du travail à faire pour adapter les méthodes aux réalités de cet espace-temps. L’archéologie permet de redonner une voix à des enfants qui sont aujourd'hui devenus des adultes. »

L’édition 2022 de l'École de fouilles archéologiques tenue sur le site du camp du Cap-à-l’Orignal a nourri le projet de maîtrise de la chercheuse. « Au camp de vacances, il y avait beaucoup de ketchup! Après la fouille, j'ai pu identifier de nombreuses bouteilles de ketchup, de boissons gazeuses et une d’huile de foie de morue provenant d'un dépotoir datant d’une saison autour de 1958. Ce dépotoir nous a aussi appris que la vaisselle de table utilisée était d’un type très résistant pour être utilisée et réutilisée plusieurs saisons et qu'elle était faite solide. »

Avant d’étudier en histoire, Gaëlle Tremblay a réalisé un baccalauréat en anthropologie de l’Université de Montréal. « J’ai d’abord choisi l’anthropologie puisque c’est une discipline qui fait le pont entre les sciences humaines et naturelles, et ensuite l’archéologie pour mieux comprendre l’humain dans son environnement et voir comment il vivait dans le passé. Ce que j’aime par-dessus tout dans cette discipline, c’est qu'elle combine le travail sur le terrain et en laboratoire », explique l’étudiante qui a entrepris sa maîtrise à l’automne 2020.

Pendant ses études, Mme Tremblay a l’occasion de travailler au Laboratoire d’archéologie et de patrimoine de l’UQAR. « Cela qui me permet de toucher à toutes les étapes du processus archéologique, des recherches préalables et de la fouille jusqu’au travail de laboratoire et à la diffusion des résultats, ce qui implique une variété de tâches de toutes sortes », observe-t-elle. « La taille de l’UQAR permet par ailleurs d’avoir un accès privilégié à toutes sortes de ressources qu'il ne serait pas aussi facile d’obtenir dans une plus grande université. La taille des groupes permet aussi d’avoir une relation particulière avec le personnel et un encadrement plus rapproché et cela permet une expérience enrichissante. L’échelle humaine de l’UQAR fait en sorte que tout le monde peut s’y sentir bienvenu. »

Après sa maîtrise en histoire, Gaëlle Tremblay souhaite faire carrière dans le domaine de l’archéologie. « J’aimerais travailler comme archéologue et, éventuellement, peut-être pour un parc de la SÉPAQ en archéologie historique. Et qui sait, peut-être qu’un jour je lancerai ma propre firme d’archéologie dans la région car pour l’instant, il n’y en a aucune basée au Bas-Saint-Laurent ou en Gaspésie. »