Bachelière en sciences infirmières, Malika Degrâce-Roy a décidé de poursuivre ses études à la maîtrise afin de se pencher sur l’expérience de soins de la communauté LGBTQ+ en Afrique centrale. Un projet de recherche à saveur internationale qui s’intéresse à un enjeu de société qui ne connaît pas de frontière.

Étant elle-même touchée par les questions liées à la diversité sexuelle et de genre, Malika Degrâce-Roy a été amenée à s’interroger sur les réalités de la communauté LGBTQ+ lors de stages effectués en Afrique lors de sa technique en soins infirmiers réalisée au Cégep de Rimouski et de son baccalauréat en sciences infirmières à l’UQAR. « Au cours de mes deux séjours, j’ai expérimenté le fait de devoir rester dans le placard et donc de mentir sur ma situation au Canada par sécurité, mais également par préoccupation des mœurs locales. Je me suis demandé comment pouvait se dérouler l’expérience de soins de ma communauté dans des pays où les réalités sont si différentes. » 

C’est en août 2020 que l’infirmière a entrepris sa maîtrise sous la direction du professeur Dave Bergeron et la codirection de la professeure Lynda Rey, de l’ENAP. En raison de sa perspective occidentale, Mme Degrâce-Roy s’est longuement questionnée quant à la légitimité de son projet de recherche, souligne-t-elle. « Tout en souhaitant donner une voix à ces communautés, je ne voulais ni parler à leur place, ni non plus les mettre en situation de plus grande vulnérabilité. Ces réflexions éthiques m’ont permis de mettre en place plusieurs mesures afin de protéger plus particulièrement la confidentialité des participantes et des participants. Par ailleurs, il est également devenu important pour moi d’adopter une approche décolonisatrice et d’impliquer ces personnes à plusieurs étapes de la recherche afin de réduire mes possibles biais culturels occidentaux. À présent, ma collecte de données vient de se terminer en Afrique centrale et j’en suis à l’étape de la retranscription et de l’analyse des données. » 

Même si tout le travail d’analyse n’est pas terminé, l’étudiante-chercheuse en sciences infirmières a déjà dressé certains constats à la suite de ses entrevues avec des personnes de la communauté LGBTQ+, de personnes soignantes et de travailleuses et travailleurs communautaires. « Bien qu’il existe encore des tabous en lien avec l’identité LGBTQ+, une certaine stigmatisation et discrimination sociale, j’ai eu la chance d’observer également des pistes de solution intéressantes qui viennent du milieu. J’ai également constaté l’émergence d’une organisation communautaire militante et engagée qui donne particulièrement espoir en l’avenir », indique Mme Degrâce-Roy.

L’étudiante à la maîtrise en sciences infirmières souhaite que son projet de recherche permette d’identifier des approches pour faciliter l’intégration de la communauté LGBTQ+ et développer des interventions mieux adaptées. « J’aimerais éventuellement travailler sur un outil de transferts de connaissances afin d’offrir des outils argumentaires au soutien des luttes et plaidoyers de la communauté. Je souhaite aussi montrer l’importance de soutenir financièrement la recherche auprès de ces communautés et développer des lignes directrices éthiques en recherche auprès des communautés hautement vulnérables. » 

Originaire de Pointe-à-la-Croix, dans la Baie-des-Chaleurs, Malika Degrâce-Roy a opté pour une carrière d’infirmière en raison de l’étendue des possibilités qu’offre cette profession. Pendant son baccalauréat, elle s’est impliquée au sein du comité féministe de l’UQAR et du comité ID-Est (Identité de genre et diversité sexuel dans l’Est-du-Québec). Elle s’est d’ailleurs investie dans la planification de la Semaine de célébration de la diversité sexuelle et de la pluralité de genres. L’étudiante en sciences infirmières donne aussi de son temps à l’intégration des nouvelles étudiantes et des nouveaux étudiants venant de l’étranger dans le cadre du programme de jumelage de l’Université.

En plus de ses études à la maîtrise, Malika Degrâce-Roy occupe un poste d’infirmière clinicienne en psychiatrie à l’Hôpital régional de Rimouski. « Le fait de travailler en même temps que mes études me demande de la rigueur dans la gestion de mon temps, de l’organisation et de la motivation », observe-t-elle. « Mon poste en milieu clinique m’a beaucoup aidé dans le développement de mes capacités relationnelles, dans l’établissement de la relation thérapeutique avec le patient, dans l’écoute, le non-jugement, dans le soutien et la défense des droits des patients. Capacités qui m’ont été particulièrement utiles dans mon projet de recherche lors des processus d’entrevues », conclut l’étudiante-chercheuse qui envisage sérieusement de poursuivre ses études au 3e cycle.