Le domaine maritime joue un rôle clé dans la lutte aux changements climatiques. Étudiant à la maîtrise en gestion des ressources maritimes, Moudjahid Akorédé Wabi a eu l’occasion d’en discuter lors de la COP28. Le Béninois y a représenté son pays au sein de l’Alliance Ouest Africaine pour les marchés carbone et la finance climat.

Originaire de Porto-Novo, au Bénin, M. Wabi a entrepris sa maîtrise l’automne dernier. « J’ai toujours envisagé d’élargir mes connaissances sur un sujet de recherche sur les potentiels liens entre les changements climatiques et la durabilité du secteur maritime », mentionne l’étudiant qui est titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome de l’Université d’Abomey-Calavi. « Après plusieurs recherches sur les possibilités d’études dans le secteur maritime, je me suis tourné vers l’UQAR pour sa réputation internationale dans ce secteur et son environnement multiculturel stimulant. »

C’est dans cette optique que Moudjahid Akorédé Wabi a choisi d’étudier à la maîtrise en gestion des ressources maritimes en vue de contribuer au développement d’un secteur maritime sobre en carbone et à la mise en œuvre d’activités portuaires favorisant l’économie bleue. « Le secteur maritime joue un rôle important pour le commerce international et la distribution des biens et services à travers le monde. C’est également un secteur largement dominé par l’utilisation des énergies fossiles, sources des émissions des gaz à effet de serre. La décarbonation du secteur maritime est un sujet essentiel qui mérite d’être investigué afin de gérer de manière durable les ressources maritimes pour assurer leur préservation à long terme tout en répondant aux besoins actuels et futurs de la société. »

Du 30 novembre au 13 décembre 2023, M. Wabi était à Dubaï afin de participer à la COP28.  Cumulant une dizaine d’années d’expérience comme négociateur sénior sur les questions touchant aux changements climatiques, il a été désigné coordonnateur du groupe thématique sur les mécanismes de marchés carbone du Bénin de même qu’au sein de l’Alliance Ouest Africaine pour les marchés carbone et la finance climat. « À ce titre, j’ai contribué aux négociations et à la rédaction des propositions de décisions dans la mise en œuvre des mécanismes de marché de l’article 6 de l’Accord de Paris depuis la COP de Fidji. Cela a permis d’accroître l’éligibilité des projets inscrits par le Bénin et par d’autres pays africains au mécanisme des marchés carbones. J’ai pu rencontrer de nombreux partenaires pour la mise en œuvre des mécanismes de l’article 6 au Bénin. Cette COP28 m’a également permis d’échanger avec plusieurs institutions, notamment la Banque Mondiale sur les perspectives de l’économie bleue en Afrique. Ce fut une nouvelle expérience très enrichissante et excitante pour moi. »

Selon le candidat à la maîtrise en gestion des ressources maritimes, les rencontres internationales comme les COP demeurent essentielles pour établir des mesures pour atténuer les changements climatiques et s’adapter à leurs impacts. « C’est un moment crucial et très important pour discuter et prendre de grandes décisions sur de nombreux enjeux et/ou questions de développement durable, notamment dans les secteurs de l’adaptation, des finances, des pertes et préjudices, de l’atténuation, du transfert des technologies, du renforcement des capacités, du bilan mondial, de la transparence, de la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) et des mécanismes de marchés fondés par l’article 6 de l’Accord de Paris. »

M. Wabi émet toutefois un bémol quant aux résultats des discussions sur l’article 6 lors de la COP28. « Du fait des divergences entre les pays, aucune décision n’a été prise au titre des directives concernant les démarches concertées visées au paragraphe 2 de l’article 6 et sur les règles, modalités et procédures applicables au mécanisme créés en vertu du paragraphe 4 de l’article 6 de l’Accord de Paris. Ceci implique que la gouvernance de 6.4 ne pourra être fonctionnelle qu’après une éventuelle décision à la prochaine COP29. Par ailleurs, la non effectivité de cette gouvernance implique le blocage de l’opérationnalisation du 6.4, de même que l’assurance de la transparence des mécanismes. Autant d’enjeux qui pourraient entraver la mise en œuvre des mécanismes des marchés carbones dans les pays en voie de développement. Ce qui pourrait retarder l’effectivité de la mise en œuvre des CDN au titre des objectifs de l’Accord de Paris. »

La maîtrise en gestion des ressources maritimes vise la formation de gestionnaires en mesure d’utiliser des méthodes, des outils et des techniques pour contribuer efficacement à la prise de décision dans le secteur maritime. Il s’agit d’une formation qui amène les étudiantes et les étudiants à développer une vision globale, pluridisciplinaire et intégrée du domaine maritime. « La réussite de cette formation va m’ouvrir plusieurs avenues professionnelles. Elle pourrait s’avérer un tremplin pour ma carrière afin d’occuper de hautes fonctions dans l’administration publique des pays en voie de développement ou dans les institutions internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ou encore pour poursuivre mes études au doctorat », conclut M. Wabi.