Dans le cadre de sa maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Marie-Ève Bélanger s’intéresse au phénomène de rétention de la main-d'œuvre. Cette recherche cible les nouveaux diplômés en sciences et technologies embauchés dans les entreprises du Bas-Saint-Laurent.

Sa directrice de mémoire, la professeure Catherine Beaudry, est une spécialiste de l’organisation du travail en équipe de projet. Selon elle, l’organisation du travail constitue un aspect qui a été très peu étudié en tant que facteur de rétention des travailleurs qualifiés. En effet, l’équipe de projet constitue un modèle d’organisation bien particulier à cet égard. L’équipe de projet est formée pour réaliser un projet déterminé selon un certain nombre de critères (de temps, de coût et de qualité). Aussi, elle est constituée de plusieurs employés spécialisés qui sont libérés à la fin du projet.

« Je m’intéresse notamment à la capacité de rétention des entreprises qui fonctionnent avec ce type d’organisation du travail, explique Marie-Ève. Dans le volet qualitatif de ma recherche, j’ai mesuré à l’aide de questionnaires l’engagement affectif des travailleurs envers leur entreprise. Un tel engagement affectif explique en partie pourquoi le personnel demeure à l’emploi d’une organisation. Cet aspect ne se limite pas aux salaires ou aux conditions de travail. C’est davantage le sentiment que l’équipe de projet est comme une famille et que changer d’emploi serait une forme une trahison envers ses collègues. »

Même si la recherche est toujours en cours et qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions formelles, certains constats ressortent déjà clairement. En effet, dans les entreprises bas-laurentiennes visitées, la forte pénurie de main-d'œuvre spécialisée fait en sorte que les employeurs ont tendance à embaucher à long terme leur personnel et, une fois le projet terminé, à l’affecter temporairement à des opérations courantes de l’entreprise. En affectant ces ressources à d’autres tâches, les employeurs évitent d’être en pénurie de personnel compétent pour les projets suivants.

« Concrètement, pour les entreprises qui participent à l’étude, notre recherche se veut un diagnostic de la situation de l’entreprise, souligne l’étudiante. En déterminant les causes des problèmes de rétention de la main-d’œuvre, les employeurs pourront mettre en place les bonnes stratégies de rétention. Par exemple, si à la fin de notre étude, on constate que le degré d’attachement affectif envers l’entreprise fait défaut, l’employeur pourra favoriser cet aspect en mettant en œuvre des processus de mobilisation ou de consolidation d’équipe », précise-t-elle.

Marie-Éve Bélanger réalise ce travail de recherche dans le cadre de la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail. Cette formation, unique au Québec, met en place l’idée d’avant-garde d’une gestion des personnes au sein de l’organisation. Consolider les besoins de l’entreprise avec ceux de l’employé pour être géré est un processus plus complexe qu’une simple gestion d’une ressource de l’entreprise comme une autre.

Avec sa formation de premier cycle en relations industrielles, Marie-Ève est venue chercher à l’UQAR une plus grande compréhension de la réalité régionale. « Cette connaissance plus approfondie de la situation propre aux entreprises de la région en ce qui a trait aux phénomènes d’attraction et de rétention du personnel me prépare à mieux affronter les défis sur le marché du travail dans mon domaine », conclut-elle.