Alice Charbonneau est étudiante à la maîtrise en développement régional et territorial.

Les communautés côtières des quatre coins du globe subissent les aléas liés aux changements climatiques, comme la submersion et l’érosion. Dans le cadre de sa maîtrise en développement régional et territorial, Alice Charbonneau s’intéresse aux stratégies déployées par des communautés de la France et du Québec et leurs gouvernances locales pour s’y adapter.

La maîtrise de l’étudiante de l’UQAR s’inscrit dans le cadre du projet « Co-construction de scénarios d’adaptation des territoires maritimes aux risques côtiers dans un contexte de changements climatiques en France et au Québec (ARICO). » Ce projet est dirigé par le professeur Guillaume Marie, de l’UQAR, et Catherine Meur-Ferec, de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO). Les communautés de la Matanie, au Bas-Saint-Laurent, et du Pays Bigouden Sud, en Bretagne, sont ciblées par le projet.

« Dans le cadre de ma maîtrise, je cherche à comprendre d’une part comment les communautés côtières construisent leur adaptation, et d’autre part, à définir la place du changement dans les processus décisionnels de gouvernance des acteurs locaux qui implantent des programmes pour s’adapter. Ma recherche vise à allier adaptation, gouvernance locale et changement », explique Mme Charbonneau.

La chercheuse en développement régional et territorial a tenu un premier forum ouvert, le 12 mars dernier, avec des citoyennes et des citoyens du Pays Bigouden Sud. Un second forum aura lieu à Sainte-Félicité le 28 mai. Des entretiens semi-dirigés figurent aussi dans le projet de maîtrise de Mme Charboneau. « Les résultats de ma maîtrise contribueront à la coconstruction de scénarios d’adaptation ancrés dans la réalité des milieux », précise-t-elle.

Dirigée par le professeur Steve Plante et codirigée par le professeur Philippe Deboudt, directeur du Laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société à l’Université de Lille, Alice Charbonneau s’est intéressée à l’adaptation des communautés côtières en raison des nombreux défis qui s’y rattachent. « Des recherches ont bien identifié les conditions favorables à celle-ci, incluant entre autres les notions de temps, le travail intersectoriel et multiscalaire, le système socioécologique et la flexibilité. En bref, l’adaptation est un changement en réponse au changement. Malgré le consensus sur la nécessité d’adopter une réponse collective, réactive et proactive, les décisions prises à toutes les échelles reflètent un changement marginal. À travers mon projet de maîtrise, je m’intéresse plus spécifiquement aux théories du changement qui tentent de comprendre quel changement s’opère, comment et pourquoi. »

De gauche à droite : Joachim Houbib, chargé de mission réduction de la vulnérabilité pour la Communauté de Commune du Pays Bigouden Sud, Christelle Audouit, ingénieure de recherche à l'Université de Lille, Manuelle Philippe, ingénieure d’étude à l’Université de Bretagne Occidentale, Alice Charbonneau, Frédérique Alban, enseignante chercheure en économie à l'Université de Bretagne Occidentale, Caroline Rufin-Soler, enseignante-chercheure en géographie à l’Université du Littoral de la Côte d’Opal, Hervé Flanquart, professeur de sociologie à l’Université du Littoral de la Côte d’Opal, Philippe Deboudt, professeur de géographie à l’Université de Lille, et Gilles Mercier, élu de Penmarc’h délégué à l’environnement, lors du forum du 12 mars. De gauche à droite : Joachim Houbib, chargé de mission réduction de la vulnérabilité pour la Communauté de Commune du Pays Bigouden Sud, Christelle Audouit, ingénieure de recherche à l'Université de Lille, Manuelle Philippe, ingénieure d’étude à l’Université de Bretagne Occidentale, Alice Charbonneau, Frédérique Alban, enseignante chercheure en économie à l'Université de Bretagne Occidentale, Caroline Rufin-Soler, enseignante-chercheure en géographie à l’Université du Littoral de la Côte d’Opal, Hervé Flanquart, professeur de sociologie à l’Université du Littoral de la Côte d’Opal, Philippe Deboudt, professeur de géographie à l’Université de Lille, et Gilles Mercier, élu de Penmarc’h délégué à l’environnement, lors du forum du 12 mars. Le projet de recherche d’Alice Charbonneau a déjà eu des échos dans l’Hexagone. Le quotidien Le Télégramme a parlé du forum ouvert du 12 mars dans son édition du 25 janvier dernier. « Pour la tenue du forum ouvert, j’ai travaillé en collaboration avec la commune de Penmarc’h (équivalent d’une municipalité) et la Communauté de Commune du Pays Bigouden Sud (équivalent d’une MRC). Beaucoup d’acteurs locaux y sont donc impliqués. L’annonce de l’évènement a mené la presse locale à s’y intéresser. Le forum ouvert est un outil de gouvernance participative encore peu utilisé en France et les acteurs locaux ont accepté avec beaucoup d’ouverture d’esprit de mener cette aventure avec moi. »

Originaire de Montréal, Alice Charbonneau a entrepris sa maîtrise en développement régional et territorial à l’automne 2020. « Ce qui m’attire dans mon domaine d’études est la diversité des disciplines que l’on peut y trouver, comme l’histoire, l’économie, la géographie, les communications ou les arts visuels, et l’approche territoriale. L’approche territoriale du programme donne un angle unique sur la façon dont l’humain évolue dans et avec son environnement. Pour me pencher sur la question de l’adaptation aux changements climatiques, je sentais le besoin de me rapprocher de la nature en déménageant en région et j’ai vu que des professeurs de l’Université traitaient des questions qui m’intéressaient », mentionne Mme Charbonneau, qui est titulaire d’un baccalauréat en histoire de l’Université Concordia.

Impliquée dans la bibliothèque féministe l’Ananas, Mme Charbonneau a un projet qui lui tient particulièrement à cœur après ses études à l’UQAR. « Sur le plan personnel, j’aimerais aménager une forêt nourricière adaptée à notre climat dans le Bas-Saint-Laurent. Ce serait une façon de contribuer au courant de la permaculture pour développer une façon durable de nous alimenter tout permettant à la nature d’en profiter. Pour ce qui est du plan professionnel, ce n’est pas clair comment les choses vont se dessiner, mais j’aimerais enseigner et continuer à apprendre sur l’adaptation aux changements climatiques et sur le changement. J’aimerais aussi mener des projets communautaires à petite échelle pour faire partie du changement », conclut-elle.